
Résumé
On croit toujours que les liens du sang sont simples. Qu’aimer une sœur c’est naturel, qu’obéir à ses parents, c’est honorable. Et qu’accepter un sacrifice c’est un acte d’amour. Mais ce que personne ne dit, c’est que certains sacrifices changent une vie. Qu’une seule promesse peut briser un cœur, et que parfois, à force de vouloir bien faire on s’oublie complètement. Je m’appelle Maya Zanda. J’ai vingt trois ans, je suis diplômée en droit économique. Je suis réservée, timide, discrète. Et il y a un mois, j’ai accepté de remplacer ma sœur jumelle Mira dans son mariage arrangé. Personne ne sait que ce n’était pas elle ce jour-là, sous le voile, devant l’autel. Personne ne sait que c’est moi qui ai dit « oui » à Daril Binar, ce chirurgien-dentiste de trente ans qui croit avoir épousé une autre femme. Je pensais que ce serait temporaire. Je pensais que c’était pour elle, pour nos parents, pour préserver l’honneur. Je ne savais pas que dans le silence naîtraient des sentiments. Que dans le mensonge pousserait l’amour. Je suis entrée dans la vie d’un homme en empruntant le nom d’une autre. Et aujourd’hui je ne sais plus comment en sortir.
Chapitre 1
_________DARIL__________
— Alors, le mariage, c’est pour quand ? me demande Chris, l’air désabusé.
— Dans un mois, je réponds calmement.
— Je ne comprends toujours pas pourquoi tu fais ça.
— J’ai trente ans Chris. Il est temps que je me pose. Mira me plaît. Et puis je le fais aussi pour mes parents.. Ils rêvent de tenir leurs petits-enfants dans leurs bras.
— Tu n’es plus un gamin, Daril, ça je le sais. Mais je doute que Mira soit la bonne.
— Et pourquoi donc ?
— Primo, tu ne l’aimes pas. Deuxio, elle est aussi hautaine qu’un trône d’or. Elle ne sera jamais une femme docile.
— Elle me plaît, c’est déjà un bon début. L’amour viendra avec le temps. Quant au reste.. je pense pouvoir la dompter.
— Le mariage n’est pas un jeu mec. Réfléchis encore..
— Facile à dire pour un mec qui trompe sa femme, non ?
Dis-je en esquissant un rire.
— Ce n’est pas la même chose.
— Ouais c’est ça..
Vous êtes sans doute un peu perdus ? Je vous explique. Je m’appelle Daril Binar, je suis stomatologiste, autrement dit chirurgien-dentiste, pour ceux qui ne le sauraient pas. Il y a une semaine, j’ai demandé Mira en mariage, une fille avec qui je sors depuis un an. Et elle a dit OUI.
Je ne suis pas amoureux d’elle, pas encore du moins. Mais elle est belle, intelligente. Le hic ? Son arrogance, elle se prend pour le centre du monde. Son père est stable financièrement, et elle agit comme si tout lui appartenait. Mais au fond, c’est une bonne fille, du moins je le crois.
Chris, mon meilleur ami depuis le collège, était passé me voir au cabinet. Il est comptable, marié, et parfois un peu trop honnête. On a encore discuter une trentaine de minutes et il est parti. La nuit tombée, j’ai quitté mon bureau et suis rentré chez moi.
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________MAYA_________
Bonsoir. Je suis Maya Zanda, 23 ans. Je viens de terminer mes études en droit économique. En ce moment, je cherche un bon cabinet pour y faire mes premiers pas. Je suis encore une débutante, et j’aimerais apprendre auprès de quelqu’un d’expérimenté.
J’ai une sœur jumelle : Mira. Nous sommes les seules enfants de nos parents. Mira a étudié le marketing de direction. Elle va se marier dans un mois.
Nous n’avons pas vraiment les mêmes affinités. Ce n’est pas qu’on ne s’entend pas.. disons qu’on ne se ressemble pas. Mira adore faire les fêtes : boîtes de nuit, sorties entre copines, et bruit. Moi, je préfère le calme.
Je suis timide depuis toujours. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’ai choisi le droit pour apprendre à prendre la parole. Mais hélas, la timidité me suit comme une ombre. Peut-être est-ce dans ma nature. Je parle peu, je garde tout pour moi. Ce que je n’ai pas encore dit.. vous le découvrirez au fil de l’histoire.
Il est 19h30. Je rejoins mes parents dans la salle à manger. Mira n’est pas encore rentrée.
— Maman, où est Mira ? demandai-je en m’asseyant.
— Elle m’a dit qu’elle sortait avec ses amies.
— Elle va bientôt se marier, dit Papa d’un ton sec. Il faut qu’elle arrête tout ça.
— Elle est jeune, laisse-la s’amuser, répondit Maman avec douceur.
— Et Maya n’est pas jeune peut-être ?
Maman se tut. Le reste du repas se déroula dans un silence un peu pesant. Après avoir mangé, j’aidai Mamia, notre bonne, mais aussi ma nounou de toujours, à débarrasser la table.
Plus tard, nous étions tous au salon, absorbés par les informations du soir. Le silence s’était installé jusqu’à ce qu’on entende la porte s’ouvrir.
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________MIRA________
Je suppose que vous savez déjà qui je suis. Inutile de me représenter. Ce soir-là, j’étais au restaurant avec mes copines. On riait, on parlait de tout et de rien, quand trois mecs sont venus vers nous.
— Salut, jolies demoiselles, lança l’un d’eux.
— Salut, répondîmes-nous en chœur.
— On peut se joindre à vous ? demanda un autre.
— Ça dépend de ce que vous avez à nous dire, répondit Rosy, l’une de mes amies, en souriant.
Ils s’installèrent face à nous. On a commencé à discuter. Ils étaient sympas. Mais l’un d’entre eux, le troisième, avait ce petit truc, son regard, son sourire.. Je ne saurais l’expliquer. Il me plaisait. Et je voyais bien que c’était réciproque.
On sortit tous ensemble du resto. En arrivant au parking, il me prit à part.
— J’ai préféré qu’on s’éloigne un peu, dit-il. J’espère que ça ne te dérange pas ?
— Non, répondis-je, un peu froide.
— Je ne vais pas tourner autour du pot. Tu me plais beaucoup. Et je voulais juste savoir si j’avais une chance.
— Sérieux ? On vient à peine de se rencontrer.
— Je sais. Je ne te demande pas de sortir avec moi, juste la permission d’essayer de te séduire.
— J’aime ta franchise.
— Alors ?
— On en reparlera, dis-je avec un petit sourire.
Il me donna son numéro, je fis de même. Puis, nous rejoignîmes les autres.
C’est le sourire aux lèvres que je franchis le seuil de la maison familiale.
— Bonsoir la famille ! lançai-je joyeusement.
— Où étais-tu ? gronda Papa.
— Sortie avec mes amies, répondis-je en m’asseyant près de Maya.
— C’est la dernière fois que tu fais ça.
— Mais Papa..
— Il n’y a pas de mais qui tienne. J’espère que tu m’as bien comprise.
Il se leva et quitta la pièce, s’enfonçant dans le couloir menant à leur chambre.
Je sentis ma bonne humeur s’effriter. Cette maison allait finir par étouffer mes envies.
