chapitre 3
Chapitre 3
Le silence dans la salle était lourd, tranchant comme une lame, étiré jusqu’à ce que le moindre bruit devienne une agression. Personne ne voulait bouger, personne ne voulait respirer trop fort. Il était là, assis au bout de la table, son regard glacial fendant l’air comme un poignard. Xander Draymore n’avait rien à prouver, et pourtant tout en lui criait domination.
Irina entra, le menton haut, ses mains crispées en poings. Elle n’avait aucune idée de ce à quoi s’attendre, mais elle savait une chose : elle ne pouvait pas se permettre de flancher. Pas ici. Pas devant lui. Elle s’installa en face de lui, sans attendre qu’on lui indique une place. Ses gestes étaient contrôlés, presque mécaniques. Elle sentait le poids de ses yeux sur elle, analysant chaque mouvement, cherchant une faiblesse à exploiter.
Il ne parla pas immédiatement, laissant le silence devenir son arme. Finalement, il se pencha légèrement en avant, posant ses coudes sur la table. Sa voix était basse, mais chaque mot portait une menace implicite.
— Alors, c’est toi, la grande héritière BloodMoon ?
Elle soutint son regard, refusant de céder.
— Et toi, c’est quoi ? Un tyran déguisé en homme d’affaires ?
Un éclat d’amusement traversa brièvement son visage avant qu’il ne reprenne son masque d’indifférence. Il n’était pas habitué à ce qu’on lui parle sur ce ton, encore moins une gamine de dix-huit ans.
— On t’a prévenue que jouer avec le feu, ça brûle ?
Elle haussa les épaules, feignant l’insouciance.
— Peut-être que je préfère ça au froid.
Un frisson parcourut la pièce, et ce n’était pas à cause de la température. Même les avocats et conseillers présents, censés superviser cette rencontre, semblaient vouloir se fondre dans le décor. Mais Irina n’en avait rien à faire. Elle n’allait pas se laisser écraser par cet homme, peu importe à quel point il pouvait être intimidant.
Il la fixa un moment, cherchant quelque chose dans son expression. Une faille, un tremblement. Mais il ne trouva rien. Ça l’agaçait. Il n’aimait pas perdre le contrôle, et cette fille avait l’audace de se tenir là, face à lui, comme si elle était son égale.
— Écoute, dit-il finalement, je vais être clair. Ce mariage n’a rien à voir avec toi. Rien. T’es juste un pion qu’ils ont placé sur mon échiquier.
Elle s’appuya contre le dossier de sa chaise, croisant les bras.
— Et toi, alors ? T’es quoi dans cette histoire ? Un roi coincé ou un fou déguisé ?
Il serra la mâchoire. Sa patience, déjà mince, s’effilochait à vue d’œil.
— Je suis celui qui décide comment le jeu se termine.
Elle éclata d’un rire sec, presque méprisant.
— Sérieusement ? Tu te prends pour un maître du monde, mais au final, tu joues leur jeu autant que moi. La différence, c’est que moi, je n’ai pas peur de le dire.
Son regard se durcit.
— Fais attention à ce que tu dis.
Elle planta ses yeux dans les siens, défiant cette autorité qu’il semblait croire naturelle.
— Pourquoi ? Tu vas faire quoi ? M’écraser comme tous les autres ? Bonne chance, parce que je ne suis pas comme eux.
Le silence retomba, cette fois encore plus oppressant. Il savait qu’il pourrait briser cette fille si facilement. Une menace bien placée, une pression suffisante, et elle s’effondrerait comme les autres. Mais il sentait quelque chose en elle, une rage, une détermination qu’il n’avait pas vue depuis longtemps. Ça l’irritait autant que ça l’intriguait.
— T’as du cran, dit-il enfin, mais le cran ne te mènera pas loin avec moi. Ce mariage, tu vas le détester, et je vais m’assurer que tu regrettes chaque seconde.
Elle se pencha en avant, ses mains à plat sur la table.
— Fais ce que tu veux. Mais je te préviens, si tu essaies de me briser, prépare-toi à des dégâts collatéraux, parce que je ne partirai pas sans me battre.
Un léger sourire effleura ses lèvres. Pas un sourire aimable, mais quelque chose de sombre, de presque appréciatif.
— Intéressant. Peut-être que ce sera moins ennuyeux que je ne le pensais.
Il se leva, mettant fin à la réunion sans attendre d’approbation. Les autres dans la pièce restèrent figés, incertains de ce qu’ils venaient de voir. Ce n’était pas une simple confrontation. C’était le début d’une guerre froide, et ils savaient tous les deux qu’elle allait être brutale.
Quand il quitta la salle, Irina sentit son souffle s’échapper dans un long soupir. Ses mains tremblaient légèrement, mais elle les serra pour retrouver son calme. Elle ne savait pas si elle avait gagné ce premier round, mais une chose était sûre : elle n’allait pas reculer. Pas maintenant. Pas face à lui.
