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**CHAPITRE 03**
Il arrête de taper avec son stylo brusquement et se penche en avant sur sa chaise, joignant ses mains avec un intérêt évident.
J’aimerais que tu travailles sur l’affaire avec moi.
Si j’avais eu une boisson, je l’aurais recrachée sur lui. Peut-être devrais-je boire une gorgée de son café juste pour qu’il comprenne.
Oh, Monsieur Metzgar, je ne suis pas sûre de ça.
Je sais que je te demande beaucoup, dit-il en levant une main pour me faire taire. Mais les Benson ne sont vraiment pas le genre de personnes à qui tu peux te permettre de mentir. Patrick t’apprécie vraiment, ce que j’essaie de faire depuis… pfft. Il a rencontré mes meilleurs employés, et c’est toi qu’il veut.
Je n’ai aucune expérience.
Je sais.
Il soupire et se penche en arrière sur sa chaise, reprenant son stylo qu’il fait tourner entre ses doigts d’un air pensif.
Si tu apportes les chiffres, comme tu le fais déjà, et que je les présente, ça donnera une impression de travail d’équipe. Même si tu les lis et que je les explique.
Et s’ils me posent une question ?
Il émet un petit hum réfléchi.
Je suppose que j’interviendrai.
Et s’ils ne veulent pas entendre ta réponse ?
Il soupire et repose son stylo sur la table.
Familiarise-toi autant que possible avec le dossier. Si tu es bloquée, on leur expliquera que tu es nouvelle, que tu n’as pas encore eu le temps d’approfondir le sujet.
Je pourrais les lancer dans un débat Star Trek contre Star Wars ? suggérai-je.
Il éclate de rire, et je sens la chaleur monter à mes joues. Il est arrogant, persuadé que tout le monde fera ce qu’il demande, un riche héritier chanceux né avec une cuillère en argent dans la bouche, à qui on a offert une entreprise sur un plateau. Il teste constamment ma patience, mais ce rire ! Je comprends pourquoi tant de gens sont attirés par lui. Il a un rire franc et sincère, qui me fait penser qu’il est doux et bienveillant en dehors de ces murs.
Par pitié, ne fais surtout pas ça.
Je peux apprendre tout ce qu’il y a à savoir sur l’accord, mais je ne suis pas sûre de pouvoir proposer des alternatives ou des modifications sur le moment.
On fera en sorte que ça fonctionne.
Je laisse échapper un soupir.
Bon, très bien, je devrais… retourner là-bas, les téléphones ne vont pas se répondre tout seuls, et si Madame Worther arrive et n’est pas accueillie immédiatement, elle va faire une crise monumentale.
Il me regarde, perplexe.
Ryan, tu n’es plus mon assistante. Tu fais partie de l’équipe maintenant.
Je croise immédiatement son regard.
Et quand l’accord avec les Benson sera conclu ? Je ne suis clairement pas qualifiée pour rester dans l’équipe. Je te rends un immense service et je me retrouve sans emploi à cause de ça.
Si cet accord passe, tu n’auras probablement pas besoin de travailler pendant un moment.
Il rit à nouveau. Ne partageant pas son enthousiasme, je le vois se racler la gorge, embarrassé.
Ryan, je ne suis ni égoïste ni cruel.
Je doute des deux. Il m’a obligée à emmener Bernard, le chien de 55 kilos, au parc pour une « sortie » alors que je portais des talons aiguilles.
Je prends soin de ceux qui prennent soin de moi.
Une belle compensation ?
Je te considérerai comme hautement qualifiée si tu m’aides à conclure cet accord. Mais je te préviens, ça va demander beaucoup de travail. Beaucoup d’heures, des déplacements, on parle de plusieurs mois de boulot même après la finalisation : superviser les plans de l’entreprise et son démarrage jusqu’à ce qu’elle soit prête à être transférée.
Et si je n’y arrive pas ?
Il sourit doucement.
Concentrons-nous d’abord sur le succès, et on gérera les problèmes ensuite, s’il y en a.
Je ne veux pas me retrouver sans emploi.
Ton poste est déjà pourvu. Ton bureau est juste en face de celui de l’assistante, pour l’instant. Comme ça, je peux te surveiller, voir tes progrès, et je serai là si tu as des questions.
Je pince les lèvres, réfléchissant. Ce n’est pas une demande, encore une fois.
Ryan.
Je lève les yeux, croisant son regard.
Je sais que tu ne m’aimes pas.
J’ouvre la bouche pour protester, pour mentir et dire que je l’aime bien.
Mais fais-le, pas pour moi, mais avec moi. Et ça en vaudra la peine.
Ai-je vraiment le choix ?
Je ris froidement.
Il sourit, et son sourire atteint facilement ses yeux.
Patrick sera ravi de t’avoir à bord.
Il se lève et murmure rapidement, presque comme s’il espérait que je n’entende pas.
On a une autre réunion dans trois jours.
