Ma solitude et ma liberté : mes erreurs
6ème Partie : J’ai pris mes responsabilités
J’étais obligée de me rendre au village. J’connais la vie au village. Si les parents veulent que tu viennes, par A ou B, tu viendras sinon, ils useront les moyens anciens pour arriver à leur fin. Je n’avais qu’une seule pensée. J’avais peur que papa parle mal à mon Bachir. Parce que, depuis qu’il m’a demandé le numéro de papa, il ne m’a plus rappelé. J’ai contacté Bachir et il me répond « Mon amour, j’sais que tu as joins mes parents. J’espère qu’il ne t’a pas mal parlé. Parce qu’il m’a convoqué demain au village. J’suis obligée de m’y rendre parce que je leur connais ». Il sourit « Ne t’inquiète pas ma princesse. Je n’en veux pas à ton papa. Il est dans son droit. Il ne me connait pas donc normal qu’il soit méfiant. J’suis prêt à le rencontrer quand et où il veut. Demain, va lui répondre. Tu iras avec l’un de mes chauffeurs. Il t’amènera au village. Dis-moi l’heure que tu comptes y aller ». J’suis contente et ce geste me va droit au cœur. Je lui remercie à l’avance et je donne rendez-vous à son chauffeur à 2h du matin. Le reste de la journée, il ne cessait de me rassurer. Il a été très présent durant toute cette journée. Nabou était au courant de la situation, elle a essayé tant bien que mal de me rassurer. Avec leur soutien, j’étais un peu soulagé en attendant d’affronter mon père. La journée s’est passée trop vite. Je ne me suis pas couchée. J’suis restée devant mon ordinateur attendant patiemment 2h du matin. Vers les 1h50mn, j’reçois l’appel de mon Bachir qui était venu avec son chauffeur. Il était véhiculé, à ma sortie, j’ai vu 2 voitures. L’une était blanche et l’autre noire des 4x4. La blanche était avec son chauffeur et l’autre avec lui. Je n’avais qu’un seul sac avec moi. Il me serre dans ses bras et m’embrasse avant de me souhaiter un bon voyage. Il me remet une enveloppe, je ne savais pas ce qu’il y’avait à l’intérieur même si j’savais que c’était de l’argent mais je ne pouvais pas deviner la somme. Moins de 5mn d’échange, j’monte dans la voiture blanche. J’fais la connaissance du chauffeur qui était vraiment gentil. C’était vraiment le confort à l’intérieur du véhicule. Y’avait de la boisson, des amuses bouches etc. Il avait fait un crochet au supermarché. Il ordonne au chauffeur d’être prudent. D’un geste de la main, on se quitte. La voiture pouvait démarrer, direction Kolda. Nous entamons les 648km qui nous séparent de Dakar. Je me suis même endormie durant le trajet. Je n’avais pas faim, y’avait beaucoup de chose à manger. J’ai donné quelques trucs au chauffeur pour qu’il se renforce de temps en temps.
Nous avons roulé 10h de temps au maximum, car nous sommes arrivés vers les 11h50mn. Les regards étaient braqués sur cette voiture aux vitres teintées. C’était normal, ses genres de voiture viennent rarement au village surtout dans mon quartier. Les gens étaient déjà dehors. Beaucoup de souvenirs me reviennent à l’esprit. En voyant, les filles allaient puiser de l’eau, d’autres pilaient le mil, bref les travaux domestiques du village. Je ne me revoyais plus faire ses genres de travaux. La voiture se gare devant chez moi et j’descends tranquillement. J’avoue que j’avais un peu changé. Je me suis habillée simple mais très classe. J’foule le portail de la maison, ma petite sœur et ma cousine courent vers moi. Maman était dans la cuisine. Elle est sortie et elle est venue me saluer. Papa était dans sa chambre. J’suis partie le saluer. J’ressors de sa chambre. J’ai rejoins mon ex chambre avec les autres filles. Chacune d’entre elle voulait tenir dans ses mains mon Iphone. Elles ne croyaient pas qu’un jour, elles auraient l’occasion de tenir un si bel appareil. Elles n’avaient même pas eu le temps de savourer que j’reçois l’appel de mon Bachir. « Excuse-moi mon amour, nous sommes arrivés y’a juste 10mn. J’attendais de me reposer un peu pour te faire signe ». Il me rassure « Non, y’a aucun problème, j’voulais juste m’assurer que le voyage s’est bien passé. Je ne vais pas t’encombrer. Si tu sens le besoin de me parler, tu sais comment faire. Bon courage ». Il raccroche. Mes sœurs étaient surprises d’entendre le "mon amour" que j’ai prononcé en décrochant. Surement, elles n’étaient pas au courant des choses. Ma petite sœur était la première à me poser la question « Allodi est trop amoureux donc il sait déjà que tu es là ? » J’souris avant d’esquiver la question. Ma cousine avait surement compris parce qu’elle ne cessait de me regarder d’un air bizarre, avant de sortir des paroles de sa bouche « Allodi était à Dakar pour 4 jours. Il a quitté le samedi mais à ma grande surprise, il est revenu le dimanche vers les 14h. Il m’a eu au téléphone. Il dit qu’il m’expliquera plus tard. Ce qui m’étonne, il était très excité et très content à l’idée d’aller à Dakar pour te rencontrer. Mais hier, j’ai senti dans sa voix quelque chose de bizarre. Qu’est-ce qui s’est passé entre vous ? » Heureusement que ma mère m’appelait. J’suis sortie sans même répondre à ses curieuses. Maman avait vu la voiture et elle voulait en savoir plus. « Tu es venue avec cette voiture. Elle est très belle ». Les autres sont sortis pour toucher la voiture. J’avais honte de la situation. Les enfants et certains jeunes touchaient la voiture avec une joie immense. Ils étaient vraiment impressionnés. Le bruit devenait de plus en plus fort dehors, mon père est sorti pour voir ce qui se passait. Ce qu’il a vu le rend plus énervé. Il regagne automatiquement sa chambre en m’appelant d’un ton sec. J’ai fait signe à maman de venir avec moi. Nous sommes entrés dans sa chambre et j’suis assise à même le sol.
Papa : C’est pour ses biens de ce bas monde que tu veux me foutre la honte devant mes semblables. Toutes ses choses sont éphémères. Tu mérites mieux que cette nouvelle réflexion. Je ne connais pas ce Bachir et je ne cherche même pas à le connaitre. Tu es avec lui pour l’argent. Je ne suis pas d’accord. J’sais que je n’ai pas pu te donner le luxe que rêve tout jeune de ton âge mais tu as des valeurs à préserver. J’avais donné ma parole aux parents de ton Allodi. Ce n’est pas maintenant que j’vais revenir en arrière. Je ne sais pas comment tu as fait pour rencontrer cet homme mais je t’ordonne de couper toute relation avec lui. Tu es promise à Allodi. D’ailleurs je l’ai fait venir pour vous parler tous les deux.
Je me mets à genou devant mon père pour le supplier « Papa, j’sais de quoi tu parles mais avec Allodi ce n’est plus possible. Bachir a pris mon cœur, je ne serai heureuse qu’avec lui. Je l’aime et je ne me vois pas vivre sans lui. Si tu ne veux pas que j’vis dans l’adultère stp accepte ma demande et laisse moi avec lui. Parce que si tu me pousses dans un mariage, je ne serai pas fidèle à Allodi. J’risque de suivre Bachir n’importe où et je ne veux pas en arriver à ce stade. Ma réponse l’a vraiment irrité. Il se lève et d’un ton sec « Je ne suis pas d’accord de ce mariage et je ne serai jamais d’accord. Tu n’auras jamais ma bénédiction sur cette union. Tu veux me montrer que tu as grandi donc vas-y seule. Je n’ai rien à dire sur ta relation ». Il n’avait pas fini de parler que j’ai entendu la voix d’Allodi qui venait d’arriver. Il nous rejoint dans la chambre. Après avoir salué mes parents, en m’ignorant totalement, il prend la parole « Baba, j’ai entendu accidentellement vos paroles. Tu connais le respect et l’estime que j’ai envers vous. J’sais que s’il ne s’agissait que de vous, votre fille sera ma femme mais le dernier mot ne vous revient pas. J’suis jeune et je ne suis pas dans un stade où j’vais supplier une fille de se marier avec moi ni un mariage forcé ou arrangé. J’voulais sa main mais là, je n’en veux plus. Je lui souhaite un avenir radieux. Je n’accepterai jamais d’être avec une fille qui éprouve des sentiments pour un autre homme. J’ai entendu dire qu’elle n’aura pas ta bénédiction mais je t’en supplie, elle est votre fille et elle aura besoin de vos prières. Je la connais, elle n’est pas une fille mauvaise et elle ne sera jamais mauvaise en tout cas je le pense et le souhaite. Elle a été honnête avec moi et j’respecte cette franchise. Si c’est à cause de moi que vous refusez de donner votre bénédiction, je t’en supplie la main dans le cœur, acceptez sa décision. Avant tout, elle est une sœur et elle le restera pour toujours. Elle est devenue majeure et elle vit maintenant à Dakar. Donc j’aurai aimé que vous acceptiez sa décision sinon, elle risque de faire des choses désagréables. Et pardonnez-moi de vous le dire, vous serez l’entier responsable. Excusez-moi si j’ai dit des choses que je ne devais pas dire. J’étais venu juste vous dire que j’ai renoncé. Merci de m’avoir écouté ». Il se lève et quitte la maison. Ses paroles m’ont vraiment surpris d’un côté mais de l’autre non, il a toujours été sympa avec moi. Il m’a vraiment eu. J’étais bouche bée, je n’arrivais pas à sortir un seul mot de ma bouche. Papa était resté debout et fixé la fenêtre. Il ne voulait pas me regarder les yeux dans les yeux. Il reprend la parole « Tu peux sortir de ma chambre stp, j’serai la risée du quartier. On me traitera d’un homme qui n’a pas de parole dans sa maison. Vu que tu te comportes comme une grande fille. Tu peux faire les choses à ta guise mais je ne serai pas présent à ce mariage et je n’ai pas mon mot à dire là-dessus ». Moment choisi pour ma mère de prendre pour la première fois la parole « Baba, tu n’as pas à parler de la sorte à ta fille. Tu as entendu de tes propres oreilles les paroles d’Allodi. Je ne suis pas contente de la tournure des évènements mais nous ne maitrisons pas toute la vie de nos enfants. Comme l’a si bien dit Allodi maintenant, Dada vit loin de nous. Elle peut faire tout ce qu’elle veut sans que nous soyons au courant mieux vaut officialiser son union avec cet homme ». D’un ton énervé papa répliqua « Sais-tu que ta fille sera une 4ème épouse ? » D’un air surpris maman se tourne vers moi « C’est vrai ? » J’réponds par la positive « Oui maman mais c’est moi qui vais me marier et pas vous. J’connais les risques et tout ce qui va avec mais j’accepte d’affronter un homme polygame ». Maman n’était pas difficile à convaincre, elle a toujours était comme ça avec nous. Tant que nous soyons heureuses, elle est avec nous « Il a combien d’années ? » Sans mentir, j’donne l’âge réel de mon Bachir. Maman ouvre grand les yeux « Et tu n’as pas peur ? » J’réponds par la positive. Elle accepte facilement « Vu que tu es prête et que c’est toi qui vas vivre là-bas, personnellement j’accepte. A une seule condition ? » Laquelle maman « Que tu resteras dans ce ménage et qu’importe ce que tu endureras là-bas ». J’promets de rester pour le meilleur et pour le pire. Maman me demande de sortir, histoire qu’elle discute avec mon père. C’était difficile pour moi de subir tout cela mais j’ai affronté qu’à même. J’regagne les sœurs avant de leur annoncer ma décision. Ma cousine était tellement déçue parce qu’elle appréciait trop Allodi. Après une conversation de 30mn maximum des parents, maman est sortie de la chambre. Elle me voit en aparté avant de m’expliquer que papa était d’accord mais il lave ses mains de ce mariage. Mais ne t’inquiète pas, j’vais appeler ton parrain pour qu’il te donne en mariage avec ton homme. Ma fille ne me déçoit pas. Je ne veux pas entendre parler de divorce à l’avenir. Tu l’as choisi librement. Maintenant, j’aimerai connaitre cet homme. Je l’appelle automatiquement au téléphone, il répond à la première sonnerie. Je les laisse discuter. J’étais contente de la finalité des choses du moins pour le moment. J’avais confiance en Bachir côté discussion. Il a l’art de se faire aimer par n’importe quelle personne. Je m’étais écartée un peu pour les laisser échanger. J’voyais le sourire de maman. Après 10mn d’échange, elle me remet le téléphone. Il était beaucoup plus free cette fois-ci. Il m’annonce que maman l’a donné le numéro de mon parrain et qu’il va le contacter dès qu’il raccroche avec moi. Nous sourions avant qu’il rajoute quelque chose « Au faite, sur l’enveloppe, il y’a une somme de 250.000F. En attendant, tu peux donner 75.000F à ta maman et 75.000 F à ton papa. Le reste de ta famille à toi de voir combien leur donner ». J’pousse un oufff de soulagement avant d’appliquer les conseils de Bachir. Je n’avais pas le courage de donner à papa cet argent. Je l’ai remis à maman. La journée tirait à sa fin, j’avais décidé de retourner sur Dakar le même jour. Il faisait 18h, que j’reçois l’appel de mon parrain.
Parrain : Bonjour ma fille. J’ai eu ta maman et un certain Bachir au téléphone. J’aurai aimé le rencontrer face à face mais il m’a expliqué son emploi du temps. Vu que c’est toi qui vivras avec lui et c’est toi qui le connais, est-ce que tu es sure de toi ? Est-ce que tu es prête à être sa femme ? Est-ce que tu assumeras tout ce que tu vivras là-bas ? Est-ce qu’il te suffit comme homme ?
Dada : Oui mon parrain. J’aime et j’suis sure de moi. J’aime Bachir et j’suis prête à rester avec lui pour le meilleur et pour le pire.
Parrain : D’accord. Qu’il envoie sa famille et nous allons sceller le mariage. Ton père a dit carrément qu’il s’en tape de ce mariage. Il me donne l’entière responsabilité donc ne me déçoit pas. J’rappellerai ton Bachir pour qu’il envoie ses parents.
J’étais contente et j’ai serré maman fort dans mes bras. Je ne pouvais pas m’empêcher de verser quelques larmes. Bachir m’a rappelé après la prière de Timiss pour m’annoncer qu’il enverrait une délégation le jeudi à Kolda pour qu’on scelle le mariage dans la plus grande discrétion. Il ne voulait pas d’une fête ni tout un tas de folklore. J’rêvais d’un grand mariage mais à ma grande surprise, il m’annonce que tout se fera dans le plus grand calme ou si j’veux faire quelque chose que je le fasse au village pas en ville. Prenant comme prétexte son statut. J’étais étonnée mais j’accepte qu’à même. J’ai pris le chemin du retour le même jour vers les 22h. Nous avons refait 10h de route encore à 9h du matin, j’suis arrivée. Les jours passèrent, on ne s’est pas vu avec Bachir mais nous étions tout le temps en ligne. Il me disait qu’il me préparait une surprise. Le jeudi, une délégation a quitté Dakar pour Kolda. A suivre…
