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Une fois partie, Amélia se rendit dans le supermarché le plus proche dans le but d'acheter le shampoing de son cher protégé.
En sortant, elle vit que tous les regards étaient fixés sur elle. De plus, les gens sur son chemin... rigolaient. Exactement comme Kyrian, comme la caissière, ou encore comme tous ceux qu'elle avait croisés dans le magasin d'ailleurs. Se moquaient-t'il d'elle ? Si oui, pourquoi ?
Elle avait des sandales à ses pieds, pas des chaussures de luxe, certes, mais très confortables néanmoins. Quand bien même, des sandales ne peuven êtres le sujet d'un énorme fou rire.
Peut-être sa tenue ? Elle n'était pourtant ni provocante, ni marrante. Elle n'avait pas non plus des goûts irréprochables en matière de mode. Il n'y avait qu'à voir la première fois qu'elle s'était présentée devant le procureur. Sincèrement, qui irait se présenter à ce qui se rapproche d'un homme d'affaire affublée d'un pantalon de jogging et d'un débardeur dans le but de paraître assez responsable pour avoir la charge de quelqu'un ? Personne, sauf elle, évidemment. Cependant, aujourd'hui, elle avait quand même fait un effort. Elle avait mis un débardeur avec un simple jean. Une tenue normale, pour une fille normale. Pas de quoi susciter les moqueries. Sa mère lui avait appris dès don plus jeune âge que l'argent ne faisait pas le bonheur et qu'on pouvait tout aussi bien être heureux dans une robe dernier prix que dans des vêtements non luxueux démodées. L'important était d'être à l'aise.
Il ne restait plus que ses cheveux. Elle n'avait pas les plus beaux cheveux du monde. Mais ses petites frisettes brunes qui formaient de belles boucles étaient quand même assez agréables à regarder. Assez en tout cas pour avoir suscité l'envie et la jalousie de beaucoup de ses amies. Elle avait hérité des beaux cheveux antillais de sa mère et ne le regrettait pas. Une fois de plus, elle ne voyait pas pourquoi tous les gens qu'elle croisait se...Une minute. Oh Mon Dieu ! Non ! Le masque ! Elle avait oublié d'enlever le masque qu'elle s'était fait avant l'arrivée de Kyrian et se baladait depuis deux heures dans la rue avec du film étirable sur la tête ! Voilà pourquoi les gens la pointaient du doigt ! Et Kyrian ne l'en avait pas avertie ! Elle allait le tuer pour de bon cette fois-ci, qu'importait les conséquences.
"Ma chère Amélia, tu finiras en prison plus tôt que tu ne le penses", se dit-elle. "Et quant à toi Kyrian, tu es un homme MORT !"
Elle retourna dans son appartement aussi vite qu'elle pût. Si cet homme pensait s'en tirer à si bon compte, il se mettait le doigt dans l'œil. Sur sa route, elle entendit son téléphone sonner. Son meilleur ami appelait sans doutes dans le but de divertir sa vie palpitante d'ennuie.
- Johnny chéri, je te préviens que je ne suis pas d'humeur. Si tu appelles encore pour savoir combien d'orgasmes imbécile numéro un m'a donné, je te préviens, je raccroche sur le champs.
- Tu me vexes, là, Amy. Bien que, ta vie sexuelle, ou plutôt ton manque de vie sexuelle m'intéresse, ce n'est pas pour ça que je t'appelle. Et puis, je ne suis quand même pas si prévisible.
- Johnny, pour être honnête, si franchement j'avais pu prévoir ta naissance, crois moi, tu peux être sûr que j'aurais tout fait pour que tu ne viennes pas dans ce monde.
- Tu es à cran toi. Alerte rouge ?
- Tais toi ! Tu me fais chié, pour reprendre la belle expression.
- Écoute, va aux toilettes. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
- Jonathan ! Ne me pousse pas à bout.
- Tu sais qu'il existe des médicaments antidépresseurs ?
- Je te hais, souffla-t-elle, désespérée.
- Moi aussi, je t'aime. Si ça peut te rassurer, ce n'est pas non plus pour ça que je t'appelle.
- Je ne te demande pas pourquoi, alors, car te connaissant, je sais que tu vas quand même me le dire quelque soit mon opinion.
- Et bien, tu ne me connais pas si mal que ça.
- Alors ? De quoi veux-tu parler ? De Kyrian ? De ma santé ? Ou de ma possible arrestation pour meurtre ? Et fais vite, j'ai des choses plus importantes à faire.
- Oui, ne t'inquiète pas, je sais. Tu vas tuer ton protégé, bien que, c'est la dernière chose que je te conseillerait de faire.
- Mais...comment...comment le sais-tu ?
S'il y avait une chose qu'elle détestait par dessus tout, c'était la capacité de son meilleur ami à lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle le lui reprochait à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Mais, n'était-ce pas aussi pour cela qu'elle l'aimait ? Jonathan avait toujours été la pour elle, qu'importait l'endroit, qu'importait le moment. Il était l'épaule sur laquelle elle pouvait pleurer, celui sur qui elle pouvait compter lorsqu'elle s'approchait du gouffre. De son côté, il était prêt à tout pour elle, bien que son ego refusait de l'admettre. Cependant, cela n'expliquait pas sa soudaine obsession pour Kyrian. Pourquoi voulait-il à tout prix la caser avec cet énergumène ?
- Je t'ai vu sortir de l'appartement, qu'est-ce que tu crois ? En passant, joli chapeau !
- Qu...quoi ? Tu m'as vue ? Tu m'a laissée sortir avec cette tête ? Et tu ne t'es pas dit qu'il fallait me prévenir avant que je ne me ridiculise ?
- La seule chose que je me suis dite, c'est que tu devrais peut-être changer de coiffeur, ria-t-il.
Puis, une fois redevenu sérieux, il reprit:
- Quoi qu'il en soit, je voulais te parler à propos du mariage de Carla.
- Tant mieux ! Tant que tu ne me parles pas de Kyrian.
- J'ai trouvé quelqu'un qui pourrait t'y accompagner.
- C'est vrai ?
Le ton de sa voix ne cachait pas son excitation, mais laissait aussi voir à quel point elle était désespérée.
- M'as-tu déjà vu mentir ? lâcha-t-il, la tirant de ses pensées.
- Si omettre la vérité compte aussi, alors oui, plusieurs fois même. Bon, alors. Dois-je te supplier ou préfères-tu faire durer le suspense encore longtemps ? Qui ?
- Un homme.
- Non, sérieusement ? Quel dommage ! Et moi qui avait un petit penchant pour les femmes ! Alors ? Il est beau, au moins ? Quoi que, je me moque de son physique, du moment qu'il soit galant.
- Tout dépend de tes goûts.
- Alors ? Dis le moi, s'il te plaît. Je suis impatiente, et tu le sais. Cesse de me faire languir. Je le connais ?
- Oh, oui. Et tu t'entends très, très bien avec lui, alors là, ça oui. Je peux te le garantir.
- Jonathan, vas-tu enfin me dire de qui s'agit-il ?
Depuis que Jonathan lui avait conseillée cette idée stupide d'aller au mariage avec Kyrian, Amélia ne pouvait s'empêcher de rire. Elle ne savait pas quand elle avait commencé. Ce qu'elle savait en revanche, c'était qu'elle ne pouvait pas s'arrêter. Cependant, lorsqu'elle s'aperçut que son meilleur ami, lui, ne riait pas du tout à sa propre blague, son rire se perdit dans des petits murmures désespérés.
- Tu n'es quand même pas sérieux, Jonathan ?
- Oh que si, je le suis.
- Mais, enfin, tu ne peux pas être sérieux !
- Oh que si, je le suis, répéta-t-il.
- Voyons, Johnny, pas lui !
- Au contraire, pourquoi pas lui ?
- Tu sais bien que je ne peux même pas rester dans la même pièce que lui ne serait-ce qu'une heure, alors aller au mariage avec lui ? Pas question ! Je préférerais mourir plutôt que d'y aller avec ce gougeât .
- Et bien dans ce cas, ton vœux sera exaucé. N'est-ce pas toi qui m'a dit qu'aller dans un mariage seule, c'était signer son arrêt de mort ?
- Oui mais...
- Non. Pas de "mais". Le mariage de Carla est dans deux semaines. Tu ne peux pas te permettre de perdre plus de temps . Il te faut un pigeon maintenant ou...
- Je préfère le terme "cavalier". Je me contenterai même d'un simple "accompagnateur pour situation désespérée".
- Bref. Il te faut en tout cas trouver un "accompagnateur pour situation désespérée quelque soit son nom" avant la semaine prochaine, sinon tu iras seule, et je ne pense pas que tu le veuilles.
- Oui, mais pourquoi Kyrian ?
- Tu as entendu ce que je viens de te dire ? Il te reste moins d'une semaine pour en trouver un. De plus, il faudra que tu le convaincs d'aller à un mariage, chose que la plupart des hommes refusent de faire.
- Je n'ai qu'à m'inscrire sur "AdopeUnMec.com".
- Pourquoi te compliquer la vie alors que tu as un homme qui t'attend chez toi ?
- Rectification. Un homme "mort", qui m'attend chez moi.
- Oui, mais c'est tout de même un homme. Dois-je en conclure que tu ne lui as toujours pas ouvert ton lit ?
- Tu te prends pour une proxénète maintenant ? Et puis, pourquoi cette soudaine envie de me caser. Je suis bien sans hommes. Pourquoi faut-il qu'ils soient aussi....dominateurs, arrogants, insensibles et prétentieux ? Vous êtes tous de sinistres blocs de glace. Vous ne vous occupez que de vous mêmes.
- Désolé de te l'annoncer, mais la race galante est en voie d'extinction. Les femmes ne sont pas toutes des anges non plus, je te rappelle. Vous êtes aussi capables de vous servir des hommes que les hommes des femmes.
- Tu veux que j'aille au mariage avec l'imbécile. Soit ! Mais tu sembles oublier un détail. Un détail très important. Qui te dit qu'il existe sur Terre une chance, même aussi infime soit-elle, qu'il accepte de m'accompagner ?
- Ah ! Très bonne question ! Tu m'en poses un dilemme là. Et bien, là tu te débrouilles, ma chère. Je suis le cerveau, toi le corps. J'ai trouvé l'idée, toi tu agis maintenant. Et bonne chance pour le convaincre. Il faut avouer que tu ne lui a pas réservé le meilleur accueil toi non plus.
- Je te demande pardon ? Il a voulu dormir dans "mon" lit, il s'est servi dans "mon" frigo, il m'a laissé sortir avec une tête affreuse ! Il m'a même acheté un string, s'il te plaît ! UN STRING ! Sous prétexte que je suis trop coincée à son goût. Et c'est moi qui ne lui aie pas réservé le meilleur des accueils ?
- Et où est le problème? Il a été un bien meilleur hôte que je ne le serai jamais.
- Mais, toi, tu as été élevé avec des chiens, ce n'est pas pareil.
- Tu as de la chance. Je suis d'humeur généreuse aujourd'hui. Je ne vais pas me venger de ton sarcasme étant donné tu as été assez humiliée avec ce que tu as sur ta tête.
- Je suis désolée. Mais, regarde à quel point cet homme me rend folle !
- Je te garantie qu'il te rendrait vraiment folle de désir si tu lui ouvrait ton lit.
- Jonathan !
- D'accord, d'accord. On fait une trêve. Pour le moment. Bon, revenons à notre problème. Tu as un plan pour le convaincre, au moins ?
- Bon. Voila ce que je te propose. Tu me laisses me venger et le tuer d'abord, et après je lui demande gentiment de bien vouloir m'accompagner.
- Ça promet d'être amusant.
- Oui, c'est ça. Quel dommage ! Tu ne sera pas présent pour voir le spectacle.
- Oh, non t'inquiète, je vous entends très bien depuis mon appart.
- Au revoir Johnny, soupira-t-elle.
Sur ce, elle raccrocha, sans perdre de vue son nouvel objectif: convaincre Kyrian d'assister au mariage avec elle. Comme l'a dit Jonathan, ça risquait d'être amusant, mais pas pour elle.
Cependant, avant tout, elle devait d'abord s'occuper de l'imbécile.
