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Chapitre 5

Il détestait cette montre quand elle la lui avait offerte et l'avait brisée par terre. Elisa l’avait alors recollée, pièce par pièce. Bien que la montre fût défectueuse, elle n'avait jamais pu se résoudre à la jeter.

Gareth, perdu dans ses pensées, ne remarqua pas immédiatement la présence d’Elisa. Lorsqu'il la vit enfin, son regard s'assombrit. Il renifla et jeta la montre sur la coiffeuse.

— Comment oses-tu exposer un objet cassé ici ? Ma villa est une friperie ?

Elisa esquissa un sourire ironique.

— Tu devrais la jeter alors.

Elle passa devant lui, se dirigeant vers la coiffeuse pour chercher son collier. Gareth la suivit du regard, le cœur serré. Avant, cette montre comptait tellement pour elle... et maintenant, elle m’incite à la jeter ?

Il serra les poings. Oui, elle a changé ! Sinon, pourquoi aurait-elle rencontré un autre homme et pourquoi semblait-elle si heureuse en discutant avec lui ?

Des veines apparurent sur son front tandis que son expression s’assombrissait.

— Elisa ! As-tu trouvé un autre homme ? C’est pour ça que tu as accepté si vite le divorce ?

Elisa éclata de rire.

— Tu peux voir les choses comme ça si tu veux.

Elle ouvrit un tiroir, en sortit une boîte et en récupéra un collier. Sans un regard pour Gareth, elle se retourna pour sortir.

Mais Gareth, pâle de rage, lui attrapa soudain le poignet.

— Tu crois pouvoir aller et venir comme tu veux ?

Elisa tenta de se dégager, en vain. Elle le regarda avec perplexité.

— Que veux-tu ?

Il semblait instable, imprévisible.

Gareth raffermit sa prise et déclara d’un ton solennel :

— Grand-mère veut te voir. Ce soir, tu viens au manoir Wickam avec moi.

Elisa haussa un sourcil, surprise.

— Tu as un problème ? Tu ne devrais pas plutôt amener Linda la voir ?

À ces mots, le visage de Gareth se renfrogna encore plus.

— Je te l’ai dit : c’est toi qu’elle veut voir ! Sinon, pourquoi me donnerais-je la peine de passer du temps seul avec toi ?

Elisa laissa échapper un rire moqueur.

— Avant, quand Grand-mère voulait me voir, tu trouvais toujours une excuse pour m’en empêcher. Pourquoi insistes-tu maintenant pour que j’y aille ?

Gareth ricana.

— Elisa, Grand-mère tient tellement à toi. Tu l’oublies juste après notre divorce ?

Elisa se mordit la lèvre.

Julia, la grand-mère de Gareth, était la seule personne de la famille Wickam à l’avoir toujours bien traitée. Elle savait que Gareth n’aimait pas Elisa et s’en était toujours sentie coupable. Parfois, ses gestes donnaient même à Elisa l’impression d’être sa petite-fille biologique.

Elle n’avait jamais osé refuser une demande de Julia.

— Avant, tu t’inquiétais toujours pour Grand-mère, et maintenant, tu veux l’ignorer. Elisa, pourquoi n’ai-je jamais remarqué ton égoïsme ? Vas-tu l’abandonner maintenant qu’elle ne te sert plus à rien ?

— Je ne suis pas ce genre de personne ! s’emporta Elisa.

Gareth la fixa un instant avant de lâcher d’une voix froide :

— Alors viens la voir.

Elisa monta dans la voiture, les émotions en tumulte. Notre mariage a toujours inquiété Grand-mère… Si seulement je n’avais pas insisté pour me marier…

Le trajet se fit dans un silence pesant. Bientôt, ils arrivèrent au manoir Wickam. À peine entrés, une voix enthousiaste résonna depuis le salon.

— Ma charmante petite belle-fille est là ! Elisa, viens t’asseoir à côté de moi ! J’attendais ta visite avec impatience !

Elisa sentit ses cils trembler légèrement. L’émotion dans sa voix était palpable. Se forçant à sourire, elle s’avança.

— Grand-mère, je suis désolée, ces derniers temps…

Mais Julia l’interrompit en lui tapotant doucement la main.

— Tu n’as pas besoin de t’expliquer. Je connais les difficultés que tu traverses.

Elisa la regarda, troublée.

— Tu… Tu sais tout ?

Si Julia était au courant du divorce, pourquoi la traitait-elle encore avec tant d’affection ?

Même Gareth semblait surpris.

Julia lança un regard sévère à son petit-fils avant de reporter son attention sur Elisa, la mine compatissante.

— Oui, je sais tout. Ce garçon est une véritable tête de mule. Je lui ai trouvé une épouse parfaite, et pourtant, il ne t’a jamais appréciée à ta juste valeur !