Cette fameuse décision
Chapitre 9
Avant mon retour à Yaoundé, Rachelle a tenu à me donner des conseils.
__ Maintenant tu es grande fille et je sais que bientôt tu auras des petits copains. Ce que je peux te dire c'est que chaque fois qu'un homme t'aborde, il te voit déjà toute nue, donc leur intention est la même te mettre sous son lit, qu'il soit beau,lait, grand de taille, petit de taille, chrétiens comme païens, ils ont tous la même intention.
Stella : Vraiment !
__ Oui! Maintenant tout dépend de la tendance que tu donnes à la relation, si tu te laisse faire tu te feras utiliser et jeter par la suite comme une vieille chaussette car l'homme n'a rien à perdre, si tu chopes une maladie ou une grossesse c'est ton avenir qui sera ralenti. Il va continuer sa vie comme si de rien était, il peut même t'abandonner et fuir tandis que toi tu seras condamné à assumer tes responsabilités toutes seules.
Ce qu'elle disait était tellement effrayant et au même moment je ressentais beaucoup de vérité dans ses propos.
__ Fais attention à toi et ne te laisse pas berner au nom de l'amour, et encore moins au nom de l'argent, à la moindre occasion tu m'appelles et tu m'expliques le problème si tu en as un, la seule chose qui doit t'intéresser c'est ton avenir, ne donne surtout pas raison à maman.
Elle me donnait de bon conseil, c'est vrai mais je n'étais pas sûre de pouvoir tous les mettre en pratique.
De retour à Yaoundé, j'ai commencé les pré-inscriptions à l'université de Yaoundé 2 SOA accompagné de Vicky.
À la maison, ça n'allait plus trop bien, mon père était de moins en moins présent, ma mère le soupçonnait même de la tromper, ce qui engendrait constamment les disputes à la maison et c'est moi qui en payais les frais.
J'avais hâte que l'école recommence pour pouvoir m'échapper un peu.
Au moins avec le temps que me prenait les pré-inscriptions, je pouvais trouver des excuses pour ne pas être constamment à la maison.
J'ai aidé Vicky à chercher une chambre et à déménager, donc avant la rentrée, elle était déjà prête.
Loin de moi le fait de l'envier, mais je rêvais aussi d'avoir également cette possibilité d'avoir mon espace à moi, être chez moi et disposé de mon temps à ma guise hélas.
Elle avait pris une chambre moderne de deux cents milles francs l'année et avec cent mille francs elle a acheté le nécessaire. Ce n'était pas du luxe mais au moins c'était agréable d'y vivre.
C'est son oncle qui avait tout payé, ce qui arrangeait sa femme car cette dernière ne supportait plus la voir chez elle.
Les tensions entre mes parents étaient de plus en plus palpables et j'avais l'impression que ma mère versait ses frustrations sur moi.
Elle me criait dessus à la moindre occasion et allait parfois jusqu'à m'insulter. Plusieurs fois je me suis retrouvée en train de pleurer toute seule dans ma chambre en me demandant ce que j'avais fait pour mériter une chose pareille !
Le plus souvent, ce qui me redonnait le sourire était les photos de mes différentes sorties à Douala, je ne pouvais pas les parcourir sans esquisser un sourire sur mon visage.
Les cours ont finalement débuté et j'étais à l'aise une fois que je quittais notre maison. Après les cours, quand j'en avais la possibilité, je rentrais avec Vicky chez elle où j'y faisais encore plusieurs heures avant de rentrer.
Avec le temps, je ne n'aimais plus rester près de ma mère, je ne supportais même plus de la voir. Elle m'avait rendu aigri et à cause d'elle je n'étais pas du tout heureuse, je lui en voulais pour ça.
À travers son comportement, elle avait réussi à nous pourrir la vie et c'était sûrement la raison pour laquelle mon père et elle ne s'entendaient plus.
Mon père n'avait pas changé uniquement avec ma mère, il avait également changé envers moi, je ne pouvais plus le voir autant qu'avant, il était toujours très occupé et ne supportait plus d'être à la maison car ses voyages devenaient de plus en plus fréquents et prolongés.
Ajouté à cela, j'avais des problèmes d'argent. Au début, de l'aide de ma mère, je n'osais même pas demandé et quand je réussissais à échanger avec mon père, il n'était plus aussi accessible qu'avant car pour lui, j'en demandais toujours trop tandis qu'il trouvait qu'il me donnait assez.
Mais pour moi ce n'était pas assez, j'avais besoin d'argent pour m'acheter des vêtements, des chaussures pour l'école, je ne m'étais pas mis de pression car je savais qu'au moment venu il allait tout gérer mais visiblement je me suis trompé.
Je venais tout droit du lycée et étant habitué à la tenue je n'avais pas grand chose à me mettre.
Je n'avais pas imaginé ma première année ainsi, je trimais pour m'en sortir sans compter les photocopies qu'il fallait faire tous les jours, il fallait également manger et en plus l'école était très loin, faire des navettes chaque fois d'awae pour SOA était très coûteux.
Un jour, j'ai mis tout mon ressenti contre ma mère de côté et je suis allée lui poser mes problèmes financiers, j'attendais d'elle au moins la compréhension car il s'agissait au moins de l'école et non des sorties qu'elle avait pour habitude de combattre.
Mais je m'étais trompé car elle avait trouvé que je me plaignais pour rien, ce qui m'avait fait regretter d'avoir demandé son aide, amplifiant ainsi mon aigreur vis-à-vis d'elle.
Un jour, j'étais à sec et je n'en pouvais plus de cette situation, c'est Vicky qui me donnait de plus en plus une aide financière alors qu'elle ne s'en sortait pas tellement. Je m'en voulais de lui infliger celà alors que mes deux parents étaient en vie et travaillaient tous les deux. De ce fait, j'ai décidé d'aller voir mon père à son bureau et je ne comptais pas sortir de là sans argent.
Quand je suis arrivée, il était occupé mais j'ai insisté pour le voir et finalement il m'a reçu.
__ Tu fais quoi ici Stella ?
Stella: je suis venue te voir.
__ Ça ne pouvait pas attendre ce soir ?
Stella : je ne suis même pas sûre que tu vas rentrer à la maison ce soir.
Oui, il lui arrivait constamment de découcher, ou de faire des voyages à l'improviste. Je lui ai posé tous mes problèmes et il ne prêtait pas vraiment attention à moi.
__ L'argent est dur à gagner Stella donc tu dois gérer le peu que je te donne avec sagesse.
Stella : je fais comment pour gérer si ce n'est pas assez !
Nous étions en train de discuter quand une jeune fille qui pouvait avoir mon âge est entrée dans le bureau et s'est dirigée vers lui.
__ Bonjour mon chéri !
Elle l'avait dit en lui faisant un bisou sur les lèvres. Et lui il avait affiché un air gêné.
Puis en me regardant elle avait demandé :
__ Tu ne me présente pas ?
Elle l'avait dit avec un regard dénigrant comme si elle avait peur que je sois sa rivale.
__ Cest...c'est ma fille.
Suite à cette phrase, son visage s'était illuminé.
__ Ok. Je suis venue chercher l'argent que tu m'as promis.
__ C'est vrai, je t'ai demandé de passer dans l'après-midi.
Devant moi, il a tiré son tiroir et a retiré une enveloppe et lui a remis, je ne sais pas la somme qu'il lui a donné mais c'était beaucoup.
Elle l'a embrassé et est ressortie toute souriante.
Puis il a retiré dix mille francs de son porte monnaie et l'a poussé vers mois en disant.
__ On se voit à la maison et ce que tu as vu ici doit rester entre nous sinon tu ne verras même plus mes cinq francs.
J'étais sous le choc, pas parce qu'il avait une maîtresse qui pouvait avoir mon âge, ça je m'en foutais complètement, ce qui me choquait c'était la facilité avec laquelle il lui donnait de l'argent mais pas à moi.
De retour à la maison, ma mère était au salon et je l'ai traversée en lui lâchant un bonsoir sec sans toutefois lui prêter attention.
Tout ce qui arrivait était uniquement de sa faute, avec son aigreur, elle avait réussi à semer le trouble dans notre famille et à me contaminer au passage, elle nous indisposait tout le temps en nous empêchant de profiter de la vie, donc je n'avais pas du tout pitié d'elle.
Au retour de mon père le soir, j'ai fait comme si de rien n'était.
Depuis ce jour il me donnait plus d'argent et constamment d'ailleurs, mais jamais autant qu'il avait donné à cette fille. J'étais sa fille donc je méritais qu'il me donne plus d'argent qu'à ses maîtresses, en réalité j'étais jalouse, très jalouse. En plus d'être jalouse, j'étais égoïste.
Plusieurs jours après, je réfléchissais à comment avoir plus d'argent de mon père car il avait assez d'argent pour combler tous mes désirs et ne pas le faire était uniquement un manque de volonté.
Lui faire du chantage était une mauvaise idée, sinon il pouvait me couper les vivres.
Je ne voulais plus me plaindre chez Rachelle car ce n'est pas comme si elle s'en sortait mieux que moi, j'étais une grande fille et je voulais de moi même trouver des solutions à mes problèmes.
Puis un soir, j'ai eu une idée, étant donné qu'il aimait les jeunes filles de mon âge et qu'ils leur donnait beaucoup d'argent:
Et si je réussissais à convaincre Vicky de le séduire afin qu'il nous donne de l'argent, nous allions partager et ça serait une collaboration gagnante - gagnante.
J'étais jeune, sans repère, avec une mère envahissante et un père absent, j'étais triste et livrée à moi-même, ce qui m'avait rendu égoïste et poussée à prendre cette décision donc je n'avais pas mesurer les conséquences…
