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Chapitre 6: Premières tensions

Alicia tapait sur son clavier, concentrée sur ses tâches du jour, lorsque la porte de son bureau s’ouvrit brusquement.

— Bonjour, mademoiselle Alicia. Demain, nous aurons une réunion importante. Je compte sur toi pour être vraiment à l’écoute et tout noter, lança Andrew d’un ton pressé, à peine entré.

Il n’attendit pas sa réponse, s’éclipsant aussi rapidement qu’il était venu. Alicia n’avait eu que le temps de murmurer :

— D’accord, Monsieur.

Elle resta figée un instant, son stylo à la main, observant la porte refermée. Pourquoi semblait-il si agité ? Son ton trahissait une pointe de nervosité inhabituelle, et son brusque départ la laissait perplexe.

Quelques heures plus tard, des documents sous le bras, Alicia se rendit au bureau d’Andrew. Il lui avait demandé ces papiers tôt le matin, mais son attitude étrange l’avait intriguée toute la journée. En s’approchant, elle entendit une voix grave derrière la porte entrouverte.

— Ça ne se passera pas comme ça. Je refuse, grogna Andrew, visiblement contrarié.

Alicia s’arrêta net. Elle déglutit et hésita. Il parlait seul, et son ton trahissait une colère sourde. Qui pouvait-il bien viser ? Que se passait-il pour qu’il soit dans cet état ?

Malgré ses doutes, Alicia frappa doucement à la porte et entra. Andrew était debout, dos à elle, regardant la ville à travers les immenses baies vitrées de son bureau. Il semblait perdu dans ses pensées.

— Bonjour, Monsieur. Voici les documents que vous m’avez demandés, dit-elle en avançant avec hésitation.

Pas de réponse. Il ne bougea même pas.

— Monsieur ? Monsieur ? répéta-t-elle un peu plus fort.

Il restait impassible, totalement absorbé. L’atmosphère dans la pièce était lourde, presque étouffante. Alicia sentait son cœur battre plus vite. Après une seconde d’hésitation, elle tendit la main pour toucher son épaule, dans l’espoir de capter son attention. Mais avant qu’elle ne l’atteigne, Andrew se retourna brusquement, les sourcils froncés.

— Que faites-vous ici ? lâcha-t-il d’un ton sec.

Le ton de sa voix, tranchant comme une lame, fit sursauter Alicia. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit immédiatement.

— Je… Vous m’aviez demandé ces documents ce matin, bredouilla-t-elle finalement, en les lui tendant avec une certaine nervosité.

Andrew posa ses yeux sur elle, son regard adouci par une lueur de conscience. Il sembla réaliser qu’il avait laissé son agacement prendre le dessus. Sa mâchoire se décrispa légèrement, et il se passa une main dans les cheveux, visiblement embarrassé.

— Merci, dit-il doucement en prenant les documents. Vous faites du bon travail. Vous pouvez retourner à votre bureau.

Il baissa légèrement les yeux, évitant son regard. Mais alors qu’elle faisait demi-tour, il ajouta d’un ton plus chaleureux :

— Attendez, Mlle Alicia. Je suis désolé pour mon ton tout à l’heure. J’ai été... distrait. Préparez-vous bien pour demain. La journée sera chargée.

La sincérité dans sa voix la surprit. Elle tourna la tête vers lui, et un léger sourire éclaira son visage.

— Merci de l’avoir reconnu, Monsieur, répondit-elle doucement avant de quitter la pièce.

Alors qu’elle fermait la porte derrière elle, Andrew soupira profondément et s’appuya contre son bureau.

— Ce sourire…, murmura-t-il en se passant une main sur le visage.

De retour à son bureau, Alicia s’assit lourdement sur sa chaise. Ses pensées tournaient en boucle autour de ce qui venait de se passer. Elle avait perçu une tension inhabituelle chez Andrew depuis le matin, mais le voir aussi perturbé était une première.

« Pourquoi s’est-il emporté comme ça ? Que peut-il bien traverser ? » se demanda-t-elle.

Pourtant, ce n’était pas uniquement son comportement étrange qui la troublait. Lorsqu’il s’était excusé, elle avait perçu une vulnérabilité inattendue, une facette plus humaine qu’il ne montrait jamais.

Le lendemain matin, Alicia montait les escaliers menant à la salle de réunion lorsque des éclats de voix attirèrent son attention. Elle ralentit instinctivement le pas, tendant l’oreille.

— Ce n’est pas possible ! tonna une voix qu’elle reconnut immédiatement : Andrew.

— Andrew, calme-toi, tenta une voix féminine plus posée, celle de Rachelle.

— Comment veux-tu que je me calme, hein ? Comment ? répliqua Andrew, sa voix pleine de colère. Que penserait mon père s’il voyait ça aujourd’hui ?

Une troisième voix, grave et calme, intervint alors :

— Andrew, écoute. Ce n’est qu’une mauvaise passe. Nous trouverons une solution.

Alicia s’arrêta à quelques pas de la porte entrouverte. Son cœur battait à tout rompre. Elle hésitait à entrer, redoutant de perturber une discussion manifestement tendue.

Après un moment de silence, elle prit une profonde inspiration et poussa doucement la porte.

— Bonjour, Monsieur Andrew. Bonjour, Madame Rachelle, dit-elle timidement.

Tous les regards se tournèrent vers elle. Son regard croisa celui d’un homme qu’elle reconnut aussitôt : c’était le mystérieux occupant du bureau 56.

— Bonjour, mademoiselle, répondit-il d’un ton neutre, ses yeux fixant les siens avec intensité.

— Alicia, voici monsieur Mathias, notre directeur financier, intervint Andrew. Il supervisera la réunion d’aujourd’hui.

Mathias inclina légèrement la tête, un sourire poli au coin des lèvres.

— Nous nous sommes déjà croisés, je crois, ajouta-t-il. Enchanté de vous revoir, Mlle Alicia.

— Ah oui ? répondit Andrew, levant un sourcil.

— Oui, elle a eu la présence d’esprit d’anticiper les présentations, répondit Mathias avec une pointe d’amusement.

— Alicia, prenez place, lança Rachelle d’un ton plus ferme. Nous commencerons bientôt.

Les trois quittèrent la salle, laissant Alicia seule à sa place. Elle s’assit, posant ses documents devant elle, mais son esprit était ailleurs.

Les éclats de voix qu’elle avait entendus, les regards échangés, la présence troublante de Mathias… Tout cela faisait naître une multitude de questions dans son esprit.

— Que peut-il bien se passer dans cette entreprise pour que tout le monde soit si tendu ?

Elle soupira, posant ses mains à plat sur la table pour calmer son esprit. Mais une autre pensée lui traversa l’esprit, plus dérangeante encore.

— Pourquoi ce monsieur Mathias me met-il autant mal à l’aise ?

La réunion s’annonçait sous tension, et Alicia sentait qu’elle était sur le point de découvrir des éléments bien plus complexes qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
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