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Chapitre 1. L'illusion d'un oui

Je suis Clémentine, je n'ai que vingt-deux ans. Une jeunesse pleine d’ambitions, un avenir que je voulais construire avec patience. Je suis licenciée en mathématiques, et mes rêves allaient bien au-delà du mariage précipité que René voulait m'imposer.

René, mon fiancé, un homme charismatique de vingt-huit ans, issu d’une famille respectée, m’aimait d’un amour pressant. Trop pressant. Il ne comprenait pas mon besoin de temps, de stabilité, de certitude. Il voulait m’avoir déjà à ses côtés, être sûr que je sois sienne, et pour lui, l’attente n’était qu’une épreuve inutile.

— Clémentine, je t’aime, mais je ne peux plus attendre. Soit nous nous marions maintenant, soit nous mettons un terme à ces fiançailles, m’avait-il déclaré, son regard brûlant de frustration.

Je l’aimais aussi, bien sûr. Mais était-ce suffisant pour se jeter dans un engagement aussi sérieux sans prendre le temps de réfléchir ?

Le mariage fut fixé à la hâte. Une cérémonie modeste mais soignée, un événement qui aurait dû être le début de notre bonheur. Pourtant, au fond de moi, un malaise sourd s’installait. Et cette nuit-là, la nuit qui aurait dû sceller notre union, allait tout faire basculer...

J'étais côtoyée par plusieurs hommes, d'âges, de niveaux d'études et de rangs sociaux différents. Une longue liste. Certains étaient des intellectuels aux discours raffinés, d’autres des hommes d’affaires sûrs d’eux, d’autres encore de simples rêveurs qui espéraient bâtir un avenir sur des promesses floues. Mais avec aucun d'eux, je n'avais vécu plus d'une année.

Le problème, c’était toujours le même : ils finissaient tous par me proposer le sexe avant le mariage. Une chose qui ne me convenait pas. J’avais mes principes, une éducation stricte, une conviction intime que l’amour véritable ne devait pas se soumettre à la précipitation des désirs charnels. À chaque fois que je disais non, que je posais mes limites, leur attitude changeait. D’abord la patience, ensuite la frustration, et enfin l’éloignement.

Je me souvenais encore de Joseph, ce brillant médecin qui parlait d’avenir avec moi comme s’il écrivait un roman d’amour. Il me disait que j’étais la femme idéale, que nous étions faits l’un pour l’autre. Puis, un soir, au détour d’une conversation banale, il me fit cette proposition :

— Clémentine, pourquoi attendre ? Nous sommes adultes, responsables. Le mariage, ce n’est qu’une formalité…

J’avais souri tristement, car je savais déjà ce qui allait suivre. Comme les autres, il ne comprendrait pas. Comme les autres, il s’éloignerait.

Et c’était toujours la même chose. Des mois d’affection, d’espoir, et puis cette demande inévitable, suivie d’une déception. À force, je commençais à croire que je finirais seule.

Puis René était, enfin, arrivé. Différent, du moins en apparence. Il respectait mes choix, ne m’avait jamais forcée à quoi que ce soit. Il m’avait demandée en mariage rapidement, et cela m’avait rassurée. Enfin, un homme prêt à s’engager sérieusement sans me mettre devant ce dilemme.

Mais à présent, il me mettait une autre pression : celle du mariage immédiat.

— Clémentine, je ne veux plus attendre. Je t’aime, mais si tu n’es pas prête à être ma femme maintenant, je ne peux pas continuer.

Était-ce si différent, après tout ? Certes, il ne me demandait pas de coucher avec lui hors mariage, mais il voulait que je scelle mon destin à lui sans me laisser le temps d’être prête. Je n’avais plus qu’une alternative : céder à cette pression ou risquer de tout perdre.

Le mariage fut fixé en urgence. La famille, surprise, ne posa pas trop de questions, car après tout, c'était une union légitime. Mais moi, dans mon cœur, je sentais un malaise. Quelque chose clochait. Peut-être que je n’étais pas prête. Peut-être que René n’était pas l’homme que je croyais. Peut-être que cette nuit de noces allait révéler ce que j'avais refusé de voir.

Et effectivement, cette nuit-là, tout bascula…

* * *

Joseph était un homme charmant, un brillant médecin dont la réputation le précédait. Quand nous avions commencé notre relation, je m’étais laissée séduire par son intelligence, sa douceur et la manière dont il me parlait de l’avenir. Avec lui, tout semblait bien aligné. Il ne précipitait rien, prenait le temps de construire, de me rassurer. Contrairement aux autres hommes que j’avais fréquentés, il ne m’avait jamais donné l’impression qu’il était pressé par des désirs incontrôlés. Je croyais sincèrement que cette fois, c’était différent.

Un jour, alors que nous étions en couple depuis plusieurs mois, Joseph me proposa de le retrouver chez lui, dans son appartement. Je fus surprise par cette invitation. Jusqu’ici, nous nous étions toujours vus dans des lieux publics : restaurants, jardins, promenades en ville. Il n’avait jamais insisté pour un rendez-vous en privé, et cela me convenait parfaitement. Mais cette fois-ci, il fut plus insistant.

— Clémentine, c’est important pour moi. Ce ne sera qu’un moment entre nous, pour discuter tranquillement, sans le bruit du monde extérieur. Tu peux me faire confiance.

Je fus hésitante. Ce n’était pas dans mes habitudes d’aller retrouver un homme chez lui. J’avais toujours évité ces situations, sachant à quel point elles pouvaient être ambiguës. Mais Joseph était différent, du moins je le croyais. Il savait ce que je pensais de ce genre de rencontres. S’il insistait, c’était certainement pour une bonne raison. Après plusieurs jours d’hésitation, je finis par accepter, bien que ce soit contre ma propre volonté.

Le jour du rendez-vous, je me préparai avec soin, enfilant une robe sobre mais élégante, veillant à ne pas envoyer un message que je ne voulais pas donner. Mon cœur battait un peu plus vite que d’ordinaire lorsque j’arrivai devant son immeuble. Une résidence moderne, bien entretenue, à son image. Je montai lentement les escaliers, retenant un soupir, et frappai à sa porte.

Il m’ouvrit presque aussitôt, un large sourire sur le visage, comme s’il était soulagé que je sois venue.

— Clémentine, bienvenue ! Entre, fais comme chez toi.

Il me conduisit dans son salon, un espace raffiné, décoré avec goût. Un canapé en cuir noir, une bibliothèque bien garnie, un bureau impeccablement rangé. L’odeur du café flottait dans l’air, et une douce musique instrumentale jouait en fond. Tout était soigneusement mis en place pour créer une atmosphère accueillante.

Je m’installai sur le canapé pendant qu’il me servait un verre de jus d’orange. Il s’assit en face de moi, détendu, et nous engageâmes une conversation légère. Nous parlâmes de nos journées respectives, de son travail à l’hôpital, de mes projets après l’obtention de mon diplôme en mathématiques. Il me regardait avec admiration, comme toujours, et cela me fit un instant oublier mon malaise.

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