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Lundi j'étais donc parée, le travail commençait à 8h. Je voulais être toute fraîche pour ma première journée de boulot. Quand j'arrivai dans les locaux je me mis à nouveau à appréhender de voir Charms, mais j'allais rester forte.
Un bref bonjour à Isabelle qui m’a dit d’aller directement à mon bureau que monsieur a voyagé pour quelques temps. Ah? Il n'est donc pas là. Cette nouvelle aurait dû me réjouir mais bizarrement j'eus un petit pincement au cœur.
J'étais déçue de ne pas le voir je n'arrivais pas à le nier mais ce n’est pas grave parce que je prenais çà comme un signe divin, un signe pour que je comprenne que cet homme devait sortir de ma tête.
Je m'installai donc sur mon bureau dans les locaux avec les autres.
J’étais la nouvelle donc j'étais l'attraction ce jour là. Certes mes nouveaux collègues me briefèrent sur ce en quoi allait consister le boulot mais on passa surtout la journée à se présenter et parler de nous. J'étais vraiment à l’aise avec eux, dans les bureaux, on avait même une cantine. Je sentais que j'allais aimer ce boulot.
Le soir à la maison Brice me posa plein de questions sur ma 1ère journée. Je la lui racontai il était content pour moi. Les jours suivants au boulot furent un peu différents. J’étais chargée, il fallait organiser des castings, des shootings photos, proposer des idées pour la campagne, des thèmes, bref c'était assez passionnant. Les histoires du Messager Justomer Djidago. La semaine passa donc très vite et je me rendis compte que je n'avais même pas pensé à Charms juste quand je passe devant son bureau. Je n’avais pas le temps de penser à autre chose. Même Rolande et moi ne nous sommes vues qu'un seul jour la semaine là.
Tout allait donc pour le mieux pour moi, jusqu'au mercredi de ma 2ème semaine de boulot. Quand je suis arrivée ce matin, Isabelle m’a dit que monsieur est là et il veut me parler. J'étais déjà sereine, je n'ai plus de faible pour lui, çà m'est passé, je l’ai oublié. Je cogne à la porte du bureau de Charms et j'entre.
Moi : Bonjour monsieur.
Oui j'ai dit monsieur, il est le patron je suis l'employée. Il m'observa une minute et me fit signe de m’asseoir.
Charms: Bonjour Sandrine. Je m'étais absenté pour une semaine pour régler une affaire à l'étranger. Ta 1ère semaine s'est bien passée?
Moi : Oui très bien merci monsieur. J'ai commencé à m'imprégner du boulot et pour le moment tout se passe bien.
C'était très bizarre de l'appeler monsieur mais c'est moi qui avais cherché non? Mais j'étais quand même surprise qu'il ne me demande pas de l'appeler par son prénom. Mais bon c'était normal tout le monde l'appelait monsieur je ne voulais pas faire l'exception. Je l'observais discrètement, il avait l'air très sérieux, comme le 1er jour que je l'ai revu.
Charms: Nous tenons une réunion en principe tous les lundi 9h pour faire le point sur les projets en cours, et les projets futurs, elle aura lieu demain matin exceptionnellement. Encore bienvenue parmi nous, je te laisse retourner travailler.
Voilà c'était fini. On aurait dit qu'un accord tacite s'était scellé entre nous. Je ne pus m’empêcher de ressentir une sorte de petite douleur, comme si je venais de rompre. Je devais plutôt me réjouir, tout se passait comme je l'avais espéré, ou du moins comme je pensais l'avoir espéré. Parce que ce que je ressentais à présent se rapprochait plus de la déception que du contentement.
Mais je devais me tenir à cette relation là et me dire que les choses se passaient comme prévues.
Je partis du bureau de Charms en espérant qu'en refermant cette porte je refermais ainsi la porte à toutes ces émotions interdites.
Le travail continua au sein de l'entreprise. Je m'intégrais bien, je travaillais dur, me montrais toujours volontaire. Il m'arrivait de rentrer à 21h et Brice me faisait parfois la remarque parce que lui qui touchait 4 fois plus que moi ne rentrait jamais à ces heures là.
Charms était très distant, nos rapports au boulot étaient pareils qu'avec les autres. J'en avais même oublié que j'avais eu un faible pour lui un jour. Mon 1er salaire tomba, ensuite le 2ème, j'étais contente de ramener quelque chose aussi à la maison.
Le 2éme mois je reçus même une prime. J'étais très contente, je pouvais m’épanouir et évoluer dans ce boulot. Il me semble qu'on était satisfaits de moi, j'avais su me rendre indispensable et j'avais confiance en l'issu du 3ème mois ou j'espérais me voir confirmer.
Il vint ce jour ou on dirigeait une séance photo pour une énorme campagne publicitaire. Nous dirigions des danseurs de rue en extérieur. Nous étions tous là ce jour là, L’atmosphère était très festive, nous nous amusions avec les jeunes danseurs. Les histoires du Messager Justomer Djidago. Je dansais au rythme de la musique quand je sentis des picotements sur ma nuque, signe que quelqu'un m'observait. Je me retourne et je vois Charms qui s'avance vers nous. Il s’arrête une minute pour parler à Claude. Je me suis d'abord arrêtée de danser, la honte m'avait envahie. Je le vois qui finit de parler avec Claude et se dirige vers moi.
Charms : Salut Sandrine. Je suis venue voir si tout se passait bien ici apparemment c'est la fiesta et j'espère que ce n’est pas moi qui t’empêche de danser?
Moi: Non monsieur… non pas du tout
Charms: çà me rappelle le lycée pas toi? Tu dansais aux fêtes du lycée et tu dansais très bien d'ailleurs.
Moi : oui c'est vrai, vous vous en souvenez toujours?
Charms: Oh que oui, je m'en souviens.
Je me suis mise à rire et lui aussi jusqu'à ce qu’il arrête de rire et m'observait. Le sang se vida de mon visage, je le regardai aussi et j'étais tellement troublée par lui que je n'avais pas remarqué qu'on se regardait tous les deux depuis un moment.
À ce moment là même je m'en foutais, rien n'avait plus d'importance, je gardai les yeux dans les siens pendant de longues secondes. À ce moment précis, je le désirais, je voulais qu'il m'emmène quelque part, qu'il me déshabille et me faire l’amour. Perdu dans mes pensées, tout a coup…
Charms : ça va Sandrine?
Il était près de moi, je sentais son souffle, son odeur. Je rouvris les yeux, et son regard me fit l'effet d'une douche froide. Je me ressaisie, tire un peu sur mon haut comme pour l'ajuster, j'avale ma salive et je me sentais bête. Je lui avais laissé voir mon désir, mon trouble et le pire c'est que çà n'avait même pas l'air réciproque.
Moi : Oui tout va bien je pense qu’il fait un peu trop chaud çà m'a étourdie. Bon il faut que je rentre chez moi j’attends de la visite à 16h.
Je ne l’ai même pas laissé répondre je suis partie presque en courant sans même dire au revoir à personne. Je savais qu'il me regardait partir. Tellement déboussolée, en ouvrant ma voiture au lieu de mettre le pied droit pour rentrer ensuite le pied gauche, j'ai entré d'abord le pied gauche.
J'avais honte de ressortir le pied pour rentrer l'autre pied? J'ai plongé comme çà en lançant une fois l'autre pied. Je me suis écroulée sur le fauteuil conducteur en tombant Poum!!!! sur le fauteuil. Je ne voulais même pas me retourner pour voir s'il se moquait de moi. J’ai démarré en trombe et je suis partie en catastrophe.
Me voilà donc en route avec ma honte. Qu’est ce qui m’a pris de me ridiculiser ainsi ? Je peux vous dire que ça ne m’était jamais arrivé. Je n’avais pas envie de rentrer comme çà, il fallait que je voie Rolande. Elle me fera surement un peu rire avant que je ne rentre retrouver mon fiancé.
Elle m’a dit qu’elle était dans un snack avec un ami et que je pouvais passer. Elle m’a indiqué en face de la cité avant le marché, je voyais le coin, on avait déjà mangé là-bas l’année passée. Je prends la route pour rejoindre Rolande en pensant à la honte que je vienne de me mettre toute seule.
Je m’étais presque offerte a lui et lui n’avait rien vu. Quel con ! J’étais prête à te donner ce que tu as toujours voulu mais apparemment il n’en voulait plus. Cette idée suffit à me remettre les idées en place. Il me fallait cette petite humiliation pour comprendre une fois pour toutes.
30 minutes plus tard, j’arrive dans ce fameux quartier. Pendant que je tourne vers l’immeuble en question j’aperçois une voiture comme celle de mon chéri Brice qui monte vers la gauche. Attend je vois mal ou quoi ? Le gars là fait quoi ici? Je prends mon téléphone et je l’appelle il ne décroche pas.
Je rappelle, rien. A priori ce n’est pas inquiétant çà m’arrive des fois d’appeler il ne prend pas mais me rappelle plus tard. Pourtant je suis sure que c’est sa voiture, je connais quand même le numéro de sa plaque d’immatriculation. Bon je vais aller lui faire un coucou et savoir ce qu’il fait dans le quartier.
J’essaie encore de l’appeler. Rien. J’engage ma voiture vers la direction qu’il a prise, je continue tout droit, je ne vois plus sa voiture. Humm çà c’est quoi çà ? Je m’apprête à faire demi-tour. Les histoires du Messager Justomer Djidago. Je balaie du regard les alentours et je vois sa voiture garée devant un endroit, je ne sais pas si c’est un Restaurant ou quoi, je lève la tête je lis dessus « HÔTEL BOURGEOIS » Hum mon cœur bat d’abord.
Je gare aussi devant cet hôtel et je descends vite fait de la voiture et entre dans le hall. Je ne le vois nulle part pourtant c’est bien sa voiture qui est garée là devant. Je sors mon téléphone, le cœur tremblant, je l’appelle encore et rien.
