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06

QUELQUES JOURS PLUS TARD

- C’est bon c’est bon laissez-moi ici !

Je m’adresse à la moto qui me conduit depuis la maison car je viens de reconnaître la voiture d’Arthur stationnée non loin du carrefour shell new-bell. Je sors d’une livraison de légumes. Et à peine quelques mètres de route que je descends déjà de la moto. Je lui donne quelques pièces

- Mon frère excuse-moi pour le désagrément. Finalement je m’arrête ici.

- Ok, pas de soucis

Je me mets à sillonner les environs et le trouve assis dans un bar miteux en train de boire, entouré d’hommes au passif visiblement inintéressant et au présent lamentable. Qu’est ce qu’il fout ici ? Il n’a pas bossé aujourd’hui ? Je rentre dans le bar

- Arthur ?

Il se retourne et me voit

- Tiens ! Les gars je vous présente ma reine mère !

Il est bourré ma parole ! Il n’est même pas 14h

- Oh La jeune mère bonjour ! Le père tu as du goût hein wow ! Dit l’un

- [L’ignorant] Arthur tu n’as pas bossé aujourd’hui ?

- [Il balance une main dans les airs] Je les ai envoyés bouler !

- [Je soupire] Viens rentrons

- Non ! Je suis bien ici !

- Arthur lève-toi ! Je te ramène à la maison !

- Fais pas chier femme ! Va-t’en d’ici ! Laisse-moi tranquille ! Je suis bien ici !

Je commence à comprendre que je n’obtiendrai rien de lui à cette allure. Je décide donc de rentrer. Il ne perd rien pour attendre quand il sera sobre il va m’expliquer ce qu’il entend par « je les ai envoyés bouler ! »

Arthur est revenu très tard dans la nuit et toute la maison empestait l’alcool et la cigarette. Je n’ai rien pu tirer de lui cette nuit-là. Tôt le lendemain matin, je dépose les enfants à l’école. Quand je rentre Anita est déjà affairée en cuisine. Depuis l’incident avec sa cousine, je n’ai plus pris d’employée pour m’aider je me contente d’Anita et de la fille qui vend pour moi au marché. Elle aussi de temps en temps vient m’aider à la maison. La voiture d’Henri est encore garée au garage

- Anita, Monsieur n’est pas sorti ?

- Madame je n’ai pas vu Monsieur depuis que je suis arrivée

- Hum. Ok

Je me dirige vers sa chambre et je cogne puis j’entre. Il est couché la couverture remontée jusqu’à sa tête et la chambre pue l’alcool. Je commence par aérer la pièce et il se met à rouspéter

- Rhoooo Fermez ces rideaux vite !

- Non Arthur ! Bonjour il est plus de 7h30 et tu es couché dans ce lit tu ne bosses pas aujourd’hui ?

- Sors Magguie je veux dormir

- Ensuite tu voudras sortir. Tout ça je ne sais pas ce qui t’arrive depuis quelques temps. Tu as perdu ton travail ?

- …..

- Arthur réponds-moi stp !

- Cesse de crier ! J’ai mal à la tête !

- Dans ce cas parle-moi ! Dis-moi ce qui se passe. As-tu perdu ton boulot Arthur ?

- Non ! Satisfaite ?! Maintenant laisse-moi me reposer !

- Si tu ne l’as pas perdu tu fais donc quoi couché là ? Et visiblement même hier tu n’as pas bossé.

- Pfffff ! Je crois que ça serait plus simple si je sors d’ici ! Vu qu’ici je ne peux pas dormir j’irai dormir ailleurs

- Je sais que la mère de ton enfant n’attend que ça. Vas-y !

Je suis sortie en claquant la porte !

Et comme il l’a dit quelques minutes plus tard j’étais en train de mettre un peu d’ordre au salon quand il est passé devant empestant du parfum pour chercher à chasser l’odeur d’alcool. Et c’est ainsi que la petite accalmie née il y’a peu de temps a vite fait place à cette situation ingérable.

(…)

Je surprends de plus en plus Arthur dans la ville et surtout dans des bars à tristes allures et à chaque fois je me dirige vers lui pour le ramener à la maison mais peine perdue ! Aujourd’hui tout particulièrement ça a généré une énième dispute

- Si c’est moi l’homme de cette maison je te dis que ton activité là tu vas l’arrêter !

- Mon ami tu rêves ! Que tu crois que je fais comment pour m’en sortir ?!

- Tu vas apprendre à te débrouiller avec ce que je te donne Madame ! Tu es là à courir les rues telle une vulgaire prostituée en te servant de ton histoire de livraison pour excuse !

- C’est parce que maintenant je te croise dans tous les bars de la ville que tu réagis comme ça ZOGO ? La honte ne t’a pas encore prise !

- Tu lèves encore une seule fois la voix quand je te parle et tu vas confirmer que je suis ZOGO fils d’EVINA. J’ai dit et c’est irrévocable que tu m’arrêtes toutes tes conneries de livraison là !

- Hum !

Je me suis levée et je suis sortie du salon très remontée. Arthur a complètement pété un câble. Oui ! Il ne sert à rien de discuter avec un fou. A-t’il perdu son travail ? Je ne sais pas. Mais il est dans les bars à longueur de journée. Nous sommes samedi donc sa présence à la maison ne prête presque pas à équivoque mais qui sait pour combien de temps il va nous faire grâce de sa présence ? Avec les enfants il n’a presque plus aucun rapport. Quand il revient ils dorment déjà quand ils partent il dort encore. Quand il est même à la maison les petits préfèrent jouer dehors sur la véranda ou encore dans leur chambre. Pour Honorée je suis énervante et exaspérante. Je dois demander le divorce, ceci n’est plus un mariage. Pour Alma je dois beaucoup prier. Je me doute que maman doit déjà être au courant par ses filles auprès de qui je me confie vu qu’elle a demandé à me voir aujourd’hui. Je m’apprête d’ailleurs et apprête les enfants. Lorsque nous sommes fins prêts nous sortons de la maison quand je l’accoste dehors, à la véranda

- Où allez-vous ?

- Chez maman

- Pour quoi faire ?

- Pardon ???

- J’ai dit pour faire quoi tu es sourde ?!

- Elle a demandé à me voir

- Tu ne bouges pas. Retournez à l’intérieur

- Tsiup ! Ce n’est pas juste papa ! Laisse-nous passer

Voilà Maî qui est rentrée dedans

- On ne t’a pas dit que quand les grands parlent tu dois te taire Maî ?! Va jouer avec ton frère à l’intérieur

- Non !

- C’est un ordre !!!

- Non !

- Je te déteste ! Maman, partons d’ici !

PAF ! La gifle d’Arthur est partie ; autant Maî que moi sommes choquée. Elle éclate aussitôt en sanglots. J’ai terriblement mal pour elle

- [J’ai envie de lui rendre cette gifle] Comment oses-tu ?! De quel droit ?

- Jusqu’à preuve du contraire je suis son père ! Elle me doit du respect

- Tu t’en es souvenu quand ? Seulement aujourd’hui ??

- MESSI je m’étais promis de ne jamais lever la main sur une femme. Ne me pousse pas à bout

Maî pleure de tout son soul suivi de Lloyd qui le fait sans doute en guise de soutien. Je prends mes enfants et nous allons dans notre chambre

- Chhhuuuutttt ! Là là ça va… Ne pleurez pas chuuutttt ! Lloyd toi tu pleures quoi ?

- Il a tapé Maî pourquoiaaaaaa ?

Et le concert reprend. Je porte chacun d’un côté de mon corps et le cale bien contre moi. Une bonne heure passe ainsi où ils finissent par somnoler. J’appelle maman.

- Allô Ma’a

- Oui ? Mais Magguie il est déjà 16h c’est comment vous ne venez plus ?

- [Voix qui tremble] Maman je suis fatiguée je te jure je veux partir d’ici…

- Ekie qu’est ce qui se passe ?

- Il m’interdit de venir chez toi !

- Comment ? C’est arrivé là-bas ? J’arrive !

Clic ! Elle a raccroché. Je sors de la chambre et je vais en cuisine faire l’inventaire de mon stock. Je vais guetter au salon et Monsieur est allongé sur son divan. Je piaffe dans mon cœur et je retourne en cuisine. Je prends mon téléphone et décide de lire une chronique sur facebook. Au bout d’un certain moment j’entends le petit portillon s’ouvrir. Ça doit être maman. Je me lève et vais voir il s’agit bien d’elle. Je viens l’embrasser sur le seuil de la véranda et nous entrons

- Magguie où est ton mari ?

- Au salon

- Ok. Suis-moi

Nous allons au salon et Arthur jusque là allongé se lève à la vue de maman et viens l’embrasser comme si de rien n’était. Elle prend place sur un fauteuil non loin de lui

- M. ZOGO je ne vous vois plus !

- Ma’a c’est la vie qui me gère…

- Ça te gère au point où tu négliges ta belle-mère mon fils ? Comment tu vas ? Et le boulot ?

- Je suis là…

Silence

- J’avais rendez-vous avec ta femme et vos enfants aujourd’hui je me suis fatiguée de les attendre alors je suis venue à leur rencontre

- Non c’est ma faute. C’est moi qui les ai retenus

- Pourquoi tu dis ça poliment comme ça Arthur ? Tu nous as interdit d’y aller nuance !

- Hum !

- Magguie ce n’est pas comme ça que tu dois parler à ton mari

- Dis-lui bien Ma’a c’est comme ça ici tous les jours !

- Que tu habites d’abord ici pour que ça soit ainsi tous les jours ?! Irresponsable comme ça ! Tu viens de battre ta fille parce qu’elle t’a manifesté ton mécontentement comme tu as refusé qu’on aille chez ma mère. Tu n’es que source de terreur et de frustration dans cette maison tu fais même quoi ici un samedi en pleine journée ? Tu ne te sens pas toi-même mal à l’aise ? Il faut repartir où tu pars souvent !

- [Maman] Mme ZOGO Margareth tais-toi un peu ! Tu parles trop ce n’est pas bon.

- Merci Ma’a toi-même vois ce que j’endure ici

- Ah ka pardon excusez ma vie ! C’est même parce que tu es là que je peux m’exprimer nous sommes ici on nous interdit même de tousser !

- Magguie je n’aime pas ça ! Arrête de mentir sur mon compte !

- ZOGO c’est ce que tu dis maintenant pour faire bonne figure devant ma mère n’est ce pas ? Je vais faire installer des caméras dans cette maison. Tu verras !

- Bon c’est assez ! Je ne suis pas venue faire la juge dans votre ménage. Je constate avec désolation que vous avez un gros problème de communication. Et cette atmosphère nuit énormément aux enfants. Au besoin prenez un peu de distance de tout. Confiez-moi les enfants et allez en week-end tous les deux ? Je garderai les enfants.

- Je ne veux pas Maman ! Je ne veux plus me retrouver seule avec lui. Je suis fatiguée d’être frustrée et brimée

- Tu vois alors Ma’a ?

- Magguie… Le mariage n’est pas un lit douillet. Tu as choisi cette voie il faut vivre avec ses aléas et ses bons moments. Vous traversez une période difficile c’est à vous deux et seulement à vous deux que revient la charge de la surmonter mais à personne d’autre.

- Maman je suis fatiguée. Je ne veux plus. Tu n’as pas idée de tout ce que je subis ici dedans

J’ai déjà la voix enrouée et les yeux larmoyants. Ça y’est ! Je pleure ! J’étale ma faiblesse. Chose que je déteste par-dessus tout !

- Il reste encore 3 semaines de classes Magguie. Dès qu’ils prennent les bulletins envoyez les moi quelques temps et retrouvez-vous un peu tous les deux. Tu as compris ma fille ?

- Hum….

- Tu as compris ???

- Oui maman

- Ok. Bon je vais les voir un peu

- Ils dorment Ma’a

- C’est pas grave mon fils. Tant que je les vois ça me suffit

Elle est sortie de la pièce et nous a laissé seuls. Je me suis aussitôt levée

- Reste un peu Magguie…

- Non !

Je l’ai dit avec toute la force que j’avais ensuite je me suis précipitée à la cuisine pour aller y laisser libre cours à mon chagrin. Quelques minutes plus tard, c’est Arthur lui-même qui s’est proposé de ramener ma mère à domicile. Il revient ensuite et insiste pour emmener toute sa famille prendre des glaces. Lloyd a tôt fait d’oublier. Normal ce n’est pas lui qui s’est pris la claque. Mais Maî c’est bien de moi qu’elle tient. Elle a la rancune tenace. Elle ne desserre pas la bouche. Peu importe les tentatives de rapprochement de son père. Les hommes ne comprendront jamais les femmes. Arthur est bien de la trempe qui se dit que si on a mangé et on a bu c’est que tout va bien. Maî aura une très forte personnalité. Ça se voit d’ici là.

Quelques jours plus tard, Arthur m’annonce que sa mère va venir séjourner quelques temps avec nous. Elle serait malade. Elle a dû venir à Douala pour suivre des soins approfondis. Je ne sais pas pour quelle raison elle n’est pas allée chez sa fille Ange à Makepe ou bien chez Mélanie de Yaoundé. Bref, elle se pointe et je dois donc faire bonne figure et retourner dans ma chambre conjugale et lui céder le lit que j’occupais chez les enfants. J’aurais souhaité une maison plus grande. Comme ça les malades auraient leur pièce à eux. Voilà que mes enfants partagent la même chambre qu’une malade. Arthur est redevenu normal. Mais je suis sur mes gardes. Je suppose que c’est pour la circonstance. Il sort tous les matins et rentre tous les soirs de bonne heure.

Sa mère et moi n’avons jamais vraiment été de superbes amies mais on n’est pas non plus ennemies. Je lui envoie des paquets de temps en temps là-bas à NLONG en fonction de mes moyens. Mais depuis qu’elle est là je suis tendue. Quand le repas n’est pas trop fade (son médecin a demandé qu’elle mange peu de sel pas de cube pas d’huile peu de tubercule), c’est que sa tasse de lait est trop chaude. Ou bien elle n’aime pas quand on découpe ses fruits de la sorte et j’en passe. Elle a confisqué la télé et s’assoit à longueur de journée devant TB Joshua. . Dieu merci Maî et Lloyd partent chez ma mère dans 2 jours. Ils ont hâte, j’ai hâte pour leur sécurité sanitaire surtout, bien qu’ils me manqueront. Maman Téclaire serait une diabétique en surpoids. Son mari Papa Jean est resté au village à se faire gérer par ses neveux et nièces sur place. Tous les soirs, mère et fils s’attablent devant le journal de 20h00 sur la crtv en dînant des fois je débarrasse et je viens leur tenir compagnie d’autres je m’enferme dans ma chambre et leur laisse un peu d’intimité.

Ce matin je fais le grand ménage dans les deux chambres. J’ai pratiquement tout déplacé dans la nôtre la quantité de poussière que j’en sors risque de me créer un rhume je le sens. Je grimpe même sur le lit pour essayer de faire descendre les sacs en haut de l’armoire et d’y passer mon balai entre deux sacs une enveloppe qui est en train de perdre sa couleur tombe sur le sol.

- Ah ka !

Je nettoie le haut au calme avant de descendre du lit et la récupérer afin de la ranger dans l’un des sacs et de les remettre en haut mais elle porte le sceau d’un laboratoire d’examen médical.

- Tiens donc ! Ce sont les examens de qui ?

J’ouvre l’enveloppe et je remarque qu’elle porte une date récente et elle est au nom d’Arthur.

- Non !

Elle m’échappe des mains et se retrouve en même le sol. Mes jambes cessent de me porter et je me m’assois lourdement sur mon lit

- Dieu Non ! Tu ne peux pas m’abandonner non !

Je lis et relis le papier que je tiens de mes mains tremblantes entre mes mains : mon mari ne peut pas m’avoir fait ça !

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