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chapitre 05

Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas ri de cette façon, un rire pur et libérateur. Il fixa son ami, qui se disputait avec la cuisinière à cause de ce qu'elle leur avait servi, et il éclata de rire à gorge déployée, comme si chaque éclat dissipait un peu de sa

douleur.

__ « Alors, ceux qui disent que le rire est thérapeutique avaient donc raison ? » se questionna-t-il, une lueur d'espoir illuminant son cœur lourd. Il réalisa alors qu'il s'était privé de bonheur en se torturant avec des souvenirs douloureux, des actes dont il ne se souvenait même plus.

Posant une main sur l'épaule de son ami, il lui dit avec un sourire complice :

__ « Aïe ! Vieux, calme-toi, je vais cuisiner quelque chose pour toi, si madame veut bien me laisser sa cuisine. » Il lança un clin d'œil à la cuisinière, un geste léger qui trahissait son désir de créer un moment de joie.

Nellie le fixa avec étonnement et curiosité, avant de répondre d’une voix douce mais ferme :

__ « Il n’y a rien ici comme ingrédients pour faire un bon plat, tu perds ton temps. » Son ton était empreint d'une sagesse résignée, comme si elle avait vu des rêves cuisinés mourir avant même d'être réalisés.

« Tu ouvres aussi ta bouche pour répondre, sorcière ! » s'écria King, serrant les poings, sa frustration débordant comme une vague déchaînée.

« Toi, vilain cabot, tu me parles ? » rétorqua Nellie, son regard s'embrasant d'une indignation feinte.

« À part toi, la moche et mauvaise cuisinière, tu vois une autre personne en tablier ici ? » riposta King, sa voix pleine de défi, la colère faisant vibrer chaque mot.

« Tu n'as pas osé me traiter de moche ? J'hallucine là, » rétorqua-t-elle, son ton trahissant une combinaison d'étonnement et de colère, comme si ses insécurités venaient d'être brutalement exposées.

« Euh, non, la moche, tu n'hallucines pas. Est-ce que je t'apprends quelque chose de nouveau ? Tu ne regardes pas ta tronche de banane pourrie ? » lança King, un sourire narquois aux lèvres, mais son cœur était lourd de ressentiment.

« Aïe ! Non, petit woubi, ne me cherche pas, » répliqua-t-elle, sa voix plus douce, mais toujours pleine d'une menace voilée.

« Qui traites-tu de woubi, imbécile ? » hurla King, la tension dans l'air palpable, comme un orage prêt à éclater.

« Crétin et imbécile, toi-même ! » répondit-elle, le défi dans ses yeux se mêlant à une forme de camaraderie inattendue.

« Oh là là ! Assez ! » s’écria Darwin pour les calmer, sa voix pleine d'une autorité douce mais ferme. « Vous me cassez les oreilles, et toi, King, comporte-toi en adulte.»

« Mais c'est elle qui a commencé ! » répondit-il, comme un enfant qui cherche désespérément une excuse.

Darwin secoua la tête avec un sourire amusé et se tourna vers Nellie. « Laissez-moi le constater seul, » dit-il en s'éloignant, sentant le besoin de rompre cette tension avec un geste de légèreté.

Elle le conduisit jusqu'à la cuisine, et en l'examinant, il réalisa qu'elle avait raison : il

n'y avait effectivement rien à cuire ici. Mais, doué en cuisine grâce à sa douce mère qui lui manquait tant, il décida de bricoler quelque chose. Sinon, King allait dévorer quelqu'un aujourd'hui, vu la manière dont il fixait Nellie, une lueur affamée dans ses yeux.

Il fouilla la cuisine et retrouva un carton de pâtes au fond, ainsi que des boîtes de tomates, trois oignons, du sel et un poulet congelé, des trésors cachés dans l'obscurité de cette cuisine triste.

Après avoir vérifié les dates d'expiration, il se mit au fourneau avec un enthousiasme retrouvé, concoctant pour tous ces bons gens des délicieuses pâtes accompagnées de poulet mariné et d'oignons frits, comme une promesse de réconfort et de chaleur.

Quand la nourriture fut enfin prête, une odeur alléchante s'échappa de la cuisine, attirant l'attention de toute l'armée ainsi que de leurs dirigeants, qui furent étonnés et perplexes face à ce parfum enivrant, un parfum de maison et de souvenirs heureux.

Ils sortirent de leurs bureaux et accoururent à la cantine, impatients d'étancher leur curiosité ou de goûter à ce festin qui dégageait un tel parfum, espérant trouver un moment de répit au milieu de leur quotidien austère.

Lorsqu'ils furent tous assis, Darwin sortit avec une grosse marmite, le cœur battant d'excitation. Avant même de goûter, les soldats se mirent à acclamer et à faire des éloges, une vague d'énergie positive envahissant la pièce.

Des voix s'élevèrent dans une symphonie d'entrain : « Darwin, le meilleur cuisinier du camp militaire, hip hip hip ! »

« Ouwah ! »

« Hip hip hip ! Pour Darwin ! »

« Houwa ! » répondirent les autres militaires, une camaraderie retrouvée illuminant leurs visages.

Tout juste après, ils se mirent en rang et Darwin se lança à les servir, un sourire radieux sur le visage, sans oublier son ami King, qui s'impatientait, les yeux brillants d'une anticipation enfantine.

Quand King vit la quantité réservée pour lui, il sauta de joie, les larmes aux yeux, débordant d'une gratitude sincère. D’ailleurs, c’était déjà le cas, ses larmes coulant comme un flot de bonheur..

Darwin ne comprenait pas comment une personne pouvait pleurer autant juste pour de la nourriture, mais en même temps, il était heureux d'être parmi ces gens qu'il ne connaissait pas encore en profondeur, mais qu'il considérait déjà comme une seconde famille après sa mère et sa défunte sœur.

Quant à son père et à son frère, il se disait

intérieurement : « Ils peuvent bien aller au diable, je m'en fiche royalement. » Une résolution réconfortante, une nouvelle liberté.

---

**~ UN MOIS PLUS TARD ~**

Un mois s'était écoulé au camp militaire, et Darwin s'était rapidement habitué aux rituels et aux horaires stricts du camp. Mais il préférait être ici qu'à son appartement, où il se sentait seul et isolé, chaque instant d'absence de rire pesant lourdement sur son cœur.

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**~ MANOIR DARWANI ~**

Nous voyons une femme allongée sur un lit moelleux dans un état second et déplorable. C'était Tasha, qui se laissait mourir de tristesse et de mélancolie, son âme se réduisant à une ombre sans éclat.

Son époux, Hugor, avait essayé de la forcer à manger pour qu'elle reprenne des forces, mais elle n'était pas prête à y céder, son regard vide trahissant une douleur plus profonde que la simple fatigue.

Fatigué et attristé par la situation, Hugor se sentit obligé de contacter le camp militaire pour avoir une discussion sérieuse avec son fils. Il se disait qu'il le faisait pour sa femme, mais c'était un mensonge. Au fond, son fils cadet lui manquait atrocement, un

vide immense dans son cœur qu'il ne pouvait plus ignorer, mais il était trop fier pour l'admettre.

Jusqu'à présent, il tenait toujours Darwin responsable de la mort de sa sœur Lolita, même s'il n'avait que quatre ans au moment de l'accident. Selon lui, un garçon devient un homme dès l'instant où il sort du sein de sa mère. C'était sa devise, une vérité qu'il s'était inculquée au fil des ans, un fardeau pesant sur son cœur.

Il avait inculqué cette pensée à son premier fils, qui lui ressemblait énormément. Cependant, il n'arrivait pas à lui faire totalement confiance, car il ne comprenait pas cette sensation étrange qu'il ressentait en étant à ses côtés. Ce n'était pas tant de la peur, mais plutôt de l'inquiétude. Son cœur battait fort, comme s'il allait sortir de sa poitrine, comme quelqu'un en présence du diable, une angoisse sourde l'envahissant.

Serait-ce le ciel qui lui prévenait du réel état d'âme de son fils aîné ? Nous ne saurons jamais, mais il avait peur de lui et se méfiait, cette tension incessante le rendant nerveux. Il était extrêmement prudent en sa présence, chaque mot pesant comme une pierre.

Comme il se le disait intérieurement : « Mon fils aîné, Gaspard, a un regard de tueur, une rancune profonde et des blessures intérieures. Mais pourquoi donc ? » C'était la question qui le hantait, un spectre qui ne le quittait pas. Qu'est-ce qui avait causé cela chez lui ? C'était la deuxième question qu'il se posait, une quête désespérée de réponses. Pourtant, il avait été plus attentionné avec lui qu'avec son frère cadet ou même Lolita de son vivant. Mais bon, on dit souvent dans un proverbe lingala : « Oboti muana, mais oboti motema te », ce qui signifie : « Tu as conçu un enfant, mais

pas son cœur. »

**À SUIVRE**

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