l'aéroport du silence
Point de vue : Anastasie
— Allez les filles, bougez-vous ! lança Idriss en tapant dans ses mains.
— Il est quelle heure, papa ? demanda Naomie en courant vers sa chambre.
— Il est presque neuf heures. Vous devez être à l’aéroport dans moins de trente minutes !
Jade redescendit avec un petit sac à dos.
— Maman, tu veux que je prenne ta trousse de toilette aussi ?
Je hochai la tête, encore sous le choc. Tout allait trop vite. Mon cœur battait à cent à l’heure. Je regardai encore une fois l’enveloppe contenant les billets, posée sur la table, comme si elle allait s’envoler.
Je me levai enfin.
— D’accord. Je vais m’habiller. Idriss, tu peux aller charger les valises ?
— C’est déjà fait. J’ai mis deux sacs dans le coffre, il reste juste ta valise. Dépêche-toi, mon amour.
Je passai dans la chambre, m’habillai rapidement, le regard vide. Enfilai un pantalon noir, un chemisier beige. Rien d’extravagant. Je maquillai à peine mes cernes. L’émotion faisait déjà le reste.
— C’est bon ! On est prêtes ! cria Naomie depuis le bas de l’escalier.
— Tout le monde en voiture ! lança Idriss.
Je descendis, mon sac à main sur l’épaule. Idriss m’ouvrit la portière comme toujours. Un geste tendre, habituel. Mais cette fois, je ne savais plus s’il était sincère… ou bien rodé.
Dans la voiture, la radio jouait à peine, volume au minimum.
— Papa, t’es sûr que tout est prêt là-bas ? demanda Jade.
— Oui, mon ange. J’ai même fait livrer quelques meubles pour votre arrivée. Vous aurez un chauffeur qui vous attendra à l’aéroport.
— Et toi ? demandai-je sans détour.
— Je vous rejoins dans deux semaines. Je dois d’abord boucler mes contrats ici. Mais je vous appelle tous les jours. Et je vous enverrai l’argent nécessaire.
— Tu jures ? souffla Naomie, presque fragile.
Idriss se retourna un instant vers elle, la main sur son cœur.
— Je le jure sur Dieu. Vous êtes mes trésors. Jamais je ne vous laisserai.
Je restai silencieuse, la gorge nouée.
— Et après ? demandai-je doucement. Tu vas revenir ici encore ? Tu vas continuer ta double vie ?
Il ne répondit pas tout de suite. Puis, d’une voix calme :
— Là-bas, je veux me reconstruire. Avec vous. Loin des complications.
Je détournai le regard vers la fenêtre. Le mot "complications" sonnait comme une gifle envers l’autre femme. Myriam. La légitime. Moi, je n’avais que son amour en partage.
À l’aéroport, les au revoir furent brefs mais intenses.
— Fais attention à toi, Idriss, dis-je en le serrant dans mes bras.
— Toi aussi. Je t’appelle dès que l’avion atterrit.
Il embrassa les filles une dernière fois. Puis nous passâmes les contrôles, les battements de cœur plus forts que jamais.
Trente minutes plus tard, l’avion décolla.
Et Idriss, resté seul sur le trottoir de l’aéroport, regardait déjà sa montre.
Il avait encore une femme à rejoindre. Et d'autres mensonges à gérer.
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Souhaites-tu que la scène suivante montre Myriam découvrant une preuve (comme un reçu de l’agence de voyage, ou un appel manqué suspect) ? Ou préfères-
tu retrouver Aïshe, qui commence à douter du départ qui tarde à se concrétiser ?
Point de vue : Idriss
13h45 – Le hall de l'entreprise bourdonnait d'activité.
— Monsieur Idriss, interpella Sophie, sa secrétaire, en se levant de son bureau. Les représentants de GlobalTech sont arrivés et attendent dans la salle de conférence.
Il hocha la tête, ajustant sa cravate.
— Parfait, Sophie. Avez-vous préparé les dossiers que je vous ai demandés ?
— Bien sûr, ils sont sur la table, avec les projections actualisées.
— Excellent. Assurez-vous que personne ne nous dérange pendant la réunion.
— Bien entendu, Monsieur.
— Idriss, toujours un plaisir de vous voir, lança Lefevre avec un sourire.
— Le plaisir est partagé, Jean. J'espère que vous n'avez pas trop souffert du trafic en venant.
— Oh, vous savez comment est la circulation en ville. Mais parlons affaires.
Pause café – 16h30
— Allô, Idriss ? répondit-elle, sa voix douce apaisant instantanément ses tensions.
— Ma chérie, je voulais juste entendre ta voix. Comment se passe ta journée ?
— Rien de spécial. Je pensais à notre voyage...
Il soupira, passant une main sur son visage.
— Je sais, Aïshe. Écoute, j'ai une réunion importante en ce moment. On en parle ce soir, d'accord ?
— D'accord. Ne tarde pas trop.
— Je ferai de mon mieux. À plus tard.
18h30 – La réunion touchait à sa fin.
— Idriss, commença Lefevre, nous sommes satisfaits des termes. Mais nous aimerions une garantie supplémentaire concernant les délais de livraison.
Idriss, reprenant son masque professionnel, répondit avec assurance :
— Jean, notre réputation parle pour nous. Cependant, pour vous rassurer, nous pouvons inclure une clause pénale en cas de retard.
Lefevre échangea un regard avec Madame Dubois, puis acquiesça.
— Cela nous convient. Signons donc.
— À une prochaine collabor
ation fructueuse, lança-t-il en guise d'au revoir.
Point de vue : Aïshe
La pendule murale indiquait 18h45 lorsque j'entendis le bruit familier de la voiture d'Idriss se garer devant la maison. Mon cœur s'emballa légèrement, partagé entre la joie de le revoir et l'ombre persistante de notre voyage sans cesse reporté.
Je me dirigeai vers la porte, l'ouvris avant même qu'il n'ait le temps de frapper. Là, devant moi, se tenait Idriss, visiblement fatigué mais arborant ce sourire qui avait toujours su apaiser mes inquiétudes.
— Bonsoir, mon amour, dis-je en lui offrant un baiser tendre sur la joue. Tu dois être épuisé. Tu veux te rafraîchir avant de manger, ou préfères-tu passer directement à table ?
Il entra, posant sa mallette près du canapé, et soupira en défaisant le premier bouton de sa chemise.
— Juste manger, si ça ne te dérange pas. La journée a été longue, et je n'ai pas eu une minute à moi.
Je hochai la tête, masquant ma déception. J'avais préparé son plat préféré, espérant que cela allégerait l'atmosphère.
— D'accord, installe-toi. Je sers le dîner.
Pendant que je disposais les plats sur la table, le silence entre nous était palpable, chargé de non-dits. Une fois assis face à face, je pris une profonde inspiration et décidai d'aborder le sujet qui me pesait.
— Idriss, commençai-je doucement, cela fait plusieurs fois que notre départ est repoussé. Tu m'avais dit que tout était prêt. Que se passe-t-il ?
Il posa sa fourchette, me regardant droit dans les yeux, une lueur de tristesse mêlée de fatigue.
— Aïshe, je sais que c'est difficile pour toi. Pour nous. Il marqua une pause, cherchant ses mots. Cette réunion aujourd'hui était cruciale. Des contrats importants étaient en jeu, et je ne pouvais pas me permettre de partir sans les avoir finalisés.
Je baissai les yeux, jouant nerveusement avec le bord de ma serviette.
— Mais tu avais promis... murmurai-je.
Il tendit la main, couvrant la mienne avec chaleur.
— Je sais, et je tiens toujours à cette promesse. Mais comprends-moi, partir maintenant mettrait en péril tout ce que j'ai construit professionnellement. Il serra doucement ma main. Et puis, comment pourrais-je envisager de vivre loin de toi ? L'idée même de te savoir là-bas sans moi est insupportable.
Les larmes me montèrent aux yeux, mélange de frustration et d'amour profond pour cet homme qui, malgré tout, restait le centre de mon univers.
— Alors, que faisons-nous ? demandai-je, la voix tremblante.
Il se leva, contourna la table pour venir s'agenouiller à côté de moi, prenant mon visage entre ses mains.
— Nous attendons un peu, le temps que je stabilise la situation ici. Ensuite, nous partirons ensemble, comme prévu. Je te le promets.
Je fermai les yeux, laissant une larme solitaire tracer son chemin sur ma joue.
— D'accord, Idriss. Je te fais confiance. Mais ne me laisse pas trop attendre.
Il essuya délicatement ma larme du bout des doigts, déposant un baiser sur mon front.
— Jamais je ne te ferais attendre plus que nécessaire. Tu es ma vie, Aïshe.
Cette nuit-là, blottie contre lui, je tentai de chasser mes doutes, m'accrochant à ses paroles et à l'espoir d'un avenir commun
