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Chapitre 4

Point de vue d’Elenie

Des semaines s’étaient écoulées depuis que j’avais déposé mon dossier à la **Maison Bellaflorence**, cette entreprise de textile réputée, prestigieuse et riche à en faire pâlir les plus grands. Chaque matin, j’essayais de chasser de mon esprit le souvenir des regards méprisants des employés qui m’avaient accueillie lors de ma première visite. Des regards tranchants, des sourires moqueurs, comme si ma simple présence souillait leur univers impeccable. L’entreprise s’étendait sur plusieurs étages, avec des bureaux luxueux, un hall d’accueil grandiose, des ascenseurs en verre et des œuvres d’art accrochées aux murs. Tout respirait le pouvoir et l’opulence.

Je soupirai, lasse et abattue. Le poste ne semblait pas pour moi. Une larme glissa sur ma joue, brûlante et silencieuse, et je me demandais encore pourquoi la vie s’acharnait ainsi contre moi. Chaque échec me faisait sentir plus faible, plus fragile, comme si mes forces s’étaient évaporées avec les espoirs que j’avais mis dans chaque candidature, chaque tentative.

Mon père posa une main douce sur mes épaules.

— Ne baisse pas les bras, ma chérie, me dit-il avec tendresse.

Je secouai la tête, incapable de retenir mes sanglots.

— Je… je n’en peux plus, papa… je suis fatiguée… je n’ai plus de force… je ne sais même plus pourquoi je me bats…

Il me prit dans ses bras, me serrant contre lui avec douceur, comme s’il voulait que son amour me protège de ce monde cruel. Ses mots résonnaient avec une chaleur qui contrastait avec la dureté de la vie.

— Écoute-moi, Elenie. Tu es forte. Tu as toujours été forte. Chaque obstacle que tu rencontres, c’est pour te préparer à quelque chose de plus grand. Ne laisse pas la peur ou la douleur te dominer.

Je hochai la tête, essayant de croire en ses paroles. Je le remerciai, étouffant un sanglot, sentant un mélange de gratitude et de désespoir me traverser. Mon père allait m’ajouter quelque chose, j’en étais sûre, mais à ce moment-là, mon téléphone vibra dans ma main.

Je fronçai les sourcils, hésitant un instant avant de décrocher. La voix à l’autre bout du fil m’annonça que j’étais convoquée pour un entretien à la **Maison Bellaflorence**, dans exactement une heure. Mon cœur fit un bond.

— Vraiment ? m’écriai-je, incrédule.

— Oui, madame. Veuillez vous présenter dans une heure.

Je lâchai un cri de joie et serrai mon père dans mes bras, incapable de contenir mon bonheur.

— Papa… j’y vais ! Merci ! Merci pour tout !

Il me bénit, un sourire fier et chaleureux sur le visage, et je me précipitai vers la salle de bain pour une douche rapide. En sortant, je fouillai frénétiquement dans mon dressing à la recherche d’une tenue convenable pour l’entretien. Mais je me rappelai avec amertume que j’avais vendu mes vêtements les plus coûteux pour pouvoir payer les médicaments de mon père. Je n’avais presque rien à me mettre.

— Si jamais j’obtiens ce poste, me dis-je, je me prendrais de nouveaux vêtements avec ma première paie.

Après avoir fouillé dans un désordre de vêtements pliés à la va-vite, je trouvai une vieille jupe plissée et une chemise froissée. Ce n’était pas l’idéal, mais c’était tout ce que j’avais. Je m’habillai rapidement, enfilai mes ballerines et attachai mes cheveux en une queue de cheval. Avant de partir, je fis un bisou à mon père et hélais un taxi.

L’heure suivante passa dans un mélange de nervosité et d’espoir. Quand le taxi s’arrêta devant la **Maison Bellaflorence**, je me levai, prenant une profonde inspiration. L’immeuble s’élevait devant moi, majestueux et intimidant, ses vitres reflétant le soleil de l’après-midi. Le hall était luxueux, avec un parquet brillant, des plantes exotiques et un comptoir d’accueil impeccable.

Dès que j’entrai, tous les regards se tournèrent vers moi. Je sentis leur jugement peser sur mes épaules. Plusieurs femmes, élégantes, vêtues de tailleurs raffinés et de robes chics, m’observaient avec un mélange de curiosité et de moquerie. Elles riaient, murmurant entre elles, sans se cacher. Mon cœur se mit à trembler, mais je me redressai. Je devais tenir. Je ne pouvais pas me laisser abattre.

La secrétaire à l’accueil me lança un sourire moqueur, presque cruel.

— Ah… vous devez être Elenie, dit-elle d’une voix mielleuse mais sarcastique. Vous feriez mieux de faire demi-tour. Ce poste n’est pas pour vous.

Je gardai le silence, refusant de me laisser intimider. Mon regard glissa vers le superviseur qui arrivait à ce moment-là, un homme au visage sévère et aux yeux perçants,il me regardait pendant un moment avant de tracer son chemin.

Mon cœur battait la chamade, mais je me forçai à répondre avec calme au secrétaire.

— Je suis ici pour l’entretien.

Elle me toisait avant de m'indiquer la salle d'attente

Je me dirigeai vers la salle d’attente, consciente des rires qui m’accompagnaient. Autour de moi, d’autres femmes attendaient. Elles étaient magnifiques, élégantes, parfaitement coiffées, et moi… moi, je me sentais hors de place, comme une intruse dans un monde qui ne m’était pas destiné. Elles riaient, chuchotaient entre elles et lançaient des regards désapprobateurs. Je me sentis soudainement minuscule, insignifiante.

Des heures semblèrent s’écouler. Mon nom fut enfin appelé. Mes jambes tremblaient tandis que je me levai. Je suivis la secrétaire dans le couloir et entrai dans la salle d’entretien.

L’homme derrière le bureau me toisa immédiatement, un rictus de dédain sur le visage.

— Vous ne pouvez pas vous asseoir, dit-il avec hargne. Et vous n’avez rien à faire ici. Regardez-moi… vous n’êtes même pas présentable. Une personne pauvre comme vous n’a aucun droit de travailler à la Maison Bellaflorence.

Je sentis mon cœur se serrer. Mes mains devinrent moites et mon visage brûla de honte. Les autres femmes, qui assistaient à la scène depuis la salle d’attente, éclatèrent de rire. Chaque mot résonnait comme un coup de poignard.

— Je… je… balbutiai-je, incapable de me défendre.

— Silence ! continua-t-il. Vous êtes ridicule. Ne vous avisez jamais de rêver à quelque chose de grand. Les gens comme vous… n’existent pas ici.

Je sentis les larmes me brûler les yeux. Mon monde, déjà fragile, s’effondra totalement sous le poids de l’humiliation. Je serrai les poings, essayant de contenir mes sanglots, mais c’était trop. La honte, la douleur, la colère et la frustration se mêlaient en un tourbillon étouffant.

— Pourquoi… pourquoi moi ? murmurai-je, seule dans mon cœur. Pourquoi la vie s’acharne-t-elle toujours ainsi ?

Je me levai, incapable de rester plus longtemps dans cette pièce. Chaque pas vers la sortie était un effort immense, chaque regard des autres femmes me faisait vaciller. Une fois dehors, je me laissai tomber sur un banc dans le hall, sanglotant silencieusement. Je me sentais brisée, humiliée, perdue.

Mon père avait raison : la vie était dure. Mais parfois, la dureté était tellement écrasante qu’on se demandait s’il existait encore une lumière au bout du tunnel. Je me frottai les yeux, tentant de reprendre mon souffle, tentant de me rappeler que cette épreuve ne définissait pas ma valeur.

Je savais que je devais avancer, mais à cet instant précis, je n’avais plus de force. Chaque humiliation, chaque rire, chaque regard méprisant s’était gravé dans mon esprit comme une cicatrice indélébile.

Et pourtant… au fond de moi, une petite flamme refusait de s’éteindre. Cette flamme me rappelait que malgré les moqueries et les échecs, je n’étais pas totalement vaincue. Un jour, je me relèverais. Un jour, je montrerais à tous ceux qui avaient ri de moi que je pouvais être forte, que je pouvais réussir malgré tout.

Mais pour l’instant, je laissai les larmes couler, laissant la douleur s’écouler de moi comme un torrent de souvenirs et de désespoir.

Je sortis finalement de la **Maison Bellaflorence**, le cœur lourd mais déterminé. La vie ne me ferait pas tomber deux fois. Je me promettais de ne jamais oublier cette humiliation, mais de la transformer en force. Car un jour… un jour, ils verraient Elenie telle qu’elle devait être vue : forte, courageuse et invincible.

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