une table pour quatre
Point de vue : Anastasie
De l’autre côté de la ville, loin de la maison tranquille de Myriam, une autre femme s’affairait dans sa cuisine.
Anastasie, la deuxième femme d’Idriss, alignait les couverts sur la table avec la précision d’une routine bien établie. Comme chaque soir, elle préparait le dîner pour quatre : elle-même, ses deux filles, et Idriss.
— Naomie ! Jade ! Venez mettre les serviettes ! lança-t-elle.
Naomie, l’aînée de 17 ans, sortit de sa chambre, l’air fatiguée. Elle rentrait du travail, encore en uniforme de l’entreprise où elle faisait un stage.
Jade, sa petite sœur de 14 ans, descendit avec un livre dans les mains.
— Tu peux poser ça cinq minutes, Jade ?
— C’est pour demain, maman… C’est le bac blanc.
— Je sais, mon cœur. Mais le dîner, c’est sacré. Tu sais comment est ton père.
Elles s’activèrent autour de la table, pendant qu’Anastasie retirait la marmite du feu. Un bon riz au gras, sa spécialité. Elle voulait que tout soit parfait. Idriss aimait que tout soit prêt quand il arrivait.
À 20h15, il entra. Costume légèrement froissé, mine sérieuse.
— Bonsoir la famille.
— Bonsoir papa ! crièrent les filles en chœur.
— Bonsoir mon amour, dit Anastasie en s’approchant pour l’embrasser.
Il l’embrassa à peine, distrait, puis alla se laver les mains sans un mot de plus.
Autour de la table, les conversations allaient bon train. Naomie parlait de son stage, Jade évoquait ses révisions, et Anastasie observait Idriss.
Il ne disait pas grand-chose. Il mangeait machinalement, le regard un peu ailleurs.
— Tu es fatigué ? demanda-t-elle en remplissant son verre.
— Oui. Très. J’ai une réunion tôt demain matin, chez un partenaire. Je ne dors pas ici ce soir.
Anastasie hocha la tête sans rien dire.
Elle savait.
Elle savait qu’il avait une autre femme.
Depuis des années.
Mais il lui avait toujours juré que c’était elle, sa préférée.
— Tu pars déjà ? demanda Jade, déçue.
— Demain, j’ai une journée chargée. Je dois partir à 6h.
— Mais tu reviens demain soir ?
— Je vais essayer, ma puce.
Il se leva, s’essuya les mains, puis embrassa ses filles. Il prit Anastasie à part, dans la cuisine.
— Merci pour le repas. C’était délicieux, comme toujours.
Elle sourit doucement.
— Tu vas chez elle ? demanda-t-elle à voix basse.
Il ne répondit pas. Il se contenta de la regarder avec ce même regard doux qu’il savait utiliser quand il mentait.
— Tu sais que c’est toi, Ana. Toi seule.
_ mais tu dors chez Elle?
— C’est pour éviter les complications. Mais mon cœur est ici. Tu le sais, non ? Elle ne sait même pas si tu existe Ana et si un fois l'apprendre tu sais de quoi elle est capable
Je une surprise pour toi demain matin
_ah bon? Vraiment ?
_oui bien-sûr
_ ce pour cela que je t'aime
-je t'aime aussi fort chérie
Elle baissa les yeux. Elle avait entendu cette phrase cent fois. Et pourtant, elle voulait y croire.
— D’accord. À demain.
— Inch’Allah.
Il sortit, refermant la porte doucement.
Anastasie resta un moment immobile. Elle sentit dans sa gorge un goût amer. Elle aurait voulu le retenir… mais elle savait que ce n’était pas possible.
Elle s’essuya les mains, puis rejoignit ses filles au salon.
— Allez, finissez vos devoirs, mes princesses.
Mais son sourire était faux. Derrière ses yeux brillants, un doute s’installait.
Et pour la première fois, elle se demanda si elle était vraiment la préférée…
Idriss dans sa voiture pour la maison reçoit un appel de sa femme Myriam
_oui mon amour
_ Chéri bonsoir
_bonsoir maman Oui je suis en route déjà Attend moi dans 10 minutes je serai là
_D'accord mon Mari que Dieu te protège
_Amen mon cœur
