Chapitre 7 : Les échos de Port-Sable
La nuit tombait sur Port-Sable, une ville portuaire située bien au sud de Rivemarine. Bordée par des falaises abruptes et une mer agitée, Port-Sable était un lieu où les légendes se mêlaient aux réalités. C’était aussi la dernière destination connue du Lune de mer, le bateau de Thomas. Ici, les vérités semblaient enfouies sous des couches d’ombres et de mystères, gardées par des personnes dont la seule présence suffisait à imposer un silence respectueux.
Les docks de Port-Sable étaient vastes, bien plus grands que ceux de Rivemarine ou de Valmont. Des conteneurs métalliques étaient empilés à perte de vue, et des bateaux gigantesques semblaient veiller sur les quais comme des sentinelles silencieuses. Pourtant, au milieu de cette activité, il régnait une atmosphère lourde, comme si chaque mouvement était surveillé.
Dans un bâtiment discret, situé à quelques pas des quais, une réunion avait lieu. C’était un endroit où seules des personnes triées sur le volet pouvaient entrer, et les portes étaient gardées par des hommes imposants vêtus de manteaux sombres. À l’intérieur, autour d’une table éclairée par une faible lumière, plusieurs individus étaient assis. Chacun portait une expression grave, leurs visages partiellement cachés par l’ombre. Ces figures mystérieuses semblaient être au cœur des opérations qui se déroulaient à Port-Sable, et leurs discussions portaient sur des sujets dont la confidentialité était primordiale.
— "Il y a eu des fuites à Valmont," dit l’un des hommes, sa voix basse et calme. "Nous devons nous assurer que cela ne se reproduise pas ici."
Un autre acquiesça, ses doigts tapotant le bord de la table avec impatience.
— "Le projet est trop avancé pour être compromis. Assurez-vous que personne ne pose de questions, surtout concernant le Lune de mer."
Une femme se tenait près de la fenêtre, son regard fixé sur l’extérieur. Ses cheveux noirs, marqués par quelques mèches argentées, reflétaient la lumière. Elle semblait hors du temps, immobile comme une statue. Quand elle parla, sa voix était douce, mais pleine d’autorité.
— "Nous avons déjà pris nos précautions. Mais il reste une inconnue."
Les regards se tournèrent vers elle.
— "La femme qui cherche des réponses. Élise."
Un murmure traversa la pièce.
— "Que savons-nous d’elle ?" demanda un homme assis à l’autre bout de la table.
— "Elle s’est rendue à Valmont. Elle a interrogé les mauvaises personnes. Et maintenant, elle s’approche de nous."
La femme se détourna de la fenêtre et se dirigea lentement vers la table.
— "Elle doit être surveillée de près. Si elle pose des questions à Port-Sable, nous devons agir avant qu’elle ne découvre quoi que ce soit. Mais souvenez-vous : il ne faut rien laisser au hasard. Chaque action doit être calculée."
Pendant ce temps, un autre homme, à des kilomètres de là, recevait un appel. Julien, celui qui avait parlé à Élise dans le hangar, écouta attentivement les instructions qui lui étaient données.
— "Port-Sable est le dernier bastion. Faites ce qui doit être fait pour éviter qu’elle n’aille plus loin."
Julien ne répondit pas immédiatement. Ses pensées étaient partagées, entre son devoir envers ceux qu’il servait et une étrange sympathie qu’il éprouvait pour Élise. Mais il savait qu’il devait jouer son rôle, et ce rôle était de veiller à ce que les secrets de Port-Sable restent enfouis.
À Port-Sable, la femme mystérieuse, que les gens appelaient simplement Margaux, se rendit sur les docks après la réunion. Elle observait les travailleurs charger des conteneurs sur un bateau imposant, ses yeux scrutant chaque mouvement avec précision. Margaux était une figure respectée, mais peu de gens savaient réellement qui elle était. Certains murmuraient qu’elle avait des liens avec des entreprises puissantes, tandis que d’autres prétendaient qu’elle était la gardienne des secrets du port.
Un homme s’approcha d’elle, portant un dossier sous le bras.
— "Tout est prêt," dit-il, baissant la voix. "Le bateau partira ce soir. Les documents ont été effacés, rien ne peut remonter jusqu’à nous."
Margaux acquiesça sans répondre, son regard toujours fixé sur l’horizon.
Un peu plus loin, dans une ruelle sombre, deux hommes surveillaient l’auberge où Élise avait choisi de loger. Bien qu’elle ne soit pas physiquement présente à Port-Sable, ses traces étaient visibles à travers les personnes qu’elle avait interrogées et les endroits où elle avait cherché des réponses.
— "Elle est dangereuse," dit l’un des hommes. "Elle ne devrait pas continuer à fouiller dans cette histoire."
— "Mais elle est tenace," répondit l’autre. "C’est le genre de personne qui ne s’arrête pas tant qu’elle n’a pas obtenu ce qu’elle veut."
Un silence s’installa, lourd et menaçant.
Plus tard, Margaux retourna dans son bureau, un endroit luxueusement aménagé dans les hauteurs de la ville. Elle ouvrit une armoire et en sortit une boîte métallique. À l’intérieur se trouvait une étoile en argent, similaire à celle que possédait Élise. Margaux prit l’objet dans ses mains, le contemplant avec une expression indéchiffrable.
— "Les étoiles ne mentent jamais," murmura-t-elle.
