05
Murmurai-je
-Ne sois pas si cruelle avec moi...j'ai besoin de ton aide...sniff
-Je n'y crois pas ! Qui est au courant? Lui demandais-je alors qu'elle continue de pleurer
-Juste toi. Je l'ai découvert avant-hier. Tu vas m'aider n'est-ce pas? Tu ne vas pas le laisser seule? Me demanda-t-elle paniquée
-Shuut calme toi, je ne vais pas t'abandonner avouais-je d'un ton sec
-Mon Dieu! Mes parents...Je...ils vont me tuer et Cherif...il va me brûler vive...Je veux avorter, je dois avorter....
Je la fis taire en lui donnant une claque digne de ce nom. Elle me regarde étonnée en pleurant encore et encore.
-Ne me parles plus jamais d'avortement dis-je en détachant chaque syllabe.
-Je n'ai que 20ans je ne peux même pas m'occuper de moi même alors qu'en sera-t-il du bébé?
-Excuse-moi ma chère mais quand tu le faisais avec ce con, tu ne te souciais pas de ton âge ni des conséquences alors s'il te plait assumes tes actes, d'ailleurs qui est le père? Bachir je suppose?
Elle hoche la tête et efface ses larmes sans pour autant arrêter de pleurer.
-Je savais que c'était un profiteur. Je vais aller moi-même lui toucher deux mots à ce pervers.
-Non ...Zahra calme toi, ce n'est pas de sa faute...Je ...
-Tu n'as rien à dire Mboré. Tu ne sais même pas à quel point je t'en veux. Qu'est-ce qu'on va dire à ta mère?
-Je vais tout faire pour que Bachir m'épouse avant que mon ventre ne se montre murmura-t-elle
-Sage décision, j'espère juste qu'il sera d'accord. Le temps passe vite et tu connais ta mère. Elle peut facilement reconnaître une femme enceinte.
- C'est vrai, justement Cherif veut que j'aille vivre avec lui dans son appartement pour l'aider avec la cuisine et tout me dit-elle.
-Et sa femme? Demandais-je
-Elle est toujours en France répondit- elle
-Cherif n'est pas con aussi. Avec les nausées il le saura facilement lui aussi dis-je
-C'est vrai mais c'est quand même mieux que de rester ici
-Bon d'accord. Je rentre chez moi je dois me préparer pour demain
-Ne sois. ..Pas Comme ça Zah...sniff Je n'ai que toi.ne me tourne pas le dos. J'ai besoin de toi. Ne sois pas si cruelle pleura-t-elle
-Désolée ma puce mais je ne vais pas te sauter dessus et te féliciter. Je ne vais jamais te laisser seule mais j'ai besoin de tout assimiler
-Je sais...pardonne moi. Est-ce que je peux venir dormir chez toi?
-Je commence le travail demain... Je...
-S'il te plaît me supplia-t-elle
-Bon d'accord prépare toi je t'attends en bas.
Nous étions en train de regarder les rues de Dakar la nuit de par ma fenêtre. Nous rîmes des passants sans ne nous soucier de rien oubliant par la même occasion nos problèmes le temps d'un instant. Même si mon problème n'est rien comparé à celui de Mboré, j'y pense incessamment. Je sens que travailler avec Cherif ne va m'apporter que des problèmes surtout avec ce regard malicieux qu'il m'a jeté. Peut-être aussi que je me prends trop la tête et que ce n'est qu'une impression après tout Cherif a toujours été comme ça. Malgré son changement il a toujours cet air espiègle collé au visage. Quoi qu'il en soit, je serais toujours égale à moi-même, je ne me laisserai pas faire. Demain je lui montrerais mon expertise et ma volonté de réussir.
-Zahra...Tu m'entends? On dirait que tu es sur la lune
-Euh désolée Mboré j'étais juste perdue dans mes pensées...Tu disais?
-J'ai dit qu'on devrait peut être allé se coucher il est 1h20 du matin et tu dois te lever tôt me dit-elle
-Oui tu as raison. Allons y affirmai-je en fermant la fenêtre.
Je jette un regard sur mon lit où s'était endormie Mboré. Je n'arrive toujours pas à croire qu'elle est enceinte. C'est vrai que beaucoup d'hommes la courtisent mais elle s'est toujours intéressée à Bachir ce profiteur. Elle m'avait promis de toujours rester chaste quoi qu'il arrive mais voilà ce qu'il en est aujourd'hui. Tout est de ma faute, j'aurai dû l'éloigner de ce bâtard de Bachir qui ne pense qu'à. ..
-Pourquoi tu me regardes comme ça retentit la voix de ma meilleure amie me faisant sursauter -Je croyais que tu dormais. ..
-C'était le cas mais j'ai senti ton regard sur moi me dit-elle en se mettant en tailleur sur le lit
-Désolée, j'étais dans mes pensées, je ne voulais pas te réveiller
-Rassure moi, tu ne vas quand même pas au travail habillée comme cela dit-elle en me relookant
Je jette un regard vers le miroir et souris. J'avais opté pour un jean bleu et une chemise blanche accompagnés de baskets blanches. J'avais aussi attaché mes cheveux en queue de cheval même si je n'en avais pas beaucoup.
-C'est joli non?
-Mais tu es complètement malade. Tu risques de faire peur à mon frère. En plus tu n'as même mis de maquillage. On dirait un garçon...pour pas changer d'ailleurs murmura-t-elle
-Je n'ai même pas de temps à perdre, donne-moi l'adresse sinon je vais être en retard.
Elle lève les yeux en l'air et prend son téléphone avant d'y pianoter quelques minutes.
-Je viens de te l'envoyer
-Ok merci j'y vais dis-je avant de lui faire la bise.
Arrivée à l'adresse indiquée, j'ai failli tomber à la renverse tellement le bâtiment était grand. J'entre dans l'entreprise et me dirige à l'accueil.
-Bonjour
-Bonjour mademoiselle que puis-je faire pour vous? Me demande la dame en souriant
-C'est mademoiselle Fall j'ai un rendez-vous avec monsieur Aïdara répondis-je
-Ah oui! C'est vous !! Veuillez me suivre s'il vous plait.
Elle se tourne vers une autre dame et lui dit -J'arrive dans 5 minutes.
Nous prenons l'ascenseur qui se dirige au cinquième étage. Quand nous fûmes arrivées, elle me demande de l'attendre et se dirige vers un bureau où était écrit en majuscules: CHERIF AKHIB AÏDARA
Elle revient quelques minutes plus tard et me demande d'entrer. Je déglutis et prends mon courage à deux mains et décide d'entrer:
-Hum hum me raclais-je la gorge pour qu'il se retourne
Il se retourne lentement vers moi et me regarde longuement dans le blanc des yeux, ce qui me mit immédiatement mal à l'aise. J'avais chaud et des sueurs perlaient sur mon front même avec la climatisation de la pièce. Je regardais un peu partout dans la pièce pour éviter de le regarder mais c'était peine perdue, mon regard croisait toujours le sien.
Il soutenait mon regard tout en s'approchant de ma personne.
Quand il fut à quelques centimètres de moi, toujours avec un sourire collé aux lèvres il me murmura à l'oreille:
Mysterieuseuh
