

Histoires


GEORGE ET DAVID
PROLOGUE : GEORGE ET DAVID Ils étaient nés la même nuit, à quelques minutes d’intervalle, sous une pluie battante et des prières ferventes. Deux enfants, deux cris, deux vies tissées ensemble dès le premier souffle. George et David. Leur mère, une femme pieuse au regard doux, les tenait serrés contre elle comme deux lampes précieuses que Dieu lui avait confiées. Leur père, homme d’église droit et discret, les bénit dès leur premier jour, murmurant : "Qu’ils marchent ensemble, toujours." Et ils le firent. Enfants de bancs d’église, nourris de versets, de jeûnes, de chants et de veilles de prière. Ils grandirent comme des sœurs jumelles dans une même robe d’innocence, les pas toujours synchronisés, les cœurs accordés au même rythme sacré. Mais personne ne dit jamais ce que devient une flamme quand elle commence à envier l’éclat de l’autre. Personne ne prévient que dans le silence des louanges peut se glisser une voix ancienne, douce, tentante — promettant la gloire en échange de l’oubli de soi. Là où David s’enracina dans la foi comme dans une terre familière, George commença à regarder ailleurs. À questionner. À désirer. Ce qui était suffisant pour l’un devint insuffisant pour l’autre. Et un jour, sans bruit, quelque chose bascula. Une main invisible fut tendue à George. Il ne la saisit pas tout de suite. Mais il l’avait vue. Il y pensa. Il y revint. Et quand il céda, il le fit sans bruit, sans aveu, sans retour. Le feu qu’il reçut n’était pas saint. Mais il brillait. Et c’était tout ce qu’il cherchait. Ce récit est celui d’un pacte. Mais aussi d’un frère. D’un combat. Et d’un retour. Car même dans les ténèbres les plus épaisses, il existe parfois un fil de lumière, tendu par une main fraternelle.


MA MEILLEURE AMIE
PROLOGUE: MA MEILLEURE AMIE Elle est entrée dans ma vie comme un rayon de soleil dans une pièce trop sombre. À l'époque, on n’avait que dix ans, les genoux écorchés et les rêves encore flous. Elle m’a souri, tendu la main, et depuis, je ne l’ai plus jamais lâchée. Enfin… pas vraiment. Elle, c’est Emma. Ma meilleure amie. Mon évidence. Celle qui connaît mes silences, mes humeurs, et même mes pensées les plus enfouies. Celle qui débarque chez moi à minuit juste pour pleurer en pyjama, ou pour rire d’un vieux souvenir. Elle est tout ce que j’aime chez une personne, et tout ce que je n’ai jamais osé espérer pour moi. Je l’ai vue tomber amoureuse cent fois. J’ai vu ses yeux briller pour des hommes qui ne la méritaient pas, des inconnus que je ne supportais qu’en silence, pour elle. Je les ai regardés entrer dans sa vie avec des promesses creuses, et en ressortir en laissant des blessures que c’est moi qui ai dû panser. Elle me parle de ses rendez-vous, de ses peurs, de ses espoirs. Elle me demande ce que je pense de sa robe, de son sourire, de sa vie… et moi je mens. Je dis qu’elle est magnifique – parce qu’elle l’est – mais je ne dis jamais que je l’aime. Pas comme un ami. Pas comme un frère. Je l’aime avec cette douleur douce qui serre la poitrine, cet amour silencieux qui s’abrite dans les regards qu’on évite, dans les mots qu’on ne dit jamais. Je suis le pilier discret, l’ombre derrière sa lumière, celui qu’on oublie dans les génériques, mais sans qui l’histoire ne tient pas. Et si elle savait ? Si un jour elle ouvrait les yeux ? Est-ce qu’elle reculerait ? Est-ce qu’elle fuirait ? Ou bien… est-ce qu’elle pourrait m’aimer aussi ? Depuis toujours, elle est là. Son rire, ses silences, ses chagrins, je les connais par cœur. Elle entre dans une pièce et tout s’illumine, même quand son cœur est en ruines. Moi, je reste dans l’ombre, le confident, l’ami fidèle, celui qui la ramasse quand les autres la brisent. Elle aime les mauvais garçons, ceux qui ne voient en elle qu’une escale. Elle les laisse entrer, elle les laisse partir, et moi… je reste. Je la regarde tomber, se relever, sourire à nouveau, sans jamais voir que l’amour qu’elle cherche si désespérément… je le porte pour elle, depuis toujours. Mais comment lui dire, sans risquer de la perdre ? Comment avouer qu’au fond, chaque larme qu’elle verse me tue un peu plus ? C’est l’histoire de ma meilleure amie. Et peut-être… de l’amour que je n’ai jamais su lui avouer.