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08

contre toute attente, le lendemain matin elle est venue me lever

- lève-toi ! on retourne là-bas prendre tes affaires !

joel est resté avec les petits et quand nous sommes arrivés, le portail était encore fermé. j’ai sonné et c’est un arthur au calme olympien qui est venu nous ouvrir.

- bonjour arthur

- bonjour ma’a

- on peut entrer chez toi ?!

il a juste décalé genre je vous en prie. elle s’est avancée, je la suivais et arthur fermait le cortège. sa mère nous attendait déjà les mains aux hanches dans mon salon. ma mère lui a froidement dit bonjour auquel elle a répondu aussi froidement prête à la riposte. ma mère s’est tournée vers moi

- magguie

- maman…

- tu dis que tu ne veux plus dormir avec ton mari pourquoi ?

- demande-lui bien cathé ! je n’ai jamais vu ça ! je suis chez mon fils la maison qu’il paie la femme qu’il entretient parce qu’il lui demande d’assumer son rôle d’épouse ça devient une affaire d’etat ?!

- téclaire laisse la petite s’exprimer ! dis ma mère

- arthur tu ne voudras pas que je dise tout haut les raisons de mon refus. tout ce que je te demande c’est qu’on en parle à tête reposée et à huis clos. mais tu m’as jetée dehors comme une malpropre !

- l’autre là même je n’ai pas digéré. je t’ai accepté comme mon propre fils arthur alors que tu détournais ma fille du droit chemin. pour qu’aujourd’hui elle soit ainsi traitée chez toi ?! si elle se faisait agresser ? si elle se faisait violer ?! chassée de sa propre maison en tenue légère et déchirée ? ses pères doivent entendre ça ! je n’ai certes plus de mari mais ma fille a encore ses oncles

- ah khol ma miss (quitte devant mes yeux) ! moi je dis il a même été gentil mon fils ! il a détourné quoi sur ta fille qu’elle-même n’avait pas déjà commencée ?! je le dis haut et fort il devait bien la bastonner même

- arthur tu laisses ta mère parler à ta femme ainsi ?

- [il baisse la tête] …..

- arthur je t’ai posé une question !

- tout le français que l’autre ci nous sort c’est même pourquoi ? tu as ramené ta fille ici pourquoi ? ils se sont mariés qu’ils ne peuvent pas divorcer ? arthur l’enfant ci te commande dans ta maison. je dis non ! je viens m’installer ici. ca va s’arrêter là

- magguie lève-toi et va chercher tes affaires. il ne t’a pas trouvé dans la rue. s’il veut vraiment de toi il saura où te trouver

- c’est ça prend ta fille et ramène-là chez toi ! on aura tout vu avec la jeunesse de maintenant

j’ai pris l’essentiel de mes affaires et celles des enfants et maman et moi sommes parties. sans un mot. le chemin du retour s’est fait en silence et de façon très tendue. maman s’est faite insistante

- bon magguie, depuis là j’ai essayé du mieux que je peux de ne pas faire de l’ingérence dans ta vie de couple. j’ai tout fait pour être une maman tant pour toi que pour ton mari. mais là vu que sa mère ne protège que les intérêts de son fils je pense qu’il est de mon devoir de mère et de père de protéger les tiens ! qu’est ce qui se passe exactement avec ton mari ?

- …….

- lui il se confie à sa mère tu devrais en faire autant. quel est le problème avec ton mari et toi dans la chambre : tu peux tout me dire

- maman c’est difficile à dire… j’aurais vraiment aimé parler avec lui et arranger ce problème mais comme je te l’ai expliqué quand je suis arrivée à pas d’heure ici hier il n’a même pas voulu qu’on en parle et a voulu abuser de moi.

- quel est donc ce problème dont tu ne peux pas parler ?

- ……

- messi comment tu veux que je t’aide si toi-même tu ne t’aides pas ?

- maman laisse-moi d’abord discuter avec lui ensuite je te dirai

- tu l’as vu comme quelqu’un qui veut discuter ? en tout cas tu ne sors pas d’ici sans assise familiale. il va aussi comprendre que mon enfant ne tombe pas du ciel !

une fois à la maison j’ai essayé de réorganiser ma vie du mieux que j’ai pu en demandant à anita de venir plutôt du côté de chez maman. la distance même entre la maison de maman et l’école des enfants c’est toute une autre organisation. heureusement que le 3e trimestre ne met pas long. je ne sais pas où je vais mais je serais très certainement fixée d’ici la prochaine rentrée scolaire. je ne prends juste pas de décision hâtive. naturellement chacune de mes sœurs s’en est mêlée. je n’ai toujours rien dit à personne. hono la plus virulente lui a promis la mort de ses propres mains à son prochain séjour ici. alma ne veut plus en entendre parler. mes frères alors ont perdu toute leur estime du personnage.

un mois plein passe ainsi où mes sœurs m’ont même envoyé de l’argent pour que je me mette à une activité définitive et que je sorte de ce système. je n’ai jusqu’ici aucune nouvelle d’arthur qui ne cherche même pas à avoir des nouvelles de ses enfants. je comprends qu’il est dans sa spirale de non acceptation de sa maladie. il ne mourra pas avec moi !

un matin alors qu’on sonne j’envoie anita ouvrir

- mme c’est un papier pour vous.

elle me le tend et il s’agit d’une sommation de retour au foyer conjugal. le monsieur est juste derrière elle.

- bonjour mme, je suis m. melvis yogo je vous prie signer en bas de la page svp…

- hum ! ai-je dis tout haut

je suis rentrée à l’intérieur de la maison trouver maman je lui tends le document

- c’est quoi ?

- lis toi-même

- hum ! il est sérieux hein !

- je dois le décharger

- oui, il faut le décharger

je signe en bas de page et je remets le coupon là au monsieur qui s’en va.

- tu ne veux toujours pas me dire quel est ton problème avec ton mari messi ? aux yeux de la loi il a raison dans sa procédure.

- c’est devant cette même loi que je lui donnerai tort… laisse !

- mais je vais quand même convoquer un conseil de famille. vous ne vous êtes pas seulement mariés à deux, vos pères étaient là et ont béni votre union. s’il est dit que ça doit se terminer entre vous, ils ont le droit de le savoir. depuis là je ne sais même pas si papa jean est au courant de ce que sa femme et son fils font. il est grand temps que la grande famille se rassemble sur votre cas

(….)

il est 20h et tous les sièges du salon de ma mère sont occupés. la dernière fois qu’il y’a eu un rassemblement de cet ordre chez nous c’était dans l’optique de mon mariage avec arthur, aujourd’hui c’est notre séparation qui les ramène tous. j’observe arthur discrètement. il semble mal en point. il a perdu du poids et a le visage dévoré par l’anxiété. est-ce dû à notre différend ? est-ce dû à l’acceptation de son statut ? est-ce qu’il a rencontré des problèmes au travail à cause de ses récents écarts ? c’est triste mais je continue de m’inquiéter pour lui. il reste le mec à qui j’ai donné ma virginité et le seul que j’ai connu en pratiquement 10ans. tous mes repères tout ce que je sais de la vie avec un homme fusse-t’il le petit ami le fiancé le mari le père des enfants je l’ai découvert en son contact. j’aurais même bien pu rester avec mon mari à condition qu’il se range enfin et qu’ensemble nous rencontrions un médecin qui nous dise comment avancer malgré cette maladie. je ne comprends vraiment pas qu’il ait laissé que les choses aillent aussi loin. vraiment je ne comprends pas.

- je suis vraiment navré de constater les circonstances qui nous rassemblent ici ce soir

dit papa jean, mon beau père. un homme sans histoire qui préfère sa vie en campagne plutôt que de venir squatter en ville comme sa femme qui prend son fils pour son mari là. mes deux oncles frères de mon père papa mathieu et papa simon sont là, ainsi que le frère aîné à ma mère papa emile. arthur, maman téclaire et ses deux sœurs ange et mélanie aussi. chacune tire la tronche là on dirait pingouin et me lance des regards haineux en me tchippant dès que possible

- comme la vraie personne qui porte la culotte dans la famille zogo c’est toi teclaire, vous allez donc m’expliquer ton fils, tes chères filles et toi comment vous en êtes arrivés à mettre l’enfant d’autrui, orpheline de son état hors de son foyer conjugal à minuit ?

- il était 23h à peine jean !

- et tu vois une différence là téclaire ?

- ah ka ! papa tu défends même quoi là ? une petite arriviste comme ça là qu’arthur a sorti du trou. rouspète ange, l’une de mes belles-soeurs

- mme njike il me souvient que dans sa maison je suis entré deux fois déjà porté mes petits enfants toi tu t’es mariée pour remplir juste le cabinet en marbre de ton mari. le respect si tu ne connais pas tu la fermes !

- jean ça veut dire quoi que tu parles comme ça à l’enfant devant les étrangers ?

- téclaire ces gens ne sont pas des étrangers. il s’agit de notre belle famille devant dieu et devant les hommes. par ailleurs ça suffit ! femmes taisez-vous ! un seul mot de plus et je vous fais sortir d’ici. arthur je t’écoute : pourquoi avoir chassé ta femme de la maison à minuit ?

- wèèèèè jean a né ya (c’est comment) ?! il était 23h seulement…. interviens de nouveau maman téclaire

- [papa jean sur un ton péremptoire] mets toi dehors !

- zaa (pardon) ?

- téclaire si je me répète tu vas me méconnaître. sors d’ici tout de suite !

- papa ça veut dire quoi que tu embarrasses maman devant les gens ? si elle sort je pars avec elle et elle vient chez moi ne viens pas la chercher là-bas !

- la sottise dans cette famille ne vient que des zang. sortez donc ma fille. tu n’as peut-être jamais remarqué que je n’ai jamais mis les pieds chez toi ? ça ne me pose pas de problème. je ne fréquente pas des hommes compliqués. prend ta mère et sortez. tu as choisi ta voie, ta mère t’y a soutenu mordicus, 4 ans plus tard qu’elle continue de te soutenir, n’allez pas seulement dans les maternités voler les bébés des gens. on entend ça ici tous les jours.

j’ai pouffé de rire ! c’est vrai qu’ange du haut de ses 32ans n’a pas d’enfants. elle est mariée depuis 4 ans à un homme riche de la région de l’ouest mais nous avons entendu des rumeurs comme quoi il serait sectaire et aurait attaché son ventre mais bon, les qu’en dira-t’on ce n’est pas vraiment mon dada. mélanie par contre n’a pas beaucoup de chance avec les hommes. elle est déjà maman de 3 enfants avec deux pères différents et vit avec le papa du dernier et tous les enfants à yaoundé.

- arthur, je t’ai posé une question. sois un homme et sors des jupes de ta mère. quel est ton problème avec ta femme ici présente ?

- hem hem. bonsoir tout le monde….

- ……..

- je n’ai pas de problème en particulier avec mon épouse ; elle a quitté le domicile conjugal il y’a plus d’un mois à la suite d’une dispute et je lui ai même adressé une sommation de retour au foyer conjugal et à ce jour elle n’est toujours pas rentrée

- hum !

- calme-toi magguie ce n’est pas encore ton tour de parler ! me somme ma mère

- et quel était l’objet de la dispute mon fils ?

- l’objet de la dispute papa ?

- je parle bien français ici ou bien ?

je vois monsieur mon mari qui se met à gigoter mal à l’aise sur son siège

- ah papa ! je lui ai juste demandé de remplir son rôle d’épouse ce soir là et elle s’est refusée à moi

- vraiment ! elle est donc mariée pourquoi si ce n’est pas pour satisfaire son homme ?! dit maman téclaire

- tu es encore là ? ne vous ai-je pas demandé à ta fille et à toi de sortir d’ici ?

- tsiiuuuppp !!! maman ! viens on s’en va ! on ne va pas se laisser insulter ainsi pour une connerie pareille !

- ange c’est moi ton père tu appelles connerie ?!

hum ! papa jean est debout et semble hors de lui ! ce sont mes oncles qui le calment en lui tenant la main tandis que pour la première fois je vois meuma téclaire craindre une situation et sortir rapidement de la pièce en tirant sa fille par la main qui la suit en tirant la tronche. maman tape juste dans ses mains pour montrer qu’elle est dépassée par ce que ses yeux vivent et ce que ses oreilles entendent. mélanie jusqu’ici restée en retrait se rapproche de son frère et lui souffle quelque chose à l’oreille. pour la première fois depuis longtemps le regard d’arthur rencontre le mien. son regard est fuyant, gêné.

- bon, nous pouvons reprendre où nous nous sommes arrêtés. arthur si j’ai bien compris ta femme est partie de la maison à la suite de son refus d’assumer son rôle d’épouse c’est bien cela ?

- oui papa c’est bien cela

- hum ! dis-je encore

- magguie tais toi ! me dit ma mère

- c’est déjà arrivé dans le passé mon fils ?

- comment ?

- je ne parle pas en français facile zogo ? je demande si j’ai déjà arrivé dans le passé

- … non

- ok. pourquoi ne pas avoir cherché à comprendre la raison de son refus ?

- ……

- pourquoi l’avoir laissé s’exposer aux dangers de la nuit ce soir là ?

- ……

- tu ne sais pas que le mari c’est aussi le père de son épouse ? sa famille ses oncles ici présents te l’ont confié. s’il lui arrivait malheur ce soir là tu aurais expliqué à sa famille que tu ne l’as pas retenu pourquoi ?

- ………….

- bien ! magguie pourquoi avoir refusé d’assumer ton rôle d’épouse ce soir là ?

tous les regards convergent vers moi

- …. arthur sait pourquoi. et il sait très bien que cette situation ne peut être gérée que par nous deux. je n’ai pas voulu impliquer la famille. j’ai voulu discuter avec lui ce soir là et il m’a jeté dehors comme une malpropre à pas d’heure. avec ma nuisette déchirée. si ma voisine ne me prêtait pas le kaba c’est que j’arrivais ici la nuit là en tenue légère et déchirée.

- eeeee âna ! mon enfant que j’ai accouché ! dit maman

- mes beaux frères l’un de vous a-t-il quelque chose à dire ? demande papa jean

- moi oui. dit papa mathieu qui poursuit : nous vivons une ère qu’il faut attraper au vol sinon on est déconnecté. une femme ne se refuse pas à son mari par pure fantaisie au point où il essaie de la prendre de force. et le fait que cette enfant ne nous dise pas clairement pourquoi elle se refuse à son mari signifie qu’il y’a un problème profond que les deux ne veulent pas nous exprimer. arthur tu es notre fils à tous ici présent. on t’a vu évoluer auprès de notre fille. vos enfants sont encore très jeunes pour subir les conséquences d’actes irréversibles alors je ne veux pas en savoir plus vraiment moi mes frères et beau frère si vous me demandez mon avis laissons ces deux enfants seuls un moment et parler de leur avenir. mais je tiens à préciser ceci à l’un comme à l’autre : ne pas commettre un acte irréversible. toujours réfléchir dans l’intérêt des enfants. j’ai dit ma chose

- je te rejoins entièrement. rajoute tonton simon. je pense qu’il se passe quelque chose de sérieux laissons-les causer

- bon arthur vous pouvez donc aller vous concerter ton épouse et toi et dans deux jours nous nous retrouvons de nouveau ici pour décider ensemble de comment aborder votre avenir ?

- ……….

- moi je veux bien. c’est tout ce que je demande depuis là à arthur. dis-je

- bon cathérine pendant que les enfants discutent là sers nous alors ton hérisson là. je suis venu avec du bon vin de palme

papa simon lui est un chef ambiance et bouffe ! toujours le mot pour détendre l’atmosphère et son rire est toujours haut et gras. je me lève donc, suivie d’arthur et nous sortons nous installer dans la cours. le silence règne quelques instants avant qu’il ne se décide à prendre la parole

- je vais me soigner à l’indigène. on m’a parlé d’un type du côté de l’est qui a déjà guéri des gens porteurs de cette maladie

- arthur ce sont des vendeurs de rêve ces gens là… tu dois consulter un médecin qui va examiner ton taux de cd4 et identifier exactement le stade auquel tu es. des gens vivent longtemps avec cette maladie, tant qu’ils suivent une hygiène de vie saine.

- on verra…..

- tu n’as pas cherché tes enfants pendant plus d’un mois arthur

- ….

- ta fille est très en colère après toi

- ca lui passera ! ce n’est qu’une gamine.

- je ne pense pas… mais dis-moi, qu’est ce qui t’a poussé à te faire dépister ?

- c’est cette conne de maéva qui doit m’avoir infecté. elle est vraiment enceinte et son test est positif. elle me l’a dit et je suis allé me faire examiner aussi.

- je croyais que vos rapports ont toujours été protégés ?

- y’a bien une ou deux fois où on l’a fait sans se protéger

il se gratte la tête, gêné.

- arthur veux-tu que tes enfants et moi revenions chez toi ?

- …. je ne sais pas. laissez-moi d’abord me soigner à l’indigène ensuite on verra

- et quelle excuse vas-tu donner au bureau ?

- je vais revenir me chercher à mon retour

- comment ça ?

- j’ai eu des problèmes finalement ils m’ont licencié

- quoi ?!

- ne parle pas fort !

- qui est au courant ?

- personne

- mais… comment vas-tu t’en sortir sans boulot ?

- je vais d’abord à l’est. je verrai à mon retour.

- ok, donne des nouvelles de temps en temps.

- tu vas dire quoi à tes gens alors ?

- que tu es en mission dans l’est du pays, c’est à ton retour que nous aviserons

- ok….

il s’est levé prestement et est retourné souffler quelque chose à son père. puis il s’est installé avec mes oncles et ils ont mangé tout gaiement. a le voir ainsi sourire, je sentais combien il était rongé par tous les problèmes auxquels il faisait face. c’est à 22h passées que son père et lui s’en sont allés. je ne savais pas ce qui m’attendait alors en laissant arthur sortir ainsi de chez mes parents

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