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**CHAPITRE 07**

« Weston ? » La voix inquiète de Hazel brise mes pensées. Je détourne les yeux de Caspian pour les poser sur Hazel. « Je pensais qu’il était parti. »

*C’est ce que je pensais aussi…*

« Tu vas bien ? Weston est vraiment un… ugh. » Elle souffle bruyamment.

Un sourire s’étale sur mon visage tandis que Hunter éclate de rire. Hazel ne jure jamais, elle est pure comme la neige et n’a jamais prononcé un gros mot. Je savais qu’elle faisait un effort pour rester irréprochable parce que sa plus jeune quadruplet, Archer, jurait comme un charretier. Hazel détestait ça, ce qui explique pourquoi elle s’interdisait de jurer. J’admire tout chez Hazel.

*Je vais bien.*

« Parfois, j’aimerais tellement pouvoir te réconforter. » Hazel fait la moue.

Ses yeux montrent qu’elle veut me prendre dans ses bras, mais l’idée de son affection ne m’attire pas. Je l’aime, mais je ne veux toujours pas qu’elle me touche, je ne veux pas risquer de paniquer devant elle.

*Je vais m’en sortir. Je suis forte.*

« C’est vrai. » approuve Hunter d’un signe de tête, et je lui souris.

Hazel roule les yeux de façon amusée.

« Mais pourquoi Gnashton a-t-il agressé Weston comme ça ? Ils ne se sont jamais vraiment croisés avant. » Hazel attrape une frite et la donne à Hunter, qui l’engloutit immédiatement tout en passant un bras autour de sa taille fine.

Je hausse les épaules, fatiguée de cette conversation parce que moi aussi je suis confuse. L’incident a eu lieu pendant la première période, et deux périodes se sont écoulées depuis, mais je n’arrive pas à arrêter d’y penser. Mon cerveau commence à me faire mal à force d’inventer des scénarios sur les raisons pour lesquelles il a attaqué Weston.

Peut-être que Weston et Gnashton ont un conflit dont personne n’est au courant. Peut-être que Gnashton avait une petite amie que Weston lui a volée, mais je n’ai jamais vu Gnashton avec une fille. Peut-être que Gnashton n’a aucune raison valable et que le visage de Weston l’a simplement énervé. Tous ces « peut-être » sans qu’un seul ne fasse vraiment sens, à part le dernier, sur lequel je finis par m’arrêter parce que c’est le seul qui correspond vraiment à la personnalité de Gnashton.

« Qu’est-ce que tu comptes faire pour ton anniversaire ? » demande Hazel.

*Me cloîtrer dans ma chambre en binge-watchant « Friends » tout en m’empiffrant de Moon Pies. Je me lèverai juste pour aller aux toilettes.*

Hazel et Hunter parlent en même temps. Hazel dit :

« Ça semble solitaire. »

Pendant que Hunter dit :

« Ça, c’est un bon plan. »

Hazel regarde son compagnon et lui lance un regard. Ce n’est pas un regard noir, car Hazel n’est littéralement jamais en colère. C’est plutôt un regard du genre : « tu plaisantes, là », qui me fait sourire légèrement.

Avant que Hazel ne puisse me proposer de traîner avec elle, Easton, Eros et Hunter, la sonnerie retentit, nous libérant de la pause déjeuner pour la quatrième période. Je n’aime pas traîner avec de grands groupes de personnes. Socialiser, en général, est épuisant, même si je reste simplement assise. C’est difficile de suivre une conversation quand je dois rapidement écrire ce que je veux dire et le montrer à tout le monde. Parfois, le sujet change, et ce que j’ai écrit devient hors sujet, alors je finis par attendre pour intervenir, mais au final, ma main est crispée à force d’avoir écrit sans arrêt. J’ai abandonné l’idée de me faire des amis ou d’interagir dans de grands groupes. Et puis, être enfermée avec plein de gens dans une pièce, c’est déjà suffocant en soi.

C’est dans ces moments-là que je commence à réfléchir à ce « et si » que je m’efforce d’oublier. Et si je pouvais parler ?

Je secoue la tête et laisse échapper un profond soupir par le nez en me levant de la table ronde où je suis assise. Je ne traîne pas pour attendre Hazel et commence à sortir seule de la cafétéria, mais lentement, à cause de tous les élèves qui sortent en même temps.

La dernière période passe en un éclair. C’est cours d’art, mais c’est aussi la période la plus courte de la journée. Tout ce que j’entends encore et encore, ce sont les rumeurs à propos de ce qui s’est passé pendant la première période. Version après version, toutes sont différentes et bien loin de la réalité. J’en ai assez maintenant, mais ce n’est pas comme si je pouvais dire quoi que ce soit ou leur demander de se taire. Même si je pouvais parler, je n’aurais pas le courage de le faire.

Finalement, je sors par l’arrière de l’école et traverse le parking en cherchant le SUV rouge de Caspian. C’est lui qui m’a conduite à l’école, et il le fera toute l’année parce que j’ai peur de conduire. Mes parents adoptifs s’inquiètent de la petite taille de mon loup, parce que les petits loups se font souvent massacrer dans la forêt, donc ce n’est pas une solution pratique pour aller à l’école. Ils paient aussi Caspian, même s’il ne sait pas que je suis au courant. Elliot continue de me dire que Caspian m’apprécie, mais ce n’est pas vrai. Ce n’est pas grave, parce que moi non plus, je ne l’apprécie pas.

Je finis par le trouver. Il est appuyé contre la portière du côté conducteur de la voiture et parle avec un groupe de six personnes, dont quatre garçons et deux filles. Je rejette silencieusement la tête en arrière en grognant parce que je n’ai vraiment pas envie de croiser qui que ce soit. Je suis épuisée et je veux juste rentrer chez moi, manger et dormir. Je n’ai pas de devoirs, donc c’est le jour parfait pour ça, puisque le reste de l’année ne sera pas aussi tranquille.

Bon, voilà ce que je vais faire.

Je vais marcher jusqu’à sa voiture et me glisser sur le siège passager avant que quelqu’un ne me voie. Caspian parle sans fin, donc je ne rentrerai peut-être pas immédiatement, mais au moins, je n’aurai pas à attendre maladroitement à l’extérieur de la voiture pendant que ses « amis » me regardent comme si j’étais un insecte indésirable.

Ça semble être un bon plan.