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5

On quitte le Maestro pour aller garer quelques mètres plus loin devant le Cinquantenaire.

Moi (le regardant) : Raconte, que s’est-il passé ? Comment tu es passé de Paulin à Pauline ?

Paulin (haussant les épaules) : Je ne sais pas… c’est arrivé comme ça, sans crier gare…

Moi (le regardant) : Sérieux ?

Paulin : Bah écoute, j’ai subi des abus sexuels de mes 5 à mes 12 ans… J’en ai parlé et personne ne m’a cru à l’époque…

Moi : Et au lycée tout ça…

Paulin : J’ai essayé avec des filles… sans plus… Puis, j’ai eu un papa qui m’a démarré.

Moi : Non ! Un papa, papa ?

Paulin (amusé) : Avec femme et enfants dans la maison.

Moi (choquée) : Noon ?

Paulin (rire) : Mais tu vis dans quel monde ma chérie ? La grande majorité de mes bises sont dans les foyers, la bague au doigt… pourtant ils m’enfilent presque tous les soirs.

Moi (frisson) : Épargne-moi les détails ! Merci.

Il coupe le contact.

Paulin (rire) : Bah, le sexe est sale quel que soit le partenaire.

On descend de son véhicule et il verrouille les portières.

Moi : Brrrr !

Paulin (rire) : Écoute, c’est la vie hein… J’ai perdu beaucoup d’amis… et je me suis aussi fait de nouveaux amis. Je m’assume pleinement, sans aucun complexe.

Moi (le regardant) : Tant mieux !

Paulin : J’ai des membres de ma famille qui m’ont renié trois fois avant le chant du coq.

Moi (rire) : Un fou !

Paulin (me regardant) : Je te parle ! Mon paternel le premier. Avant que ma mère n'emboîte le pas je lui ai dit : C’est ma vie… chacun sur cette terre est venue pour un but.

On va prendre place dans le restaurant.

Paulin : Je suis en paix et elle aussi…

Moi (le regardant) : Chapeau !

Paulin : Assez parler de moi. Raconte-moi !

- Bonjour !

Nous : Bonjour !

Serveuse (nous regardant) : Vous voulez quelque chose ?

Paulin : On peut avoir la carte ?

Serveuse ; Oui bien sûr !

Elle s’empresse d’aller la récupérer et de nous l’apporter.

Paulin (me regardant) : Si tu veux manger, vas-y ! Ne te gêne surtout pas pour moi.

Le plat que je commande en plus de la boisson me donne la tremblote. Cela fait si longtemps que je n’avais autant bien mangé.

Bref !

Moi : Alors mon blanc en question…

Paulin : Hum…

Moi (rire) : Je l’ai zappé…

Paulin : Ah oui ?

Moi : Oui.

Paulin : Pourquoi ?

Moi (rire) : L’amour non ?

Je prends mon téléphone en lui montrant les photos de Mark…

Paulin : Djaaa ! Regard ténébreux hein ! Très très sombre !

Moi (rire) : Pfff ! Un chien aussi ! Il m’a abandonné

Paulin : Noon ?

Je lui fais un bref résumé de mon histoire et de ma situation actuelle.

Paulin : En tout cas, tu as bien eu raison de vivre ta vie… Ce genre de rencontre, c’est une fois tous les mille ans.

Moi : Hum… Sauf que retour à la case départ !

Paulin. : Et alors ? Case départ certes, mais avec des beaux souvenirs et une expérience de plus dans ton CV.

Moi : C’est vrai…

Paulin : Allez on sourit. La vie est belle.

Moi (montrant mes dents) : Cheese !

Je passe une très belle après-midi. Après le cinquantenaire, Paulin m’invite chez lui. Chez lui oh ! Pas de location, sa maison qu’il a construite sur deux niveaux. Salon, cuisine et toilettes visiteurs en bas, trois chambres à l’étage.

Moi (le regardant) : Gars, je sens que je vais faire comme toi…

Paulin (rire) : Je ne pense pas que cela t’apportera un plus…

Moi : Qu’est-ce que tu en sais ?

Paulin (soupirant longuement) : C’est bien… je me fais entretenir… j’ai le gain… mais je passe mes nuits dans la solitude… J’ai aussi envie d’avoir un chéri… de vivre une vraie romance… ce genre de chose… Pas seulement me faire défoncer le cul et la bouche…

Moi (le regardant) : Il n’y a personne dans tes contacts pour ?

Paulin (pouffant) : Si… sauf qu’il n’assume pas. Être autant libéré que moi, il ne le peut pas.

Moi : C’est un homme marié ?

Paulin (regardant droit devant lui) : Avec des responsabilités… une famille… il ne peut tout simplement pas… Alors on vit cette histoire comme ça. Et quand j’en ai marre d’attendre, je vais voir ailleurs.

Moi : Ah ouais… c’est chaud… je te comprends… parce que c’est ce qui m’est arrivée avec JF… Mark était célibataire, de ma génération… et par-dessous tout, c’était mon mec. Mon putain de mec. J’y ai cru… et je me suis accrochée à ça… Contrairement à un JF marié… pas d’enfants, pas de mariage, pas de vie de famille. Je suis jeune… je veux vivre toutes ces choses… En Mark, je me suis vue mère, femme et épouse. Enfin…

Paulin (me regardant) : Comment je donnerai cher pour vivre ça…

Moi (amusée) : Va en Afrique du Sud ! Tu ne seras pas déçu. Oh non ! Il y a de tous les gouts de tous les genres et là-bas, l’homosexualité vulgarisé, c’est entré dans les mœurs.

Paulin (me regardant) : Tu ne veux pas m’accompagner ?

Moi (me redressant) : Hein ?

Paulin : Je te paye le déplacement et le séjour.

Moi : Oh… Je ne sais même pas où tu veux aller.

Paulin. Johannesburg, Cape-Town. Et à notre retour, je vais demander à l’un de mes bises de te trouver un boulot… ils ne me refusent jamais rien.

Moi : Ah…

Paulin (me regardant) : S’il te plait Gemma… plutôt que d’aller tout seul, au moins avec quelqu’un qui s’y connait et avec qui je passe du bon temps, sans aucun jugement. En plus d’être totalement honnête et transparente. D’autres m’auraient raconté une histoire à dormir debout… alors que toi, non.

Moi : Euh… ok.

Paulin (sautant de joie) : Super !

Il va récupérer son ordinateur en venant se poser près de moi.

Paulin (me regardant) : Ton passeport est à jour ?

Moi : Oui !

Paulin : Tu l’as avec toi ?

Je le lui sors de mon sac.

Il se met à manipuler son ordinateur un moment avant de le poser.

Paulin (regardant sa montre) : Il faut qu’on aille à SatGuru…

Moi : Seigneur !

Paulin : Avant que l’agence ne ferme.

Je vais me soulager avant et l’on se rend au centre-ville, acheter mon billet. Aller-retour en première classe sur Ethiopian Airline.

Paulin (me remettant le billet) : On part dans deux semaines.

Moi (clignant des yeux) : Deux semaines de ce mois ?

Paulin (amusé) : Oui. À la fin du mois.

Moi (le regardant) : À la même fin du mois ou si je ne trouve pas de boulot ma sœur me jette dans la rue ?

Paulin (rire) : Laisse ça !

Il me trimbale toute la journée dans ces histoires. À 22 heures, je me retrouve sur un bateau à faire la traversée pour aller fêter et boire le vin. Je ne sens pas mon téléphone vibrer et je ne l’entends même pas. 3 heures du matin, on revient à pog, le bateau remplit de monde.

Moi (en panique) : Ma sœur m’a appelé seize fois ! Je dois rentrer.

Paulin : Laisse ça ! Viens !

Je me retrouve embarquée dans le groove, un sale groove avec des gens de tous les horizons. Blancs, noir, jaune et même violet. Je rentre dimanche à 17 heures à la maison. Karelle est gonflée.

Moi : Bonsoir !

Karelle (froide) : Bonsoir !

Je trace dans la chambre des enfants… au moment où je veux fermer la porte que Karelle bloque. Elle me rejoint dans la pièce en fermant derrière elle.

Karelle (furieuse) : D’où sors-tu Gemma ?

Moi (la regardant) : Euh…

Enfin, je ne comprends pas sa question.

Karelle (tonnant) : Ma maison ne deviendra pas un bordelle tu comprends ? Ma maison ne deviendra pas un bordel !

Moi : …

Karelle (furieuse) : J’ai des filles et elles te regardent ! Tu ne ramèneras pas ta sale vie chez moi.

Moi (la regardant) : J’étais avec des amis.

Karelle (tonnant) : À fumer, à boire et à te faire coucher ! Tu as vu ta tête ? Est-ce que tu t’es regardée derrière un miroir en te levant ce matin ? Heureusement que les filles ne sont pas là. Je n’en ai rien à foutre que tu te fasses coucher, que tu vives ta vie comme tu l’entends… Ailleurs, mais pas chez moi.

Moi : Oui.

Elle sort de la pièce en claquant la porte.

Moi (soupirant) : Hum…

Je retire mes vêtements et je vais prendre une bonne douche… je sors apprêter et je vais chercher de quoi me mettre sous la dent. Karelle me dévisage au passage.

Je prends mon taxi et je descends en ville, à Pizza House. La petite shine un peu… c’est Paulin qui m’a donné un grand quelque chose en me posant, malgré mon refus. On a échangé nos numéros et nos réseaux sociaux. Je traverse la route en direction du snack… Ici, il y a toujours du monde le dimanche. Les gens ne travaillent pas demain.

Au loin, j’aperçois un groupe de blancs. Les vieux papas qui aiment les petites filles.

Moi : Putain !

Il me manquait plus que Jean-François soit là… Bref ! Je trace jusqu’au comptoir passer ma commande.

Sifflement…

- C’est le genre que j’aime.

- Clairement ! Avec une poitrine généreuse et un bon cul bien rebondit sur lequel tu peux t’amuser.

Serveuse : Oui bonsoir !

Moi : Bonsoir, je pourrai avoir une pizza ?

Serveuse : Laquelle ?

Moi : Celle aux crevettes.

Serveuse : la taille ?

Moi : Moyenne !

Serveuse : Ce sera tout ?

Moi : Oui.

Serveuse : 6500 s’il vous plaît. Ce sera prêt dans quinze minutes.

Moi : Ok.

Je règle déjà ma commande.

Moi : Je suis assise là-bas !

Serveuse : Ok.

Je vais prendre place loin de la bande de cons. Les jambes croisées, je regarde les stories de Paulin. Le type est encore dehors. Seigneur ! Il ne s’épuise jamais ?

Serveuse : Madame ?

Moi (levant les yeux) : Oui ?

Serveuse : Le monsieur en blanc vous offre quelque chose à boire.

Moi (souriante) : Non merci… c’est gentil…

Serveuse : Ma sœur, accepte. Même si tu verses, verses. Mais accepte pardon.

Moi : Euh…

Serveuse : Un jus ? Une bière ? De l’eau ? Du vin ?

Moi (la regardant) : Je ne sais pas !

Serveuse : Un jus !

Elle s’en va et est remplacée par le monsieur en blanc… JF.

JF (me regardant) : Je peux prendre place ?

Moi (sur la défensive) : Oui.

Je me redresse en même temps que JF prend place. Le silence est presque gênant… que veut-il ? Je ne comprends pas…

JF (me regardant) : Comment vas-tu ?

Moi (agitée) : Je vais bien Jean-François… et toi ?

JF (me fixant) : Comme un homme blessé.

Moi : …

La serveuse apporte la boisson.

Moi (la regardant) : Merci.

JF (me fixant) : Je pensais que tu serais venue demander après tes affaires que j’ai dû vider de l’appartement.

Moi : …

JF (me fixant) : J’attends toujours que tu le fasses.

Moi : Où sont mes affaires ?

JF (la voix grave) : Je les ai tous brûlés ! Tous, sans exception.

Moi : …

JF (le regard plein de colère) : Tu as eu le culot de revenir ici, et de te pavaner dans la ville après ce que tu m’as fait.

Moi (le regardant) : Ce pays reste encore le mien… Je t’ai donné mes raisons…

JF (la voix grave) : Et je ne les accepte pas ! Je ne les accepterai jamais !

Moi : …

JF : Le travail ça va ? Tu avances ?

Moi (le regardant) : Toujours pas !

Il se lève en souriant.

JF : C’est bien ! Et j’espère que les choses resteront ainsi.

Il s’en va

JF : Bonne soirée !

La serveuse m’apporte ma commande et les 6500 XAf.

Moi (surprise) : Oh…

Serveuse : Le monsieur en blanc a tout payé.

Je me lève en prenant la pizza avec moi.

Moi (la regardant) : Garde alors !

Je ne veux rien devoir à ce type. Je prends le taxi en direction de chez moi, je veux ouvrir la porte, mais elle est fermée de l’intérieur.

Moi : Oh.

Il est à peine 20 heures. Je colle mon oreille contre la porte, la télé est allumée.

Moi : Toc toc !

[Silence]

Moi : Toc toc ?

{Silence]

Moi : Ya Karelle ?

[Silence]

On peut porter la poisse comme ça ? Je prends place devant la porte, j’ouvre le carton de pizza et je savoure mon repas. Les problèmes ne fuiront pas, je remplis d'abord mon ventre.

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