Chapitre 17 Les gros bonnets
La famille Fouquet.
C'était un endroit digne, entièrement gardé.
Le groupe de Mercedes s'est arrêté à la porte. Sarah Fouquet est descendue de la voiture.
Quand elle a vu Travis assis sans bouger, elle a serré les dents et l'a menacé :
— Tu dois soigner mon grand-père. Sinon, je te jure que je ne te lâcherai pas facilement.
Elle était toujours fière. Cependant, Travis l'a embarrassée à plusieurs reprises.
Elle devait se rendre, courbée, et lui servir du thé, ce qui la mettait en rogne.
Comparé à elle, Mathéo Gravier était plus calme.
Après tout, il venait de l'armée. Malgré l'indifférence extérieure de Travis, Mathéo pouvait sentir la pression qui émanait de lui.
— M. Travis, mes hommes ont gardé votre femme et votre belle-mère à la maison. Ne vous inquiétez pas. Si vous parvenez à guérir M. Gilles, je vous garantis qu'au moins dans la Ville Vibolsa, personne n'aura le courage de poser un doigt sur elles à l'avenir.
Travis a ricané :
— La Ville Vibolsa ? Rien de grave. Dans le monde entier, si quelqu'un ose poser un doigt sur ma famille, il risque sa peau.
Après être descendu, il s’est redressé et est entré à grands pas dans la maison sans regarder les gardes.
Sarah Fouquet réprimait sa colère, trottinant devant lui pour lui montrer le chemin.
Le majordome s'est avancé vers eux.
— Mlle Sarah, M. Gilles n'est pas dans sa chambre. Il est parti au Service des Guerriers.
— Il vient de se rétablir. Pourquoi y est-il allé ?
— Je n'en ai aucune idée. Il vous a demandé d'emmener M. Travis. Il vous attend dans le hall.
Ses paroles a fait que Sarah jetait un regard surpris à Travis.
Le Service des Guerriers était une pièce discrète du manoir, transformée en salle de prière.
Pourtant, tous les membres de la famille Fouquet connaissaient la signification du Service des Guerriers. C'était la croyance de Gilles Fouquet.
C'était comme un territoire interdit dans le manoir.
Bien que Sarah ait été gâtée par son grand-père, elle ne pouvait pas entrer dans la pièce sans permission.
Cependant, Gilles ayant décidé d'attendre Travis au Service des Guerriers, Sarah s'en est étonnée.
Mathéo Gravier a compris quelque chose après avoir entendu leur conversation. L'air légèrement excité, il a dit :
— Suivez-moi, M. Travis.
Il s'est avancé pour montrer le chemin. Le Service des Guerriers n'était pas seulement la croyance de Gilles mais aussi celle de Mathéo.
Ils possédaient tous deux des mérites militaires.
Ils sont nés pour être des soldats gardiens du pays.
Tout sourire, Travis a suivi Mathéo et Sarah dans une petite cour derrière la maison principale.
— M. Travis, je vous attendais.
Gilles Fouquet se tenait à la porte d'une pièce commune, l'air fougueux.
— Grand-père, pourquoi as-tu mis l'uniforme militaire ?
Sarah a trottiné vers lui, surprise.
Les cheveux de Gilles étaient devenus gris et il avait l'air un peu hagard à cause de sa maladie. Pourtant, il a revêtu l'uniforme, se tenant droit, dégageant une forte aura de soldat.
C'était comme s'il n'était pas vieux du tout et pouvait encore se battre contre les ennemis.
— Bonjour, Général !
Des larmes ont coulé dans les yeux de Mathéo. Il a fait claquer ses talons et a salué Gilles Fouquet.
Le regard de Gilles s’est posé sur le visage de Travis. Il a ordonné :
— Sarah, Mathéo, restez à la porte. Personne n'est autorisé à entrer sans ma permission. Et vous, veuillez me suivre, M. Travis.
Il s'est effacé et a ouvert la porte pour laisser entrer Travis.
Travis lui a adressé un léger signe de tête et est également entré.
Il s’est réjoui de l'esprit de Gilles, bien que ce dernier ait démissionné de l'armée.
De plus, Travis a remarqué que l'uniforme de Gilles était un signe du nord.
Dans le Service des Guerriers.
Il y avait autrefois des statues de Bouddha sur les tables, mais elles ont été remplacées par des statues de guerriers légendaires de l'histoire et du présent.
Travis les a regardées et a remarqué :
— Matisse Carell, le Dieu des guerres ; Saber Barthet, le général loyal ; Pepin Chevalier, le conseiller intelligent ; Candide Malan, l'expert des batailles...
Puis son regard s’est posé sur la dernière statue, et une pointe de sourire s’est joué sur ses lèvres :
— Decartes Fourneau est trop jeune. Je ne m'attendais pas à ce que vous le vénériez.
Le nom complet de Decartes Fourneau a fait changer radicalement l'expression de Gilles Fouquet :
— M. Travis, surveillez votre langage ! Vous avez pu raconter les Dix-huit tapes du dragon de Mathéo Gravier, et vous savez que ma blessure a été causée par la pratique de l'ancienne version de Sept Poings Forts. J'ai donc deviné que vous veniez du nord. De plus, vous avez retenu votre Énergie interne, donc je n'ai pas pu connaître votre culture. Mais je suppose que vous devez être un maître. C'est pourquoi je vous avais invité au Service des Guerriers. Mais vous ne pouvez pas vous adresser au général Decartes par son nom complet.
Travis a gloussé :
— Avez-vous servi dans les troupes du général Decartes ?
Gilles Fouquet a répondu :
— J'étais trop vieux pour le suivre, malheureusement. J'avais déjà démissionné quand il était à la tête du nord.
— Mais, et alors ?
— Le général Decartes garde la frontière, et aucun ennemi n'ose s'y introduire. Il n'a jamais échoué dans une bataille. Le roi l'a récompensé par son mérite. Il est les Invaincus. Travis, nous allons saluer ensemble le général Decartes.
Sur ces mots, Gilles Fouquet a salué respectueusement la statue.
Travis a acquiescé en souriant :
— L'Invaincu... Cela convient à Decartes Fourneau en quelque sorte. Je n'ai pas beaucoup de temps. Arrêtons de tourner autour du pot. M. Gilles, je peux vous apprendre la nouvelle version de Sept Poings Forts. Si vous continuez à vous entraîner, vous allez récupérer...
Avant que Travis ne commence à enseigner, Gilles a bouillonné de colère.
Le regardant avec colère, il s'est emporté :
— Comment oses-tu manquer de respect au général Decartes ! Cela signifie le manque de respect à toute l'armée du nord ! Agenouille-toi devant le général Decartes pour obtenir son pardon. Ou je préfère mourir plutôt que d'apprendre quelque chose de toi.
Travis a ricané :
— S'agenouiller devant lui ? Ça tuerait Decartes Fourneau de me voir à genoux devant lui.
— Qu'est-ce que tu as dit ?
Ses paroles ont fait sursauter Gilles Fouquet.
Le général Decartes du nord était le Dieu de la guerre à ses yeux.
Gilles s'était procuré sa statue pour le vénérer.
Il n'avait jamais rencontré Decartes Fourneau en personne, sans parler d'avoir son numéro de téléphone.
D'ailleurs, même s'il avait son numéro, Gilles ne l'appellerait pas comme il le souhaitait.
— Qui es-tu ?
Gilles a regardé Travis de haut en bas, une peur non dissimulée emplissant ses yeux.
Soudain, des bruits de pas se sont fait entendre devant la porte.
Quelqu’un a frappé à la porte.
Gilles a grogné :
— Je ne vous ai pas dit que personne ne devait nous interrompre ?
La voix grave d'un homme s’est fait entendre :
— C'est moi, papa. J'ai une nouvelle importante. C'est urgent.
Gilles a jeté un regard dubitatif à Travis et a dit froidement :
— Veuillez m'excuser, M. Travis.
Puis il a ouvert rapidement la porte et a quitté la pièce. En voyant l'homme d'âge moyen, il a demandé d'un air contrarié :
— Qu'y a-t-il de si urgent ? Leroy Fouquet, tu es d'âge moyen et le président de la Société de Commerce de la Ville Vibolsa. Peux-tu agir avec maturité ?
L'homme d'âge mûr était le deuxième fils de Gilles Fouquet, Leroy Fouquet. C'était aussi le père de Sarah Fouquet.
Bien que Leroy Fouquet soit discret, il était le responsable de la Société de Commerce de la Ville Vibolsa. Rares étaient ceux qui ont eu l'honneur de le voir en personne.
Tout à l'heure, lorsque Daumier Lozier s'est extasié devant Sarah, il a mentionné qu'il avait eu le plaisir de dîner une fois avec Leroy.
En fait, Daumier n'était pas officiellement invité à ce dîner. De plus, Leroy n'y est allé que pour un court moment et a bu avec quelques personnes.
Il n'avait aucune impression de Daumier.
Leroy Fouquet était un gros bonnet de la ville mais ne pouvait être qu'un enfant de trois ans en présence de son père.
Sarah Fouquet et Mathéo Gravier se cachaient au loin, n'ayant pas le courage d'écouter aux portes.
Leroy a essuyé sa sueur et a répondu respectueusement :
— L'affaire est vraiment essentielle, papa. Sinon je n'aurais pas eu l'audace de vous interrompre.
Gilles a froncé les sourcils et a demandé :
— Qu'est-ce que c'est ? Dis-le-moi.
Leroy a expiré de soulagement et a murmuré :
— J'ai reçu des nouvelles. Les gros bonnets arrivent en ville.
