18

Stiles se précipita hors de la classe où il avait passé son heure de retenue et sauta à bord de sa Jeep. Il avait réfléchit pendant tout ce temps sans activité et une chose importante l'avait frappé.

Pourquoi Peter avait disparu juste quand la pleine lune arrivait ? Et comment pourrait-il se débrouiller seul avec son problème de contrôle ?

-J'espère qu'il n'a pas remis sa stupide idée sur le tapis.

L'adolescent priait pour ne pas retrouver le cadavre de Peter lorsqu'il arriverait chez lui.

-Et s'il l'avait fait dans la forêt ? Personne ne le cherchera jamais. Mais un chasseur aurait très bien pu le tuer et je n'en saurais jamais rien. Ou alors il est partit sans me dire au revoir ? Et s'il m'évitait juste ? Mais pourquoi il m'éviterait ? Peut-être à cause de…

Stiles fit une brusque embardée en repensant à la dernière fois qu'il avait vu Peter.

-Merde ! Et si c'était à cause de l'espèce de baiser avorté ? Enfin je me suis peut-être juste fait un film aussi. Raaaah mes hormones !

Tout à ses fantasmes, Stiles ne remarqua pas tout de suite qu'une vieille dame traversait la route et lorsqu'il l'aperçut il freina brusquement.

Sa Jeep s'arrêta à moins d'une dizaine de centimètres de la vieille femme et il soupira de soulagement.

-J'ai failli tuer une mémé. Une pauvre mémé. Je suis un monstre.

Stiles frappa l'arrière de son crâne sur son appui-tête.

-Réveille-toi un peu Stiles.

-PS-

-Et n'oubliez pas notre grève de la semaine prochaine.

-Ouais, ouais, c'est ça, marmonna Peter.

Le loup-garou descendit de son bus avec soulagement, il était à Beacon Hills. Enfin.

Il serra la lanière de son sac dans son poing et marcha rapidement vers son quartier. Son immeuble apparut bientôt devant lui et il remarqua que la Jeep de Stiles était garée devant chez lui. Et son propriétaire l'attendait de pied ferme dans son allée.

-Il n'a pas l'air de bonne humeur.

Stiles aperçut enfin le loup-garou et son expression angoissée disparut.

-Tu es vivant ! S'exclama l'adolescent en courant vers l'adulte. Je me suis fait un sang d'encre ! T'étais où espèce de-

Le soulagement laissa place à la colère sans que Peter n'en comprenne la raison. Une claque s'abattit sur sa joue d'un seul coup sans qu'il ne l'ai vu venir et il posa sa main sur son visage en ouvrant de grand yeux stupéfait.

-Euh…J'ai fait quoi pour la mériter celle-là ?

-Tu as disparu pendant 48h sans signe de vie ! Rien ! Pas un message, commença à crier l'adolescent, J'étais mort de peur tout à l'heure en imaginant les pires scénarios et toi tu reviens comme une fleur après t'être envoyé en l'air avec je sais pas quelle p- fille !

-Ah ? Mais non je-

-Mais non quoi ? Tu pues le parfum pour femme et je vois d'ici le rouge à lèvre que t'as sur ton col.

Je rêve où il me fait une crise de jalousie ? En tout cas ça y ressemble vachement.

Peter sourit à cette pensée et Stiles le prit mal. Il voulut recommencer à crier son mécontentement mais un voisin ouvrit sa fenêtre.

-C'est pas bientôt fini ces scène de ménage ? On veut pas connaître vos problèmes de couples, cria le même voisin que la dernière fois qui ponctua sa phrase d'une belle parole, merde à la fin !

La fenêtre se referma et un silence lourd s'installa entre Stiles et Peter. L'adolescent ne savait plus où se mettre.

-C'est pas ça, dit-il pour se rattraper, tu fais…ce que tu veux…de ta vie. Mais t'aurais pu me prévenir…quand même. Je me suis vraiment inquiété.

-La prochaine fois je passerais te voir avant de partir.

-C'est pas la peine, dit Stiles en se retournant le cœur brisé. Tu as ta vie. Tu peux voir ta copine si t'en as envie. Ça ne me regarde pas. Au revoir.

L'adolescent marcha vers sa voiture la tête basse. Il avait été tellement bête de croire que le loup-garou pouvait lui retourner ses sentiments. Il avait juste rêvé.

-Stiles, attends !

Peter rattrapa l'humain et se posta face à lui. Il sentait que son contrôle n'allait plus tenir longtemps.

-Je n'ai pas de copine et-

Le loup commençait à prendre le dessus. Ses yeux changèrent de couleur à la plus grande peur de Stiles.

-Peter, tes yeux ! Mince, la pleine lune. Il faut te trouver un endroit où tu puisses être en sécurité.

-Plus le temps, grinça le bêta qui sentait sa transformation débuter. Aide-moi à rentrer.

Stiles s'exécuta et accompagna le loup-garou jusque dans son appartement.

-T'as quelque chose pour t'attacher ou quelque chose d'autre ? Paniqua Stiles en gigotant dans tous les sens. Réponds, dis quelque chose !

L'adolescent ferma tous les volets et la porte d'entrée à double tour même s'il savait que c'était parfaitement inutile.

-Qu'est-ce que je peux faire ?

-Dégage, grogna Peter.

Malgré l'urgence et la gravité de la situation, Stiles ne voulait pas laisser le loup-garou seul. Il ne pouvait tout simplement pas l'abandonner dans cet état.

-Dis-moi comment je peux t'aider ! Insista l'humain. Il faut peut-être que je te change les idées, non ? Ça marche avec Scott la plupart du temps. Mais je ne vais pas te parler d'Allison- Boulette.

Peter se retourna vers Stiles en grognant. Comment pouvait-il oser parler d'une Argent ?

-Oh non… Faut toujours que je sorte des conneries.

Le loup-garou perdit le contrôle et Stiles le vit se transformer sous ses yeux.

-Ah, je ne suis pas sûr de vouloir utiliser la même méthode que la dernière fois vu la taille de tes crocs, grand méchant loup. Tu parles plus ? Tu vas me manger ? Je te le dis tout de suite, hein, mais je suis pas comestible. Une sombre affaire de viande maigre tu vois ? Et- et si tu pouvais reculer un peu ta tête pleine de dents de ma gorge ça m'arrangerait. Oh mon dieu, il va me bouffer. Et c'est quoi ce délire de toujours me plaquer quelque part ? L'autre c'est les murs et toi c'est le parquet. Vous êtes vraiment une famille…biz…arre ? Tu- tu me renifles ou je rêve ?

A quatre pattes au-dessus des jambes de l'adolescent, Peter avait en effet planté son nez dans le cou de Stiles.

-Il va vraiment me bouffer tout cru, souffla la voix blanche de l'humain qui restait pétrifié de terreur. Oh mon Dieu. Je suis trop jeune pour mou-Oh mon Dieu. Il vient de me lécher là, non ? Si si j'ai pas rêvé, il m'a léché. Peter, tu voudrais pas genre, arrêter maintenant ? C'est bien mignon que tu me léchouilles mais moi j'ai vachement peur là. Je rigole pas. Peter, arrête. Bon, en même temps c'est plus sympa que de se faire démembrer mais ça commence à devenir gênant. Surtout quand j'ai le parfum de pouf en plein dans le nez.

Le loup-garou se calmait doucement grâce à la voix, même légèrement paniquée, de Stiles et de son odeur si apaisante. Il posa ses lèvres, dont les crocs dépassaient, dans le cou de l'humain. Stiles déglutit difficilement en se demandant avec crainte quand est-ce qu'il se ferait mordre puis se viderait de son sang.

-T'as l'air d'être un gentil loup pour l'instant, dit l'hyperactif d'une voix soulagée. Même un louveteau. C'est mignon en fait.

Il se détendit et soupira dans les cheveux du loup-garou. Après une hésitation et un long moment d'immobilité, Stiles osa poser sa main sur l'épaule de Peter qui n'eut aucune réaction.

-Ouf…Peter ? T'es de retour ?

L'aîné avait effectivement reprit le contrôle sur son loup mais il ne voulait pas en informer l'humain. Il ne savait pas si Stiles le repousserait ou non en sachant qu'il était de nouveau lui-même et il avait très envie de rester contre l'adolescent un petit plus longtemps.

Je me demande ce qu'il va faire maintenant.

-Apparemment pas, conclut Stiles en remontant sa main dans les cheveux du bêta. Bon bah je sens que je vais bientôt avoir des fourmis dans les jambes et dans les fesses mais c'est pas grave. Au moins ça veut dire que je suis vivant et c'est cool. Si je bouge est-ce que tu vas mal le prendre ou… ?

Peter grogna et Stiles s'arrêta dans son mouvement.

-Okay, la réponse est claire. T'as l'air de comprendre ce que je dis, c'est déjà ça. Mais ça change rien à mon problème de fourmi et-Ah !

Le loup-garou encercla la taille de l'adolescent avec ses bras et l'assit sur ses genoux.

-Eh merde, j'aurais mieux fait de me taire. Putain de bordel de merde…Stiles, non. Stop. Oh mon Dieu, c'est quoi ce karma de merde ? Faites qu'il ne comprenne rien à ce que je dis en fait. Ou qu'il ne se souvienne de rien du tout demain matin. Oh non. Peter ? Tu pourrais te trouver un autre doudou s'il te plaît ?

Stiles paniquait réellement.

Qu'est-ce qu'il lui prend ? C'est à cause de la dernière fois ? Ah mince j'avais oublié ce détail.

-Stiles…

-Peter ? T'es de retour ? Tu peux me lâcher ?

-Deux secondes.

-Hum…Toute façon j'ai pas vraiment le choix.

Peter prit une grande inspiration pour s'imprégner de l'odeur de l'adolescent.

-Tu ne peux pas savoir comme tu es apaisant…

-C'est pas ce qu'on me dit d'habitude. Ça va mieux ?

-Je crois.

Le loup-garou quitta à regret son refuge sans toutefois lâcher Stiles qui n'osait pas le regarder.

-Merci.

Stiles sursauta.

-C'est bien la première fois qu'un loup-garou me dit merci.

-Je sais.

L'adolescent sourit.

-Tu pourrais me libérer maintenant, non ?

Peter ne put s'empêcher de grogner.

-Oui.

Stiles se laissa glisser des genoux du loup-garou qui l'observa se lever sans bouger. La chaleur des bras de l'adolescent lui manquait déjà atrocement. Il aurait voulu que ce petit moment privilégié ne s'arrête jamais.

-T'es toujours aussi câlin quand tu te transformes ou c'est moi ? Lâcha Stiles en se frottant le cou. C'est flippant et mignon à la fois. Je ne sais pas trop ce qui prend le dessus.

Peter resta assis à même le sol et observa l'humain gigoter dans tous les sens en faisant les cent pas dans le salon.

-Et maintenant ? Qu'est-ce qu'il va se passer ? Tout est réglé ?

-Bien sûr que non, répliqua l'aîné. Tu m'as calmé pour un temps seulement. Je peux me retransformer à n'importe quel moment.

-Ah c'est problématique. Et tu crois que si je reste ça pourrait aller ?

Peter haussa les épaules alors qu'il savait très bien que la réponse était oui.

-Alors il ne reste plus qu'une chose à faire.

Stiles sortit son portable de sa poche et pianota dessus quelques minutes tout en continuant marcher.

-Voilà, maintenant plus un bruit, OK ? Alors voyons voir…

L'hyperactif colla son portable contre son oreille et attendit que son interlocuteur décroche.

-Allô papa, c'est Stiles, ton fils bien-aimé… Oui celui-là… Euh… Je suis avec Scott… Mais bien sûr que c'est la vérité ! T'as qu'à lui demander… Non, là il est aux toilettes… Je t'assure que c'est vrai !... Bon je passe la nuit chez lui… Je suis toujours sage !... Oui moi aussi… Bonne nuit.

L'adolescent raccrocha avec un grand sourire et se tourna vers son hôte.

-Bon, soirée pizza ?

-PS-

Scott prit une pause dans la partie de carte qu'il faisait contre Derek et Isaac et en profita pour vérifier son portable.

De Stiles à moi :

«Bonsoir p'tit loup des bois enchantés, si mon père te demande où je suis, dis-lui que t'es avec moi à une petite soirée privée ou je sais pas quoi. S'il te plaît mon frère ! Tu serais le meilleur ami du monde ! Passe une bonne soirée avec tes copains poilus !»

Le bêta secoua la tête en souriant.

-Quelle énergie. Il est sûrement avec…

Il pouffa et envoya une rapide réponse à son ami.

-PS-

-Dis, commença Stiles en prenant une bouchée de sa pizza, je peux te poser deux questions ?

-Vas-y.

-Est-ce que les loups-garous peuvent avoir mal au dos ?

-Pourquoi cette question ?

-Curiosité professionnelle.

-D'où tu vois qu'elle est professionnelle ?

-Roh, laisse-moi dans mon délire.

-Oui.

-Hein ?

-Oui on peut avoir mal au dos. Comme tout le monde.

-Mais tout le monde ne peut pas survivre à une balle dans le corps, rétorqua l'humain.

-Y en a sûrement plus que tu ne le penses. Bon, et ta deuxième question ?

-Bah t'y as déjà répondu.

-Je deviens sénile ou quoi ?

Stiles lui répondit par un petit rire et se leva.

-Je vais chercher à boire.

Peter profita de l'absence momentanée de l'adolescent pour lui piquer sa part de pizza.

-Hey ! Espèce de voleur !

Le loup-garou se mit à rire en avalant le dernier morceau de pâte.

-Je t'avais prévenu, menaça Stiles en remontant ses manches. Pour les Stilinski la pizza c'est sacré. Personne n'a le droit de manger la pizza d'un Stilinski sous peine d'une mort atrocement douloureuse et sadique.

-Et tu comptes me faire quoi ?

-Ha ha, tu verras bien.

-Ouh j'ai peur, le railla l'aîné d'une voix calme.

-PS-

Stiles criait à Peter de s'arrêter. Il suppliait l'aîné à travers ses larmes de tout stopper. Il s'avouait vaincu.

-Je t'en prie Peter ! Je tiens-Ah ! Plus…

Le loup-garou, qui riait discrètement, lâcha enfin sa victime couchée au sol qui tentait de reprendre une respiration normale à travers ses hoquets.

-De nous deux c'est toi le pire des gamins, dit l'humain en essuyant ses larmes avec ses manches. Franchement ce n'est pas juste que tu ne sois pas chatouilleux.

-Moi je trouve ça très drôle que tu le sois, rétorqua Peter avec un sourire amusé.

-Et gna gna gna ! Bougonna Stiles en s'asseyant en tailleur à côté de l'aîné sur le canapé.

-Fais pas la tête, le taquina Peter.

-Je ne fais pas la tête. Je boude.

-C'est la même chose.

-Non, si je fais la tête c'est que je t'en veux et si je boude c'est que je montre mon mécontentement.

-Ah, je n'avais pas saisi la nuance. Au moins maintenant je le saurais pour la prochaine fois.