Chapitre 1 Le crépuscule s’approfondit
Dans la Frontière Nord, une jeep olive s’est éloignée le long de la route enneigée, faisant
rejaillir les flocons de neige sous les roues. Le jeune homme, qui était assis sur le siège arrière, s’est essuyé les yeux.
Derrière la jeep, une foule de personnes en uniformes militaires, debout et immobiles, la suivaient des yeux humides.
Ils faisaient le salut militaire et ont soudain crié respectueusement :
— Bon retour, dieu de la guerre !
— Bon retour, dieu de la guerre !
...
Le grand gaillard qui prenait le volant, nommé Mathieu Chéron, a jeté un coup d’œil au jeune homme dans le rétroviseur avec des yeux rouges et a dit d’un ton triste :
— Maître Sébastien, vous partez vraiment ?
Le jeune homme s’appelait Sébastien Barrande. Après avoir servi dans l’armée depuis seulement cinq ans, il a déjà fait de grandes contributions et des réalisations exceptionnelles, donc à l’âge de 27 ans, il est devenu le plus jeune Maître de l’histoire, et se chargeait de diriger et de défendre la Frontière Nord.
Depuis qu’il est devenu Maître, il a accompli encore d’innombrables exploits militaires, et on l’appelait tous le dieu de la guerre !
— La Frontière Nord a maintenant une puissance militaire invincible et c’est à jamais imprenable même sans moi.
À ces mots, il a sorti une photo sur laquelle se tenait à côté de lui une très belle femme d’une vingtaine d’années, qui avait de longs cheveux, des yeux en amande, un nez droit, et une petite bouche rose.
Mais seulement celle-ci faisait la tête, et avait l’air très mécontente.
— Anne, tu vas bien ? a murmuré Sébastien avec une velléité de sourire.
En regardant la seule photo avec la femme, il ne pouvait s’empêcher de se pencher sur le passé.
Il y avait cinq ans, Anne Besnard, qui venait d’arriver à la dernière année de la licence, avait fondé le Groupe Chopin, et avait joui alors d’une bonne réputation dans toute la Cité J.
Mais juste au moment où le Groupe Chopin connaissait une prospérité croissante, Anne
avait eu une relation sexuelle avec le garde de sécurité du Groupe Chopin après s’être fait empoisonner à l’aphrodisiaque par les méchants.
Et ce garde de sécurité « chanceux » était justement Sébastien.
« La digne présidente du Groupe Chopin s’est fait baiser par un garde de sécurité ! »
Avant que Sébastien et Anne ne quittent l’hôtel, ce titre-ci s’était déjà étalé à la une de tous les journaux de la Cité J, et d’innombrables médias s’étaient pressés d’en faire des reportages.
Très vite, cette nouvelle s’est répandue dans toute la Cité J, que ce soit dans la classe supérieure ou dans la classe inférieure, et on savait tous que Anne avait eu une relation sexuelle avec un garde de sécurité du Groupe Chopin.
Du jour au lendemain, la valeur des actions du Groupe Chopin avait chuté de 50 %.
Afin de minimiser les pertes, les Besnard avaient trouvé Sébastien et lui avaient demandé de rejoindre leur famille.
Bientôt, le mariage entre Anne et Sébastien avait fait sensation dans toute la Cité J, et la famille Besnard était devenue la fable et la risée de tous.
Cependant, Sébastien était parti à l’insu de tout le monde peu après son mariage avec Anne, et il avait décidé à revenir le jour où il serait tout à fait digne d’Anne.
Durant les cinq dernières années, il pensait sans cesse à Anne et avait fait d’elle la source de motivation pour persévérer.
Cependant, à chaque fois qu’il pensait à cette femme, il était accablé de remords.
...
Trois jours plus tard, à l’aéroport international de la Cité J, un Boeing 747 a atterri lentement.
— Enfin de retour !
Quand Sébastien est descendu de l’avion et a respiré l’air de la Cité J, il a éprouvé un sentiment de bonheur qu’il n’avait pas ressenti depuis longtemps.
— Maman, où es-tu ?!
Dès que Sébastien est sorti de l’aéroport, il a entendu un cri larmoyant d’une petite fille, et un malaise douloureux lui crispait inexplicablement le cœur.
— Maître Sébastien...
Juste au moment où Mathieu allait parler quelque chose, Sébastien l’a directement interrompu :
— À partir du moment où j’ai quitté la Frontière Nord, je ne suis plus ton Maître, donc ne m’appelle plus comme ça !
En regardant l’air tout sérieux de Sébastien, Mathieu ne pouvait s’empêcher de trembler et a dit timidement :
— Sébastien ?
Voyant que Sébastien ne répondait pas, il a poursuivi avec un sourire :
— Sébastien, cette petite fille te ressemble beaucoup, peut-être que vous êtes tous les deux de la même famille !
Sébastien a inconsciemment jeté un coup d’œil à la petite fille, mais à sa vue, il a eu un fort sentiment familier.
Surtout quand la petite fille pleurait, il avait le cœur un peu serré.
À ce moment, la petite fille a soudainement cessé de pleurer et a tourné les yeux vers Sébastien.
En rencontrant le regard de la petite-fille, Sébastien pouvait mieux lui voir le visage.
Cette fille semblait âgée de 4 ans environ, elle avait la peau blanche et lisse, de grands yeux brillants et de longs cils. Bien qu’elle soit très petite maintenant, il était aisé de voir qu’elle serait une très jolie femme à l’avenir.
— Papa ! a crié soudainement la petite fille.
Avant que Sébastien ait compris, la petite fille avait déjà couru vers lui avec joie et lui avait serré la jambe.
Sébastien a été tellement choqué par le mouvement de la petite fille, le cœur battant vivement.
Mathieu, qui se tenait à côté, était également très stupéfait et a dit en écarquillant les yeux :
— Est-ce vraiment la fille de Sébastien ?
Au bout d’un moment, Sébastien a enfin repris ses esprits. Il s’est accroupi, et a regardé la petite fille qui le fixait avec de grands yeux, disant d’un ton le plus doux possible :
— Petite fille, tu t’es trompée, je ne suis pas ton père !
Mais dès qu’il a fini de parler, la petite fille a de nouveau éclaté en sanglots et a dit en pleurant :
— Papa ne m’aime pas ! Papa m’abandonnera !
À cette vue, les passants ont montré Sébastien du doigt et l’ont insulté avec colère.
En voyant que la petite fille a de nouveau pleuré, Sébastien ne savait plus quoi faire, l’air empêtré.
En tant que digne Maître de la Frontière Nord, il était respecté et vénéré par d’innombrables personnes, mais maintenant il se sentait tout désemparé devant un enfant de 4 ans environ, comme c’était ridicule !
— Petite fille, je ne suis vraiment pas ton père !
— Papa m’abandonnera... a dit la petite fille en sanglotant tristement.
Sébastien ne cessait de l’expliquer à la petite fille plusieurs fois, mais à chaque fois cette dernière a sangloté plus fort.
5 minutes plus tard, Sébastien, tout suant d’angoisse, a finalement fait un compromis et a doucement pris la petite fille dans ses bras.
Et celle-ci fixait toujours ses grands yeux pleins de larmes sur Sébastien, et ses petites mains tenaient fermement les vêtements de Sébastien, de tellement peur qu’il l’abandonne.
— Sébastien, puisque cette petite fille t’aime tellement, pourquoi ne pas essayer de faire vraiment d’elle ta fille ? a dit Mathieu, amusé.
Mais cela dit, il a immédiatement fermé sa gueule en rencontrant le regard froid et perçant de Sébastien.
Sébastien, impuissant, n’avait pas d’autre choix que de porter la petite fille au bureau de sécurité de l’aéroport.
Bien que la petite fille pleure de nouveau, Sébastien ne pouvait quand même que partir avec Mathieu.
Dès que ces deux-ci sont partis, une femme vêtue d’un costume tailleur s’est précipitée au bureau de la sécurité de l’aéroport.
— Gisèle !
Quand la femme a vu la petite fille pleurer, elle a immédiatement fondu en larmes. Elle l’a serrée dans ses bras, hors d’haleine.
Pour elle, la petite fille, c’était sa vie.
Il y avait cinq ans, peu après son mariage, elle avait découvert qu’elle était enceinte, mais son époux avait soudainement disparu. Sa mère lui avait dit que cet homme avait demandé 50 mille euros à son père et qu’il était parti avec cet argent.
À cette époque, elle voulait tellement se suicider, mais elle y avait tout de même renoncé à la pensée du bébé dans son ventre.
Au cours des cinq dernières années, elle avait essuyé des humiliations de toutes sortes, et même l’entreprise qu’elle avait fondée toute seule avait été confisquée par sa famille pendant sa grossesse.
Tout cela, c’était à cause de cet homme-ci. Elle le haïssait à mort !
— Maman, je viens de voir papa ! a dit la petite fille avec joie.
Mais sur ce, elle a poursuivi d’un ton triste, presque avec l’envie de pleurer :
— Mais, papa ne m’aime pas, il m’abandonne !
Quand la femme a entendu les paroles de la petite fille, l’expression de son visage s’est brusquement figée, les yeux hébétés.
