Chapitre 06
Ils viennent de s’abandonner au plaisir charnel. Éric descend du lit, laissant Natacha allongée, encore prise dans les dernières vagues de sensations qui parcourent son corps. Elle ferme les yeux un instant, savourant les derniers frissons qui s’éteignent lentement en elle. Toujours nue sur le matelas défait, elle l’observe du coin de l'œil lorsqu’il revient de la salle de bain, une serviette autour des hanches.
Tout en cherchant son pantalon parmi les vêtements éparpillés sur le sol, il l’entend soudain prendre la parole, sa voix teintée d’une émotion qu’elle tente de masquer derrière un ton léger.
— Ta femme sera vraiment chanceuse… En tout cas, en ce qui concerne le plaisir au lit. Tu sais exactement comment faire voyager une femme. Parfois, je me demande si je n’ai pas eu tort de lutter contre le fait de tomber amoureuse de toi.
Éric esquisse un sourire en enfilant son pantalon. Il attrape ensuite son t-shirt qu’il secoue brièvement avant de répondre, sans détour :
— Ma chère, je t’ai toujours dit que tu as bien fait de ne pas tomber amoureuse de moi. Je ne suis pas prêt, et je ne le serai jamais, à abandonner Jasmine pour une autre femme. Elle est mon amour d’enfance, elle a toujours été à mes côtés. C’est seulement parce qu’elle refuse qu’on passe à l’acte avant d’être totalement engagés que je me permets ces écarts.
Il s’arrête un instant, ajustant son t-shirt, puis ajoute d’un ton plus sérieux :
— Mais ça ne va pas durer. Tu devrais commencer à chercher une autre solution parce qu’une fois que j’aurai épousé Jasmine, je ne serai plus disponible pour ce genre de choses.
Natacha se redresse soudainement, l’air surprise et même un peu choquée.
— Tu es sérieux ?! Mais… on pourrait continuer ailleurs, pas forcément chez toi !
Éric la regarde avec une pointe d’amusement, puis secoue la tête.
— Non, Tacha. Ce sera impossible, et tu le sais. Tout ne tourne pas autour du sexe dans un couple. Si aujourd’hui tu ressens un manque avec Pascal, ce n’est pas parce qu’il est mauvais amant, c’est parce que tu t’es habituée à des relations où le plaisir dure des heures, au point d’en devenir accro. Et crois-moi, si tu continues dans cette voie, tu finiras toujours par être le jouet sexuel des hommes au lieu d’être une femme respectée et aimée comme tu le mérites.
Natacha fronce les sourcils, visiblement agacée.
— Tu insinues quoi ? Que je devrais me contenter d’un homme qui ne me satisfait pas comme je veux ?
Éric soupire légèrement et s’approche du lit, posant une main sur son pied comme pour la raisonner.
— Arrête ça. Tu ne peux pas me dire que Pascal est impuissant ou qu’il ne te fait pas l’amour correctement. Le problème, c’est toi. Lui, il n’est pas du genre à détruire sa santé en prenant des médocs ou des substances juste pour satisfaire un désir démesuré. C’est à toi de t’adapter à son rythme, de trouver un équilibre, si tu veux une vraie chance d’avoir une vie stable, une famille, une dignité.
Natacha reste silencieuse un instant, comme si ses mots venaient de la frapper en plein cœur. Mais elle n’est pas encore prête à l’admettre.
— Mon sucre, pourquoi tu me dis tout ça, d’un coup ?
Éric lui adresse un regard à la fois tendre et déterminé.
— Parce que je tiens à toi, Tacha. Tu es une belle femme, intelligente, mais parfois trop naïve. Tu mérites mieux qu’une vie d’instabilité, à passer d’un homme à un autre. C’est pour ça que je te parle comme ça. Je veux que tu mettes de l’ordre dans ta vie, que tu fasses les bons choix. Pascal est un homme bien. Il t’aime. Alors arrête de jouer avec le feu, sinon tu risques de tout perdre. C’est à cause de ce genre de comportements que certains hommes hésitent à s’engager avec des mères célibataires.
Éric termine de s’habiller et attrape ses affaires avant de se diriger vers la porte. Il s’arrête une dernière fois et, sans la regarder, lui lance d’un ton neutre :
— Pense à bien fermer la porte et à laisser la clé à l’endroit habituel avant de partir.
Natacha ne répond pas. Elle reste assise sur le lit, le regard perdu, touchée en plein cœur par les paroles d’Éric.
Peut-être avait-il raison. Peut-être était-il temps de changer.
Résidence de Franck…
Monique a terminé de préparer le repas pour Franck et leur fils, un délicieux couscous accompagné de viande frite. Après avoir servi Junior, elle retourne à la cuisine pour ranger et nettoyer, prête à rentrer chez elle.
Ses gestes sont mécaniques, son esprit ailleurs. Les mots de Franck résonnent encore en elle, ravivant une flamme qu’elle croyait éteinte. Elle lutte contre ce trouble qui l’envahit, mais l’amour qu’elle a toujours porté à cet homme la rend vulnérable.
Elle est sur le point de terminer lorsque, soudain, elle sent des mains fermes se poser sur sa taille. Un frisson la parcourt aussitôt. Franck s’est approché silencieusement, collant son torse contre son dos, emprisonnant son corps contre le plan de travail. Son souffle chaud effleure sa nuque, et avant même qu’elle ne puisse réagir, il dépose une série de baisers légers mais brûlants le long de son cou.
Monique tente de se dégager, consciente du danger de cette proximité.
— Franck, non… » murmure-t-elle faiblement.
Mais son corps la trahit. Son cœur bat à tout rompre, ses jambes s’affaiblissent, et l’emprise de Franck devient irrésistible.
— Arrête de lutter, Monique… « souffle-t-il à son oreille d’une voix grave et envoûtante. « Je sais que tu en as autant envie que moi.
Ces mots glissent en elle comme un poison doux-amer. Lorsqu’elle se retourne enfin pour lui faire face, leurs regards se croisent et s’enflamment aussitôt. Un silence chargé de tension s’installe, puis, sans réfléchir, leurs lèvres se trouvent dans un baiser ardent.
C’est brutal, intense, une explosion de désir refoulé. Les mains de Franck parcourent son dos avec avidité tandis que Monique s’agrippe à sa chemise, le tirant encore plus contre elle. La chaleur monte, envahit la pièce comme une vague brûlante. À cet instant, il n’y a plus ni raison, ni interdit. Juste eux, et cette passion qui menace de les consumer.
