Bibliothèque
Français
Chapitres
Paramètres

Chapitre : 07

Brian prenait calmement son whisky avec son ami en discutant lorsque son téléphone portable retentit trois fois. C’était un message WhatsApp. Il le saisit, le déverrouilla et constata que c’était une vidéo. Il la téléchargea rapidement et commença par la visionner tout en souriant.

– C’est quoi ? demanda Jacques.

– Un instant.

Soudain, le téléphone portable de Jacques retentit à son tour. Il rentra dans ses conversations WhatsApp et tomba sur la vidéo que Brian venait de lui envoyer. Après l’avoir visionnée, il remplissa son verre et le vida.

– Le message envoyé est fort, tu connais Geovani.

– Bien-sûr que je le connais, si notre plan fonctionne, on va le tuer et la police ne se doutera de rien nous concernant mais plutôt son fils.

– As-tu oublié que Geovani était dans le milieu de la mafia avant nous ?

– On s’en fou, compte sur moi. Maintenant il faut que j’aille.

– Tu vas où ?

– Montrer la vidéo au parrain et il me dira la suite.

– Tiens moi informé de la suite.

– Compte sur moi.

Brian vida son verre et sortit. Jacques se leva, tira le rideau de son bureau de côté. Dans sa vitre fumée, il pouvait voir Brian qui quittait chez lui. Il se retourna calmement dans son bureau et se coucha sur le divan.

***

Le soleil avait disparu, la lune qui peinait à sortir de son lit était toujours cachée. Toute la ville et ses environs étaient perdus dans un immense embouteillage. Les voitures, l’une derrière l’autre, ne pouvaient même plus se décaler d’un petit mètre au risque de ne pas gratter la voiture de l’autre.

Dans les coins, les petits enfants dansaient et chantaient sur des chansons américaines. Assis dans sa voiture, Airpods aux oreilles, Luca écoutait calmement sa musique. Le rap n’était pas trop son style, il préféraitécouter la musique des Nigérians comme Burna Boy, mohbad et d’autres artistes. Soudain, la voix se décala un tout petit peu. Il fit tout doucement et rentra dans la première rue qu’il trouva. C’était un raccourci pour rentrer à la maison au lieu de se laisser dans l’embouteillage.

Arrivé à la maison, il remarqua qu’une voiture était garée juste devant le petit portail. Il classona et le gardien de la maison ouvrit la porte. La voiture de son père était garée juste de l’autre côté. Étonnant, il n’avait pas vu celle de sa mère. Comme d’habitude, quand il rentrait le soir, il voyait toujours son petit frère entrain de jouer dans le jardin et quand ce dernier le voyait, il abandonnait tout et se précipitait vers lui pour le saluer. Mais pour cette soirée, c’était étonnant, son frère n’était pas là, ni la voiture de sa mère non plus. Pour lui, les deux étaient sortis. Il salua les hommes de son père qui lui ouvrirent la porte et il rentra.

Au salon se trouvaient une femme et un homme, tous les deux vêtus en veste et cravate. Ils avaient l’air sérieux et tendus. Luca se figea, un sentiment de malaise l’envahit.

L’homme se leva et s’avança vers lui.

– Luca, nous avons besoin de te parler, firent la jeune femme.

Son père était assis dans le divan, la tête baissée, impossible de parler. Ne comprenant rien, Luca déposa la clé de sa voiture dans l’un des divans et s’assit.

– Je vous écoute monsieur, fit-il.

– Votre mère et votre frère ont eu un grave accident.

– Un grave accident ? Comment vont-ils ? Mon frère ? s’agita t’il.

– Nous sommes désolé, les deux n’ont pas pu suivre. Ils ont été brûlés. Je suis désolé.

"Les deux n’ont pas pu suivre, ils ont été brûlés", cette phrase résonnait, lancinante, dans le crâne de Luca. Impossible à croire. Tout doucement, il se leva, ses muscles endoloris par la tension et l’angoisse. Sa main tremblante se referma sur la clé de sa voiture, qu’il empoigna comme une bouée de sauvetage. Il se dirigea vers la porte, déterminé à rejoindre sa mère et son frère. Mais il fut stoppé net par le garde de son père, un homme massif dont le regard froid ne laissait présager aucune pitié.

– Fiston où vas-tu ? demanda son père en se levant.

Il ne pipa mot, ses yeux tous rouges laissaient passer des gouttes de larmes.

– J’ai juste envie de mourir, oui j’ai envie de mourir.

Le père se leva et s’approcha de son fils. Il le prit dans ses bras et ce dernier le serra très très fort.

– Je suis désolé fiston, je suis désolé, je n’ai rien pu faire.

Père et fils passèrent quelques minutes à se coller.

– Monsieur Geovani, nous vous tiendrons au courant de la suite. Nous sommes encore désolé.

– Merci monsieur l’inspecteur.

Les deux inspecteurs sortirent de la maison, laissant derrière eux les deux autres endeuillés. Luca se détacha de son père et se dirigea vers sa chambre, suivi par le garde du corps qui avait pour mission de veiller sur lui.

Une fois dans sa chambre, Luca s’effondra sur son lit et fondit en larmes. Son frère et sa mère n’étaient plus là, et il ressentit un vide immense. Il avait l’impression que tout était fini pour lui. Son regard se posa sur la photo de famille qu’il avait prise quelques mois auparavant. Il se leva, s’approcha de la photo et la décrocha du mur d’un geste brusque. Il s’assit à nouveau sur le lit et caressa les visages de son frère et de sa mère sur la photo, les larmes coulant toujours sur ses joues.

Soudain, il se leva en hurlant de douleur. Il se mit à tout renverser dans sa chambre, incapable de contenir sa rage et sa tristesse. Le garde du corps, ne pouvant le laisser se détruire ainsi, se précipita dans la chambre et le retint fermement. Luca continua à crier de toutes ses forces, jusqu’à ce que son père, alerté par le bruit, arriva en courant.

Il le serra dans ses bras et tenta de le calmer. Il lui parlait doucement, lui disait qu’il était là pour lui et qu’ils traverseraient cette épreuve ensemble. Luca s’agrippa à son père et pleura pendant de longues minutes, exprimant toute sa douleur et son désespoir.

Le silence qui suivit fut assourdissant. La chambre était en désordre, les objets jonchaient le sol. Luca était épuisé, à bout de force. Son père le borda dans son lit et resta assis à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endormit. Le garde s’occupa du désordre en mettant de l’ordre dans la maison.

Le lendemain matin, Luca se réveilla avec un sentiment de vide toujours présent, mais il sut qu’il devait continuer à vivre. Il avait perdu son frère et sa mère, mais il avait encore son père et d’autres personnes qui l’aimaient et qui l’aideraient à surmonter cette épreuve. Au lieu de se lever de son lit, il resta la.

Au même moment, la porte de sa chambre s’ouvrit sur son père, tenant à la maison un plateau avec deux cafés.

– Fiston, as-tu bien dormi ? demanda-t-il.– Je ne sais pas papa, je n’ai aucune idée. Jean me manque, et pire encore, ma mère me manque, papa. Les deux me manquent. Qui viendra me réveiller maintenant, papa, qui ? C’était Jean qui sautait sur moi. J’aurais aimé jouer avec lui hier, mais j’étais tellement occupé à rédiger un article.

Luca éclata en sanglots.

– Fiston, je sais que c’est vraiment dur, mais nous devons rester soudés, s’il te plaît, je t’en supplie.

– Papa, je souffre.

– Je le sais, je le sais. Et j’en souffre aussi. Il s’agit bien de ma femme, fiston, il s’agit de ma femme et de mon fils.

– Comment sont-ils morts ?

– Ils ont été renversés par un camion.

– Ils ne savaient pas qu’il y avait des gens devant lui ?

– Si, si. Les deux inspecteurs ont indiqué qu’il s’est présenté là-bas et a reconnu qu’il était responsable mais le plus grave est que ta mère était au téléphone et que c’était elle qui n’a pas remarqué qu’il arrivait en marche arrière.

– Elle était au téléphone ?

– Oui, les inspecteurs ont conclu que c’était de la faute de ta mère et non du conducteur. Ils l’ont décidé de le laisser partir parce que ta mère ne devrait pas se concentrer sur son téléphone seul.

– Ce n’est pas possible. Qui était cette personne avec qui elle discutait au point de ne pas se rendre compte qu’elle était en train de conduire ?

– Je suis désolé, fiston, je suis responsable, je lui ai appelé, c’était tout juste pour savoir si Jean était toujours à l’école.

Luca s’immobilisa, regarda son père avec calme, puis se jeta sur lui.

– Tu as tué ma mère, papa ! cria-t-il en lui assénant des coups de poing sur la poitrine. Tu l’as tuée !

– Je ne le savais pas, fiston, je suis désolé.

– Non, je ne veux rien entendre de toi, papa. Sors de ma chambre.

– Écoute-moi, fiston,...

– Sors, papa. Je t’en prie, laisse-moi seul.

– Fiston,...

– Papa, laisse-moi seul.

Geovani se leva, l’air abattu, et quitta la pièce.

– N’oublie pas ton café.

– je ne veux pas le prendre, s’il te plaît, viens chercher ton café.

Le regard fuyant de son fils le poignarda en plein cœur. Luca détourna les yeux, incapable de soutenir le regard de son père. Ce dernier serra les dents et sortit de la chambre, refermant la porte derrière lui. Un silence pesant s’abattit sur le couloir.

Se tournant vers le garde, il donna l’ordre d’une voix brisée .

– Si mon fils décide de sortir, sortez avec lui. Ne le laissez pas seul.

Le garde acquiesça d’un hochement de tête grave.

– Comptez sur moi, monsieur.

Le père de Luca se dirigea ensuite vers son bureau, traînant les pieds comme un homme accablé par le poids du monde. Une fois la porte close, il s’effondra sur son siège et remplit un verre de whisky. Le liquide ambré coula dans son gosier, brûlant comme une flamme, mais n’apaisant en rien la douleur qui le consumait.

Le verre vide, il le jeta violemment au sol, où il se brisa en mille morceaux. Un cri sourd jaillit de sa gorge, un cri de rage, de désespoir, de culpabilité. Il s’assit sur son bureau, la tête entre les mains, et sanglota.

– C’est de ma faute ! Oui, c’est de ma faute ! Je suis désolé, fiston ! Je suis tellement désolé...

Le téléphone portable vibra, brisant le silence de la pièce. Le père de Luca le saisit d’une main tremblante et y jeta un coup d’œil. C’était un message de son parrain, qui le convoquait pour une rencontre dans la soirée.

Furieux, il jeta le téléphone à son tour, le brisant contre le mur. Un nouveau cri retentit, un cri de frustration, d’impuissance. L’homme était brisé, anéanti par la douleur et le chagrin.

Téléchargez l'application maintenant pour recevoir la récompense
Scannez le code QR pour télécharger l'application Hinovel.