Chapitre 4
Chapitre 4: Un appel inattendu
LE POINT DE VUE DE D'ELODIE
Allongée sur mon lit, le silence de la nuit m’enveloppait, me berçant doucement après cette soirée agitée. Mes pensées dérivaient, encore imprégnées des éclats de musique, des lumières vives et du goût légèrement amer des cocktails sur mes lèvres.
Puis, soudain, mon téléphone vibra sur la table de nuit.
Je fronçai légèrement les sourcils en voyant un numéro inconnu s’afficher sur l’écran. Hésitante, je laissai sonner quelques secondes avant de décrocher.
— Allô ?
— Bonsoir, Elodie.
Une voix grave et posée résonna à mon oreille, chaude, légèrement charmeuse.
Je me redressai légèrement, appuyant mon dos contre l’oreiller. Cette voix… Je la connaissais.
— Samuel ? demandai-je, un sourire imperceptible effleurant mes lèvres.
— En chair et en os… ou du moins, en appel et en voix.
Un petit rire m’échappa. Je ne m’attendais pas à ce qu’il m’appelle si tôt.
— Je pensais que tu étais du genre à attendre quelques jours avant de contacter une fille.
— Ça dépend de la fille. Certaines méritent qu’on prenne son temps, d’autres méritent qu’on n’attende pas une seule seconde.
Je roulai des yeux, amusée. Charmant et sûr de lui.
— Et dans quelle catégorie suis-je ?
— Devine.
Sa réponse me fit sourire malgré moi. Il savait jouer avec les mots, et il semblait adorer le faire.
— Donc, tu as pris mon numéro pour m’appeler à peine quelques heures plus tard ?
— Je voulais simplement savoir si tu étais bien rentrée.
Un silence s’étira, léger, agréable. Son attention me surprit.
— C’est gentil. Oui, je suis rentrée entière. Pas de mauvais dragueurs cette fois.
— Heureusement. Sa voix se fit plus douce. Mais si jamais tu en croises encore, tu sais à qui appeler.
Un frisson imperceptible parcourut ma peau. Il avait ce ton protecteur et assuré qui avait quelque chose d’irrésistible.
— Je retiens l’offre, murmurai-je.
— Fais mieux que ça. Accorde-moi un dîner cette semaine.
Mon cœur battit légèrement plus fort. Direct, franc. Il ne tournait pas autour du pot.
— Tu es toujours aussi spontané avec les femmes que tu viens de rencontrer ?
— Seulement avec celles qui m’intriguent.
Un instant de silence flotta entre nous, chargé d’une tension presque palpable. J’aurais pu dire non, ou lui laisser croire que j’avais besoin d’y réfléchir. Mais quelque chose en lui me donnait envie d’en savoir plus.
— D’accord.
— Parfait. Je t’enverrai les détails. Bonne nuit, Elodie.
— Bonne nuit, Samuel.
Je raccrochai, le téléphone encore posé contre mon oreille quelques secondes après la fin de l’appel.
Un sourire effleura mes lèvres. Samuel…
Cette semaine s’annonçait intéressante.
LE POINT DE VUE D'ISA
Je traçai lentement du bout des doigts les contours de son torse, savourant cette tranquillité d’après l’orage. Son souffle régulier caressait mon épaule nue, et un sourire satisfait flottait sur mes LÈVRES. La nuit avait été aussi intense que prévisible. Arthur savait comment s’y prendre, et moi… moi, j’avais simplement laissé mon corps réclamer ce qu’il voulait. Aucune attache, aucun mensonge. Juste du plaisir.
Mais l’heure tournait. Je repoussai doucement la couverture et me redressai, laissant l’air frais effleurer ma peau nue. Arthur grogna en sentant le vide à ses côtés.
— Déjà debout ? murmura-t-il d’une voix rauque.
Je glissai un regard vers lui en enfilant ma robe, retrouvant mes talons éparpillés sur le sol.
— J’ai une sœur qui m’attend.
Il esquissa un sourire paresseux, s’étirant de tout son long. Sa silhouette musclée était un régal à observer, mais j’avais d’autres choses à faire.
— Tu sais où me trouver, Isa, dit-il avant de refermer les yeux.
Je ne répondis rien. Il savait que je reviendrais. Peut-être pas ce soir, mais une autre nuit, quand l’envie me prendrait de fuir la solitude.
La fraîcheur du matin me frappa le visage lorsque je sortis du bâtiment. Le monde semblait déjà bien réveillé, alors que moi, je ne pensais qu’à retrouver mon lit.
Lorsque j’arrivai enfin devant notre appartement, je frappai doucement à la porte. Quelques secondes passèrent avant qu’Elodie ne vienne ouvrir, les cheveux en bataille, son visage encore marqué par le sommeil.
Elle plissa les yeux en me voyant.
— Tu es matinale… marmonna-t-elle, sa voix encore pâteuse.
Je souris, amusée. Je savais qu’elle n’aimait pas être réveillée trop tôt.
— Disons que j’ai passé une bonne nuit.
Elle bailla, se frottant les yeux avant de s’appuyer contre la porte.
— Tu as encore dormi ailleurs… constata-t-elle avec une pointe de reproche.
Je haussai les épaules.
— Tu me connais.
Elle secoua la tête avant de me laisser entrer.
— Un jour, Isa, tu finiras par vouloir autre chose que des nuits sans lendemain.
Je souris en déposant mon sac sur le canapé.
— Peut-être. Mais pas aujourd’hui.
Elodie soupira avant de refermer la porte derrière moi. Elle était mon ancre, celle qui croyait encore en l’amour et en des choses plus profondes. Moi, je me contentais du plaisir immédiat. Et pour l’instant, ça me convenait très bien.
LE POINT DE VUE D'ELODIE
Je laissai Isabelle s’affaler sur le canapé pendant que je me dirigeais vers la salle de bain. Encore une nuit où elle avait préféré s’éclipser, encore une nuit où j’avais dormi seule dans cet appartement trop grand pour une seule PERSONNE. Mais bon, c’était Isa. Indomptable, insaisissable. Et malgré tout, je l’aimais comme elle était. Je me regardai dans le miroir, tirant une grimace en voyant mon visage encore fatigué. Mes cheveux noirs en bataille encadraient mon visage fin, et mes cernes trahissaient le manque de sommeil. Pourtant, pas question d’être négligée aujourd’hui.
Je tournai le robinet et laissai l’eau froide glisser entre mes doigts avant d’en asperger mon visage. Instantanément, la fraîcheur me réveilla. Après une douche rapide, je pris le temps de me sécher les cheveux et d’appliquer une fine couche de maquillage pour camoufler les traces de fatigue. Naturelle, mais soignée. C’était toujours mon style.
Aujourd’hui, j’avais cours à l’université, et pas n’importe quel cours. En septième année de gestion et comptabilité, je touchais enfin au but. Cette année était celle de ma soutenance de doctorat. Sept années de dur labeur, de nuits blanches passées sur mes cours, de sacrifices.
J’étais fière de mon parcours. J’avais travaillé plus dur que quiconque pour en arriver là. Étudier loin de mes parents, gérer un quotidien souvent compliqué, m’accrocher alors que parfois j’avais envie de tout lâcher… Mais aujourd’hui, je savais que tout ça en valait la peine. Je me dirigeai vers ma penderie et enfilai une blouse blanche fluide, que je rentrai dans un pantalon noir taille haute. Sobre, élégante, professionnelle. J’ajoutai une paire de talons noirs et un sac en cuir assorti.
Un dernier regard dans le miroir. Mon air sérieux, mes traits délicats et mes yeux brillants de détermination.
Prête. Je pris mon ordinateur et mes livres avant de sortir de ma chambre. Isa était toujours affalée sur le canapé, son téléphone entre les mains.
— Tu ne comptes pas dormir un peu ? lui demandai-je en enfilant ma veste.
Elle haussa les épaules, l’air nonchalant.
— Pas fatiguée.
Je levai les yeux au ciel.
— Bien sûr…
Elle me regarda un instant avant de sourire.
— Ne travaille pas trop, petite sœur.
Je souris à mon tour, attrapant mes clés.
— Et toi, essaie de ne pas te perdre dans les draps d’un inconnu aujourd’hui.
Elle éclata de rire, et moi aussi. Malgré nos différences, nous étions liées d’un amour indéfectible.
Je me dirigeai vers la porte, lui lançant un dernier regard.
— À ce soir, Isa.
— À ce soir, Elodie.
