Chapitre 1 : La Lune Rouge
Le vent glacial siffla entre les arbres, soulevant des volutes de feuilles mortes sur son passage. L’odeur de la terre humide et du sang séché saturait l’air. Naya courait, son souffle court, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Elle sentait la brûlure des éraflures sur ses jambes et ses bras, souvenirs des branches qu’elle n’avait pas réussi à éviter dans sa fuite.
Derrière elle, des bruits de pas lourds résonnaient dans la forêt. Ils étaient là. Ils la traquaient. Depuis des heures. Peut-être même des jours.
Sa respiration était saccadée, son corps hurlait de douleur, mais elle ne pouvait pas s’arrêter. S’arrêter signifiait mourir.
Elle sauta par-dessus une souche d’arbre, atterrissant lourdement sur le sol boueux. Elle n’avait jamais couru aussi longtemps, aussi vite. Mais ce n’était pas suffisant.
Elle jeta un coup d’œil rapide par-dessus son épaule. Trois silhouettes se déplaçaient dans l’ombre, rapides, fluides, comme des prédateurs en chasse. Des loups-garous.
Naya mordit sa lèvre pour retenir un cri. Elle était leur proie.
La nuit du Sang
Le ciel, d’un noir d’encre, était illuminé par une lune rouge sang. Un frisson lui parcourut l’échine. Elle connaissait la signification de cette couleur. La nuit du Sang.
Les anciens racontaient que lors d’une telle nuit, les vérités cachées se révélaient et les destins étaient scellés. Mais Naya n’avait pas le temps de s’attarder sur la signification de cette prophétie.
Elle devait survivre.
Un hurlement s’éleva dans la nuit, glacial, puissant. Il lui transperça le cœur.
Elle accéléra, poussant son corps au-delà de ses limites. Mais la fatigue la gagnait, et son endurance faiblissait.
Une racine traîtresse attrapa son pied et elle s’effondra brutalement au sol. La douleur explosa dans son genou, mais avant même qu’elle n’ait le temps de réagir, une main brutale l’attrapa par le bras et la souleva de force.
Un grognement féroce résonna dans l’air.
— Tu pensais pouvoir fuir éternellement ?
Une voix grave, vibrante d’un amusement cruel.
Naya ouvrit les yeux et rencontra un regard doré, intense, inhumain.
Kael, l’Alpha des Ombres
Il se tenait devant elle, imposant, dominant la scène de toute sa stature. Kael.
L’Alpha du clan des Ombres. Son bourreau.
Son visage était aussi fascinant qu’effrayant. Des traits ciselés, une mâchoire forte, des yeux brûlants d’un éclat sauvage. Il n’y avait aucune douceur en lui. Rien d’humain.
Sa poigne était ferme, brûlante contre sa peau glacée.
Naya lutta pour se dégager, mais il était trop fort. Il la plaqua contre un arbre avec une facilité insultante.
— Lâche-moi, Kael ! cracha-t-elle, la voix tremblante de rage.
Un sourire froid s’étira sur ses lèvres.
— Tu n’es pas en position d’exiger quoi que ce soit.
Elle serra les dents. Elle refusait de se montrer faible.
— Je n’ai pas peur de toi, Kael.
Un éclat amusé passa dans ses yeux. Il se pencha vers elle, son souffle chaud effleurant son oreille.
— C’est pourtant ce que tu devrais faire.
D’un mouvement fluide, il resserra son emprise sur sa gorge, juste assez pour lui couper légèrement le souffle.
Elle le fusilla du regard.
— Tu comptes me tuer ? souffla-t-elle.
Kael ne répondit pas tout de suite. Il la scrutait, comme s’il cherchait quelque chose en elle.
Puis, il murmura :
— Non. Pas encore.
Le réveil d’un pouvoir oublié
Un frisson glissa le long de l’échine de Naya. Il jouait avec elle.
Elle ne voulait pas mourir ici. Pas maintenant. Pas comme ça.
Une chaleur étrange naquit dans sa poitrine, d’abord douce, puis brûlante.
La lune rouge.
Elle leva les yeux vers le ciel. Quelque chose était en train de changer.
Kael sentit le changement. Son sourire disparut.
— Qu’est-ce que…
Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, une onde de choc explosa autour d’eux.
Kael fut projeté en arrière avec violence. Une lumière aveuglante émana du corps de Naya.
Elle tomba à genoux, haletante, les bras tremblants.
Elle venait d’éveiller quelque chose en elle.
Kael se releva lentement, les yeux écarquillés. Il posa un regard intense sur elle, comme s’il venait de voir un fantôme.
— Impossible… murmura-t-il.
Naya, le souffle court, croisa son regard.
Elle n’était plus seulement une proie.
Cette fois, elle était une menace.
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