Chapitre 5: Les ombres de la nuit
Chapitre 5 : Les Ombres de la Nuit
La maison reposait dans une obscurité presque palpable, comme si le poids de la nuit cherchait à l’écraser. Les murs craquaient par endroits, des sons diffus, amplifiés par le silence, résonnaient comme autant de rappels de son âge avancé. Au rez-de-chaussée, une faible lumière lunaire filtrait à travers les rideaux, projetant des ombres mouvantes sur les murs du salon.
Dans sa chambre, Alice, allongée sur son lit, fixait le plafond sans réussir à fermer l’œil. Son esprit retournait sans cesse les événements de la journée : la clairière, les ombres, les craquements. Elle n’arrivait pas à se convaincre qu’il n’y avait rien. Alors qu’elle s’apprêtait à se lever pour se rendre à la fenêtre, un bruit sourd retentit, semblant provenir de l’extérieur.
Elle se redressa, ses sens en alerte. Puis, une autre perturbation se fit entendre, cette fois comme un murmure distant, à peine perceptible. Ses yeux se fixèrent sur la fenêtre, où une silhouette indistincte sembla se dessiner, mais en un instant, elle avait disparu. Paniquée, elle se précipita pour allumer la lampe de chevet, mais la lumière vacilla une fois, puis s’éteignit aussitôt.
– Non… pas ça…, chuchota-t-elle en reculant lentement jusqu’à la porte.
Dans la chambre voisine, Mélanie tremblait malgré elle. L’atmosphère de la pièce avait brusquement changé, l’air devenant glacial. Elle frotta ses bras, tentant en vain de se réchauffer. En regardant autour d’elle, elle remarqua que le miroir au-dessus de la commode semblait embué, comme si quelqu’un avait soufflé dessus.
Elle approcha lentement, tendant une main tremblante vers le verre. Une fois à portée, son souffle s’arrêta net. Une inscription à peine lisible apparaissait sur la surface embuée : "Pars".
Mélanie recula vivement, trébuchant sur le bord du lit. Elle agrippa son téléphone sur la table de nuit, mais le signal semblait absent. Seul un bourdonnement sourd émanait du combiné. Désespérée, elle courut hors de la chambre pour chercher les autres.
Au même moment, Hugo, incapable de dormir, descendit au rez-de-chaussée, grognant doucement pour lui-même. – Pourquoi j’ai accepté ce foutu week-end…, marmonna-t-il.
Arrivé dans le salon, il s’arrêta brusquement. La porte menant au sous-sol était entrouverte. Cela le fit frissonner. La dernière fois qu’il avait vu cette porte, elle était bien fermée. Il s’approcha prudemment, une main tendue pour toucher la poignée.
– Hugo, qu’est-ce que tu fais ? demanda soudain Lucas, apparaissant derrière lui.
Hugo sursauta et se tourna vers lui, le visage pâle. – Je… Je voulais juste voir pourquoi cette porte est ouverte.
Lucas le regarda, intrigué. – Tu es sûr que ce n’est pas toi qui l’as laissée comme ça ?
Hugo secoua la tête, agacé. – Tu crois que j’aurais fait ça ? Regarde autour de toi, Lucas. On sait tous que quelque chose d’étrange se passe ici.
Lucas se passa une main dans les cheveux, visiblement mal à l’aise. – D’accord… Mais si c’est le cas, on doit savoir quoi. On ne peut pas juste rester ici à attendre que les murs s’effondrent sur nous.
Les autres descendirent à leur tour, attirés par leurs voix. Mathias tenait son appareil contre sa poitrine, tandis que Mélanie s’agrippait à Alice.
– Pourquoi cette porte est ouverte ? demanda Alice, sa voix teintée d’inquiétude.
Mathias jeta un coup d’œil vers les escaliers du sous-sol, où l’obscurité semblait s’étirer comme une brume dense. – Peu importe pourquoi. Elle ne devrait pas l’être.
Lucas leva les mains, un sourire nerveux sur les lèvres. – Vous voulez juste rester là sans rien faire ? On devrait descendre et voir ce qu’il y a. Ce n’est qu’un sous-sol.
Mélanie le fixa, incrédule. – Tu es sérieux ? Après tout ce qu’on a vu aujourd’hui ?
– Justement, répliqua Lucas. Si quelque chose se passe ici, on ne va pas le fuir. On doit comprendre ce que c’est.
Alice serra les poings, hésitante. Finalement, elle hocha la tête. – Très bien. Mais si on descend, on reste groupés.
Ils s’engagèrent prudemment dans l’escalier, chaque pas amplifié par l’écho sinistre. L’air devint plus lourd, chaque respiration semblant nécessiter un effort supplémentaire. En atteignant le bas, une faible lumière de lampe torche révéla des murs en pierre et un sol recouvert de poussière, mais aussi quelque chose de plus troublant : des gravures sombres et profondes incrustées dans le sol.
Mathias éclaira les symboles avec sa lampe. – C’est… un genre d’écriture ? Non, ce sont des symboles. Mais… qu’est-ce qu’ils signifient ?
Aucune réponse ne vint. Mais alors qu’ils examinaient les inscriptions, un murmure étrange émanant des murs fit écho dans la pièce, doux au début, puis de plus en plus insistant.
Mélanie cria, se précipitant vers les escaliers. – On doit sortir d’ici ! Maintenant !
Les autres la suivirent, les cœurs battants. Lorsqu’ils refermèrent enfin la porte du sous-sol, la maison semblait de nouveau silencieuse, mais l’atmosphère était loin d’être rassurante. Une chose était certaine : cette maison gardait des secrets qu’ils n’étaient pas sûrs de vouloir découvrir.
Alors qu’ils se tenaient tous dans le salon, haletants, le silence qui suivit leur fuite semblait plus angoissant encore que les murmures du sous-sol. Mélanie essuya les larmes qui roulaient sur ses joues, son regard fixant obstinément la porte qu’ils venaient de refermer.
– C’est quoi, ça ? murmura-t-elle, presque inaudible. C’est quoi cette maison ?
Lucas se passa une main tremblante dans les cheveux, essayant de conserver son calme. Mais son sourire habituel avait disparu, remplacé par une expression inquiète.
– Je… Je ne sais pas, admit-il, pour la première fois sans essayer de minimiser la situation. Ce sous-sol… ces symboles… On devrait peut-être… appeler quelqu’un, un propriétaire, ou… Je ne sais pas.
Hugo éclata de rire, mais c’était un rire sec, presque hystérique. – Appeler quelqu’un ? Avec quoi ? Le téléphone est inutile ici, et on n’a aucun signal. On est coupés de tout.
Alice, qui n’avait pas encore dit un mot, ferma les yeux pour rassembler son courage. Puis, d’une voix tranchante, elle déclara : – Si on reste ici, on ne s’en sortira pas. On doit partir. Peu importe si c’est en pleine nuit, mais rester… c’est courir à notre perte.
Mélanie acquiesça rapidement, les mains toujours serrées contre son visage. Mais Lucas secoua la tête, sa voix montant légèrement. – Partir ? Partir où, Alice ? En pleine nuit, dans ces bois ? Et si quelque chose nous attend là-bas ? On n’a aucune garantie que c’est plus sûr dehors.
Le silence retomba. Tous semblaient à court d’idées, pris au piège par leurs propres peurs et les limites imposées par cette maison. Mathias, toujours silencieux, ajusta ses lunettes et murmura : – Il y a quelque chose dans ce sous-sol. Et je crois que… que cette chose ne veut pas qu’on parte.
Ils échangèrent un regard inquiet. Aucun d’eux ne voulait admettre que Mathias avait probablement raison.
Soudain, un grincement retentit au-dessus d’eux, suivi par un bruit lourd, comme si quelque chose – ou quelqu’un – venait de traverser l’étage supérieur. Mélanie étouffa un cri, et Hugo attrapa instinctivement une lampe à huile posée sur la table.
– C’était quoi, ça ? siffla-t-il entre ses dents.
Lucas fixa le plafond, son visage blême. Cette fois, il n’y avait plus aucun doute : ils n’étaient pas seuls dans cette maison.
